MATCH OM-QARABAG FK : QUAND LE SPORT L’EMPORTE SUR L’EXTRÉMISME
Paris / La Gazette
Ce Vendredi 18 février, l’annonce du match de barrage aller de la Ligue Europa Conférence, opposant, au stade Vélodrome de Marseille l’OM à l’équipe azerbaïdjanaise Qarabag FK avait, suscité, auprès de la presse française, sportive exceptée, un intérêt qui n’avait pas grand chose à voir, hélas, avec le sport.
Avec ses 100 000 membres, la communauté arménienne de Marseille est, dans la ville, une force qui compte, surtout en cette période électorale. Les associations de soutien aux indépendantistes s’étaient exprimées fortement, en menaçant de perturber le match.
Du côté azerbaïdjanais, on a préférer appeler au calme, comme le publiait le un supporter du Qarabag FK sur Facebook :
«Nous devons gagner, non seulement en tant qu’équipe, mais aussi pour notre unité nationale, pour nos valeurs nationales. Sans aucun doute, il y aura des gens mal intentionnés dans le stade, mais il ne faut pas faire attention à leurs actions extrémistes»,
Finalement, hormis quelques drapeaux arméniens dans les tribunes, il n’y a pas eu d’incident . La disposition des tribunes choisie par les responsables du stade, mais aussi la qualité du spectacle sportif a encouragé les uns et les autres à garder raison et à simplement apprécier cette très belle rencontre.
Même Armenews, le magazine online dirigé par l’ancien représentant de l’ASALA en France, Ara Toranian, s’en est étonné : « Curieusement, aucun drapeau azéri dans le stade… »
3-1 : l'OM l'emporte difficilement face à un excellent Qarabag FK
Les joueurs marseillais savaient qu’ils avaient à affronter une équipe de qualité, et leur pronostic ne s’est pas démenti.
Les phocéens ont été dominés pendant la presque totalité du match, et s’ils ont fini par remporter la rencontre, c’est grâce à l’excellente performance de ses deux joueurs, Arkadiusz Miilk, qui a réussi un magnifique doublé à la 41ème et v44ème minute, et Dimitri Payet qui a mis le coup de grâce en fin de match, pendant les arrêts de jeu.
Mais les azéris ont souvent bousculé la défense marseillaise, s’offrant de nombreuses occasions de buts, parfois manquées d’un rien, comme cette frappe puissante de Ozobic à la 51ème minute qui est venue heurter le montant gauche du gardien OM Mandanda.
Malgré tout, Kady réussit à marquer pour les azerbaïdjanais un superbe but à la 85ème minute.
La seconde période a d’ailleurs été à sens unique en faveur du Qarabag, et le but ultime de l’OM ne reflète pas la réalité du match sur le terrain.
C’est d’ailleurs ce que reconnait Jorge Sampaoli, entraîneur de l’OM, à l’issue du match : « Ça a été compliqué. En première période on n'a pas bien joué et en deuxième on n'a pas joué du tout. C'est un match où nous avons été dominés collectivement. Je n'ai pas été surpris, on connaissait assez bien cette équipe. Elle a des joueurs internationaux, un très bon jeu collectif. On le savait et ce soir on a été dépassés. Sans notre efficacité, le résultat aurait été différent. Il y a de la tristesse pour le but encaissé mais Qarabag a mérité de le marquer. »
Le match retour jeudi 24 à Bakou promet de nouvelles sueurs froides aux joueurs français.
Une équipe emblématique
Le Qarabag FK a été fondé en 1951 à Aghdam, la ville fantôme, (« L’Hiroshima du Karabakh ») totalement rasée lors de l’occupation arménienne,. A l’entrée des troupes arméniennes , il a dû déménager en 1993 à Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. Plusieurs fois championne d’Azerbaïdjan, le Qarabag FK s’illustre régulièrement dans les compétitions internationales par la qualité de son jeu.
L’équipe possède en son sein un joueur français, Abdellah Zoubir, qui a exercé au Racing Club de Lens avant de rejoindre le club azerbaïdjanais en 2018
Son origine fait évidemment du Qarabag FK une équipe emblématique pour l’Azerbaïdjan, qui voit en elle le symbole de la résistance, puis de la résurrection de sa province du Karabakh, et un repoussoir pour les séparatistes arméniens qui y voient comme un miroir de leur échec.
Mais ce jeudi, il y a eu un grand vainqueur : le sport. Et si l’Azerbaïdjan et l’Arménie doivent encore s’affronter, souhaitons que ce ne soit que sur l’herbe des stades.
