BRICS CONTRE L'AMÉRIQUE DE TRUMP : LE CRÉPUSCULE D’UN EMPIRE
Paris / La Gazette
L’Amérique a longtemps cru qu’elle régnait sans partage. Elle imposait ses règles, dictait l’économie mondiale, sanctionnait à sa guise, brisait des nations d’un simple décret. Mais ce monde n’existe plus. Une autre force s’est levée, insaisissable, résistante, irréductible : le BRICS.
Autrefois relégué au second plan, vu comme un simple club d’économies émergentes, ce bloc est désormais un contre-pouvoir structuré, une alternative tangible à l’ordre occidental. Et c’est précisément au moment où cette multipolarité s’installe que Donald Trump revient à la Maison-Blanche. Lui qui croit en la force brute, en l’intimidation, en la diplomatie du poing sur la table, saura-t-il seulement comprendre ce monde qui ne ploie plus sous le poids de Washington ?
Ou bien, en forçant le bras du BRICS, ne fera-t-il qu’accélérer l’inévitable ?
L’Amérique face à une nouvelle réalité
Washington s’éveille dans un monde qui ne lui appartient plus. Pendant des décennies, elle s’est crue au sommet, persuadée que la planète suivait son sillage. Les règles du jeu étaient américaines, les institutions internationales façonnées selon ses intérêts. Désormais, ces certitudes s’effondrent.
Le BRICS ne quémande plus une place à la table des puissants. Il construit sa propre table. Il façonne un ordre alternatif où le dollar n’est plus l’unique monnaie de référence, où le FMI et la Banque mondiale ne sont plus incontournables, où la dépendance aux marchés financiers occidentaux se fissure.
Face à cela, Trump, fidèle à lui-même, ne voit que deux options : soumettre ou punir. Pour lui, le monde est binaire : les alliés et les ennemis, les vassaux et les rebelles. Mais le BRICS n’est pas un simple État à sanctionner. Il est un bloc, un réseau, une synergie de puissances qui s’émancipent, lentement mais sûrement.
Lors du sommet de Kazan, en octobre dernier, une vérité s’est imposée : le BRICS n’est plus une promesse, c’est une réalité. Autour de la table ne siégeaient plus seulement Moscou, Pékin, New Delhi, Brasilia et Pretoria, mais aussi Le Caire, Addis-Abeba, Téhéran, Jakarta et Abu Dhabi. Trois continents, des économies complémentaires, des réserves d’énergie stratégiques, des marchés en pleine expansion.
Xi Jinping y a posé les bases d’une ère nouvelle : « Nous devons exploiter pleinement le potentiel du BRICS et élaborer une stratégie pour relever les défis mondiaux. »
Les États-Unis rêvaient d’un isolement total de Moscou après les sanctions occidentales. Mais au lieu d’un paria, c’est un Poutine toujours influent qui reçoit, négocie et façonne un nouvel ordre international.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, ne s’y est pas trompé : il a assisté au sommet, plaidant pour une réforme du système financier international, admettant, implicitement, que l’architecture née après 1945 ne tient plus.
Washington regarde cela avec méfiance. Mais la vraie question est ailleurs : Trump peut-il seulement enrayer cette dynamique ?
Trois scénarios pour une Amérique en déclin
1. Pression maximale et guerre économique
L’option la plus évidente pour Trump serait de frapper fort. De menacer, de sanctionner, d’intensifier la pression sur Moscou, Pékin et Téhéran. D’obliger New Delhi et Brasilia à choisir leur camp.
Mais ce qui fonctionnait hier vacille aujourd’hui. La Russie et la Chine commercent déjà en roubles et en yuans. L’Inde développe ses propres circuits financiers. Les pays du Golfe envisagent sérieusement d’abandonner le dollar dans les transactions pétrolières.
Le temps où Washington pouvait asphyxier une économie d’un simple décret semble révolu.
2. Diviser le BRICS de l’intérieur
Les États-Unis pourraient jouer sur les dissensions internes : exacerber la rivalité sino-indienne, séduire le Brésil avec des accords commerciaux, marginaliser l’Afrique du Sud. Ils pourraient orchestrer une campagne de discrédit, accusant le BRICS d’être un « club d’autocrates » menaçant la démocratie mondiale.
Mais qui, aujourd’hui, croit encore aux leçons de morale de Washington ? L’Occident a méprisé le Sud global trop longtemps. Le BRICS lui propose désormais non seulement un partenariat, mais une alternative.
3. S’adapter à la multipolarité (le scénario improbable)
Reconnaître que le monde a changé. Accepter la fin du monopole occidental. Redonner un rôle au G20, réformer le FMI, ouvrir la Banque mondiale aux pays du Sud global.
Mais Trump est-il l’homme de cette lucidité ? Rien n’est moins sûr.
L’Amérique à l’épreuve du réel
Washington peut-elle encore imposer sa loi ? Ou bien le retour de Trump ne fera-t-il que précipiter l’inévitable ?
Le monde unipolaire se meurt. Le BRICS n’est plus un espoir lointain, c’est un fait accompli. L’Amérique a le choix : se battre contre le courant et s’épuiser, ou apprendre à naviguer dans un monde qu’elle ne domine plus.
Mais Trump, lui, est un homme du passé. Et l’histoire, elle, appartient à ceux qui regardent l’avenir.
La rationalité et Donald Trump font rarement bon ménage. C’est un fait établi. Mais face à la montée en puissance du BRICS, Washington devra bientôt choisir entre deux options : s’adapter à un monde multipolaire ou s’accrocher à une suprématie qui lui échappe chaque jour un peu plus.
