CARBON LIMITS ANALYSE LES PERSPECTIVES DU MARCHÉ DU CARBONE SUR FOND DE COP29
Paris / La Gazette
Le développement du marché du carbone (l'un des sujets clés de la prochaine COP29) pourrait permettre aux compagnies pétrolières et gazières du monde entier de générer des revenus pouvant être dirigés vers des solutions technologiques aux émissions de gaz à effet de serre, selon la conseillère en chef de la société norvégienne Carbon Limits, Anastasia Isaenko.
"L'article 6 de l'Accord de Paris sur le changement climatique reflète le développement du marché international du carbone. En réalité, cet article ne fonctionne pas, et l'harmonisation complète de tous les alinéas de l'article 6 fait l'objet de négociations à Bakou. Si les négociations aboutissent, le marché du carbone se développera pleinement, ce qui permettra aux compagnies pétrolières et gazières de percevoir des revenus de la vente de quotas de carbone. Il serait alors logique d'orienter ces recettes vers la réduction des émissions de méthane et d'autres gaz à effet de serre, ainsi que d'autres gaz qui détruisent la couche d'ozone de la planète", a-t-elle expliqué dans un entretien exclusif avec l'agence de presse Trend.
Selon elle, seuls deux fonds internationaux peuvent actuellement aider les entreprises à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre : le FET et le FGM.
"Le lancement du mécanisme de vente d'unités carbone en vertu de l'article 6 de l'Accord de Paris sur le climat serait un soutien supplémentaire pour orienter les recettes vers des actions de lutte contre le changement climatique", a noté Mme Isaenko.
Elle a rappelé qu'en ce qui concerne les quotas de carbone, Carbon Limits a consulté la principale compagnie pétrolière d'Azerbaïdjan SOCAR il y a plusieurs années.
"Nous avions un projet avec la SOCAR pour réduire les émissions de méthane et générer des unités de carbone appropriées pour leur vente future sur le marché allemand (qui était le marché le plus favorable pour l'échange de carbone). Cet été, le marché allemand du carbone a fermé en raison d'une baisse de la qualité des opérations. Toutefois, les discussions sur l'article 6 de l'accord de Paris sur le climat permettront de clarifier la situation globale du marché du carbone et de le relancer", a souligné Mme Isaenko.
Au début de l'été, le président désigné de la COP29, Mukhtar Babayev, a expliqué les défis liés au lancement de l'article 6 de l'Accord de Paris sur le climat, adopté en 2015.
Il a souligné que les alinéas 6.2 (comptabilisation et échange de réductions d'émissions de gaz à effet de serre, c'est-à-dire de crédits carbone) et 6.4 (mise en œuvre de projets climatiques dans le cadre d'un mécanisme centralisé des Nations unies pour l'échange de crédits carbone et de quotas sous la supervision d'un organe de surveillance spécial de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques) sont les plus controversés.
Ces alinéas peuvent faire l'objet d'un accord lors de la COP29.
Les crédits carbone sont en fait un enregistrement de la manière dont un pays ou une entreprise, grâce à la technologie ou à d'autres moyens, a pu réduire les émissions de certaines quantités (en kilogrammes ou en tonnes) de gaz à effet de serre au cours d'opérations de production spécifiques.
En d'autres termes, une partie qui a pu respecter ou dépasser l'obligation de réduire les émissions de gaz à effet de serre peut vendre ces crédits à une autre partie qui n'a pas pu le faire.
Si l'article 6 de l'Accord de Paris sur le climat est harmonisé, les crédits carbone pourront être achetés par les pays, les entreprises et même les particuliers, mais des contrôles sont nécessaires pour éviter le risque d'une comptabilité carbone multiple.
À noter que la 29e session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP29) se tiendra en Azerbaïdjan en novembre prochain. La décision a été prise lors de la réunion plénière de la COP28 qui s'est tenue à Dubaï le 11 décembre de l'année dernière. En l'espace de deux semaines, Bakou, devenu le centre du monde, accueillera environ 70 000 à 80 000 invités étrangers.
La convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques est un accord signé lors du sommet de la Terre de Rio en juin 1992, qui vise à prévenir toute interférence humaine dangereuse dans le système climatique. L'acronyme COP (Conference of Parties) signifie Conférence des Parties, qui est l'organe législatif suprême chargé de superviser la mise en œuvre de la Convention-cadre sur le changement climatique.
Au total, 198 pays sont parties à la convention. Sauf décision contraire des parties, la COP se tient chaque année. La première COP s'est tenue en mars 1995 à Berlin (Allemagne) et son secrétariat à Bonn.
