LA FAO DÉVOILE LES STATISTIQUES ALARMANTES SUR LA FAIM
Paris / La Gazette
Beth Bechdol, Directrice générale adjointe de la FAO, a souligné que 733 millions de personnes dans le monde souffriraient de la faim en 2023, Gaza subissant l'une des crises alimentaires les plus aiguës jamais enregistrées.
Créée sous l'égide des Nations Unies après la Seconde Guerre mondiale, la FAO a été fondée le 16 octobre 1945 pour relever les défis de l'alimentation, de la nutrition et de l'agriculture. Depuis 1979, cette journée est célébrée comme la "Journée mondiale de l'alimentation". Ce jour-là, la FAO organise des débats sur les questions mondiales liées à l'alimentation et à l'agriculture, le thème de cette année étant centré sur le droit humain à l'alimentation.
Dans un entretien écrit avec l'agence de presse turque Anadolu, Mme Bechdol a souligné la gravité de la faim dans le monde, en particulier dans les zones de conflit comme Gaza, le Soudan, Haïti et l'Ukraine.
"En 2023, environ 733 millions de personnes souffriront de la faim. Cela équivaut à une personne sur onze dans le monde et à une personne sur cinq en Afrique. C'est inacceptable", a-t-elle lancé. "Près de la moitié de la population mondiale ne reçoit pas les nutriments dont elle a besoin pour se développer et, dans certains cas, pour survivre. Le droit à l'alimentation est un droit humain fondamental et une responsabilité collective. Nous devons faire mieux."
Mme Bechdol a identifié les conflits, la crise climatique et les chocs économiques comme les principaux facteurs de la faim, qui fragilisent encore davantage les populations vulnérables.
En ce qui concerne Gaza, elle a souligné la dévastation causée par plus d'un an d'attaques israéliennes : "Nous sommes tous conscients de la gravité de la situation à Gaza, où 96 % de la population se trouve en phase 3 de l'IPC et au-delà, c'est-à-dire en situation de crise, d'urgence et de catastrophe, en raison d'une insécurité alimentaire aiguë, selon le dernier IPC publié en juin. Plus de 2 millions de personnes souffrent quotidiennement de la faim".
Elle a ajouté qu'une évaluation récente réalisée par le Centre satellitaire des Nations unies a révélé que les terres agricoles de Gaza avaient subi d'importants dégâts.
"Selon notre évaluation, au 1er septembre 2024, plus des deux tiers des terres cultivées de Gaza auront été endommagées. L'étendue de tous les dommages soulève de sérieuses inquiétudes quant au potentiel de production alimentaire actuel et futur, car l'aide alimentaire ne peut à elle seule répondre aux besoins quotidiens (tant en termes de quantité que de qualité nutritionnelle) de la population de Gaza".
Mme Bechdol a insisté que la paix est essentielle pour garantir la sécurité alimentaire, affirmant que sans paix, la stabilité de la production alimentaire ne peut être atteinte
"Au Soudan, le dernier conflit a transformé une crise humanitaire en une véritable catastrophe, confirmant les conditions de famine dans certaines parties du Darfour. La FAO appelle instamment à la cessation immédiate des hostilités, l'intensification rapide de l'aide alimentaire, nutritionnelle et en espèces, ainsi que de l'aide agricole d'urgence", a-t-elle dit.
Selon elle, le Soudan est très dépendant de l'agriculture, près de 65 % de sa population travaillant dans ce secteur. "La production céréalière est inférieure de 46 % à celle de l'an dernier et les réductions atteignent jusqu'à 80 % dans le Grand Kordofan/Darfour, et l'échec total dans le Darfour occidental. Malgré un contexte extrêmement difficile, au 29 août, la FAO a distribué à plus de 1,97 million de personnes des semences de céréales hautement nutritives qui leur permettront de produire suffisamment de nourriture pour une famille de cinq personnes pendant 12 mois".
Mme Bechdol a conclu en soulignant le besoin urgent d'efforts internationaux pour lutter contre la faim et soutenir les régions touchées.
