L'AZERBAÏDJAN ENCOURAGE LES POURPARLERS ENTRE LA TURQUIE ET ISRAËL AFIN D'ÉVITER UN CONFLIT EN SYRIE

Paris / La Gazette
La capitale de l'Azerbaïdjan, Bakou, a accueilli une réunion entre des délégations de la Turquie et d'Israël, poursuivant ainsi ses efforts pour médiatiser et aider à réconcilier les intérêts conflictuels des deux pays en Syrie.
Le Times of Israel a cité un haut responsable israélien selon lequel la réunion a eu lieu mercredi pour discuter des plans de désescalade et de prévention des incidents indésirables en Syrie.
Lors de la réunion, Israël a « clairement indiqué que tout changement dans le déploiement des forces étrangères en Syrie, en particulier l'établissement de bases turques dans la région de Palmyre (Tadmor), est une ligne rouge ».
Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a confirmé la participation de la délégation dirigée par le conseiller à la sécurité nationale Tzachi Hanegbi aux pourparlers à Bakou.
« Israël remercie l'Azerbaïdjan et le président Ilham Aliyev d'avoir accueilli les importantes discussions. Chaque partie a présenté ses intérêts dans la région. Il a été convenu de poursuivre sur la voie du dialogue afin de maintenir la stabilité régionale » a écrit le bureau de M. Netanyahu sur X.
Selon des sources du ministère turc de la Défense nationale, citées par la chaîne de télévision turque NTV, la réunion à Bakou a été tenue pour mettre en place un mécanisme afin d'éviter les affrontements en Syrie et a confirmé que d'autres séries de pourparlers sont prévues. Ankara viser apparemment à créer un mécanisme similaire à ceux convenus avec l'Iran, la Russie et les États-Unis.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré que les pourparlers techniques à Bakou ne devraient pas être considérés comme une « normalisation des relations bilatérales » car ils visent à prévenir les malentendus entre les principales puissances de la région.
Israël a accusé la Turquie de tenter d'établir un protectorat sur la Syrie, tandis qu'Ankara a dénoncé les opérations militaires israéliennes dans le pays suite à l'effondrement du régime de Bachar al-Assad.
Dans son discours récent, le président Aliyev a souligné les liens étroits que l'Azerbaïdjan entretient avec la Turquie et Israël, mettant en avant le rôle clé joué par Bakou dans la facilitation de la normalisation des relations entre les deux pays.
« La première réconciliation réussie entre la Turquie et Israël a été, dans une certaine mesure, facilitée par l'Azerbaïdjan. Parce que ce qui se passe maintenant entre les deux pays n'est pas la première crise. C'est la deuxième dans un passé récent. Pendant la première crise, nous avons joué un rôle actif pour essayer de rapprocher les pays, et ce n'était pas seulement l'Azerbaïdjan. Mais je dirais que l'Azerbaïdjan était numéro un dans ce processus. Encore une fois, c'était en coulisses. Nous ne l'avons jamais rendu public. Nous n'avons jamais essayé de nous vanter pour cela. Nous voulions simplement aider notre allié et frère la Turquie et notre ami Israël à reconstruire leur relation », a déclaré le président Aliyev lors d'une conférence sur la politique internationale à Bakou cette semaine.
Le président Aliyev a révélé que Bakou assume à nouveau un rôle pour parvenir à la réconciliation.
« Malgré des préoccupations légitimes et malgré un niveau de méfiance assez élevé, il est néanmoins possible de trouver les bases de la normalisation et les domaines d'intérêt mutuel. À mon avis, le processus ne devrait pas s'arrêter. L'Azerbaïdjan fait tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter le processus », a précisé le président.
Relations entre la Turquie et Israël depuis 2010
En 2010, la Turquie et Israël ont rappelé leurs ambassadeurs de Tel Aviv et d'Ankara, respectivement, à la suite d'un raid de commandos israéliens sur une flottille d'aide turque à destination de Gaza, qui a entraîné la mort d'au moins 10 militants pro-palestiniens, dont la plupart étaient des ressortissants turcs, tentant de briser le blocus israélien et de livrer une aide humanitaire.
En 2016, Israël a versé 20 millions de dollars de compensation aux familles des victimes, et la Turquie a abandonné les poursuites judiciaires contre les officiers militaires israéliens impliqués. Cela a conduit à la restauration de relations diplomatiques complètes – jusqu'à ce que les tensions ne se ravivent en 2018.
Cette année-là, les deux pays ont expulsé les diplomates de haut rang de l'autre après que les États-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont déplacé leur ambassade de Tel Aviv à Jérusalem – une ville dont la partie orientale est considérée par les Palestiniens comme leur future capitale. Cette décision a déclenché des affrontements violents et mortels le long de la frontière entre Gaza et Israël.
Les efforts diplomatiques ont repris en mars 2022 lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a accueilli le président israélien Isaac Herzog à Ankara. En août, les deux parties ont convenu de normaliser pleinement les relations et de rétablir les ambassadeurs.
Cependant, les relations se sont de nouveau détériorées suite à l'attaque menée par le Hamas contre Israël en 2023. La Turquie a condamné les opérations militaires israéliennes à Gaza. En novembre 2024, le président Erdogan a déclaré la suspension complète des relations diplomatiques avec Israël en raison du refus de Tel Aviv de cesser les opérations militaires à Gaza.