Autrefois érigée en pierre angulaire du commerce mondial, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’est plus qu’un vestige d’une époque révolue. Sous couvert d’égalité des nations et de libre-échange, elle a longtemps été un outil au service de l’Occident, façonnant les règles du jeu à son avantage, imposant ses normes et étranglant les économies récalcitrantes.
Mais ce système s’effondre.
Ironie du sort, ce sont les États-Unis eux-mêmes qui ont précipité la chute de l’OMC. En bloquant la nomination de nouveaux juges à l’Organe d’appel, Washington a détruit le dernier rempart d’arbitrage indépendant, laissant place à la loi du plus fort. Depuis, l’Amérique ne s’embarrasse même plus de justifications : sanctions unilatérales, guerres tarifaires, démantèlement des accords commerciaux dès qu’ils ne lui sont plus favorables.
Face à ce chaos, le BRICS a flairé une opportunité historique. Plutôt que de mendier une réforme du système, il construit le sien.
Loin des illusions du multilatéralisme à l’occidentale, le BRICS avance méthodiquement vers une alternative concrète au monopole américain.
D’abord, les accords commerciaux bilatéraux explosent. Russie et Chine approfondissent leur coopération via l’Union économique eurasiatique (UEEA). L’Inde, longtemps prudente, renforce son commerce avec Moscou et Pékin. Le Brésil et l’Afrique du Sud tissent des liens solides avec le Sud global, réduisant leur dépendance aux multinationales occidentales.
Ensuite, les institutions financières du BRICS montent en puissance. La Nouvelle Banque de Développement (NBD) finance déjà des projets sans passer par le FMI et la Banque mondiale. Mieux encore, une certification commune des produits est à l’étude, signe d’une volonté de s’affranchir totalement des standards imposés par l’Occident.
Mais la vraie révolution, c’est la marche vers l’indépendance monétaire. Autrefois chimère, la dédollarisation devient réalité.
- La Chine pousse activement le yuan dans les transactions internationales.
- La Russie a banni le dollar de son commerce avec la Chine et l’Inde.
- Les pétromonarchies du Golfe envisagent sérieusement d’abandonner le billet vert pour leurs exportations énergétiques.
Et si l’idée d’une monnaie unique du BRICS reste encore complexe, le passage aux monnaies nationales dans les échanges est déjà acté. Mieux : la Russie et la Chine expérimentent une plateforme de paiements basée sur leurs monnaies numériques (CBDC), ce qui leur permettrait de court-circuiter SWIFT et les sanctions américaines.
Trump face à un défi sans précédent
Mais que fera Donald Trump face à cette montée en puissance ?
L’Amérique est dans l’impasse. Ses méthodes traditionnelles – pressions, sanctions, blocus – ne produisent plus les effets escomptés. Pire : elles renforcent la résilience des pays visés.
- La Russie, sous un torrent de sanctions, développe son industrie et tisse des liens avec le Sud global.
- La Chine, cible d’une guerre commerciale américaine, accélère sa révolution technologique.
- L’Iran, malgré un embargo occidental, multiplie ses exportations de pétrole grâce au BRICS.
Face à cette nouvelle donne, Trump a trois options.
1. La guerre économique totale
Fidèle à sa philosophie du chaos, il pourrait opter pour l’offensive maximale :
- Sanctions renforcées contre la Russie, la Chine et l’Iran.
- Menaces contre l’Inde et le Brésil pour les forcer à choisir entre Washington et le BRICS.
- Sanctions secondaires contre toute entreprise commerçant avec le bloc.
- Restriction de l’accès aux technologies et aux circuits financiers américains.
Mais cette stratégie a un problème majeur : le BRICS s’est préparé.
- Russie et Chine utilisent déjà leurs monnaies nationales dans le commerce.
- L’Inde développe ses propres systèmes de paiement pour contourner les restrictions.
- Les pétromonarchies du Golfe envisagent de libérer le pétrole du joug du dollar.
À vouloir trop sanctionner, Washington risque d’accélérer l’émergence d’un système parallèle.
2. Diviser pour mieux régner
L’Amérique pourrait tenter une approche plus subtile :
- Exacerber la rivalité sino-indienne pour fissurer le bloc.
- Attirer le Brésil et l’Afrique du Sud dans son giron via des avantages commerciaux.
- Multiplier les campagnes de dénigrement médiatique contre le BRICS, en le présentant comme un « club d’autocrates ».
Mais là encore, le pari est risqué. Le Sud global a appris de ses erreurs passées. Les promesses de Washington ont trop souvent été des pièges. Aujourd’hui, le BRICS propose un partenariat crédible et, surtout, pragmatique.
3. Accepter la multipolarité (mais Trump en est-il capable ?)
L’option rationnelle serait d’accepter l’évolution du monde.
- Réformer le FMI et la Banque mondiale pour leur donner une légitimité auprès des pays du Sud.
- Redéfinir le rôle du G20 pour l’adapter à la réalité multipolaire.
- Accepter la fin de l’hégémonie absolue du dollar.
Ce serait la voie de l’intelligence stratégique. Mais la rationalité et Donald Trump font rarement bon ménage.
Un monde qui ne se laisse plus dicter sa loi
Washington peut bien s’accrocher à ses vieilles recettes, la dynamique est en marche. L’OMC n’est plus qu’un fantôme. L’Amérique ne dicte plus seule les règles du commerce mondial.
Le BRICS ne demande pas la permission. Il avance, construit, pose les bases d’un nouvel ordre.
Trump peut tenter de l’arrêter, mais il ne fait que retarder l’inévitable : le monde unipolaire est mort. Il reste à voir si l’Amérique choisira de combattre ce changement jusqu’à l’épuisement… ou d’accepter enfin la réalité.
L’illusion d’un commerce mondial contrôlé par l’Occident touche à sa fin. Washington ne dicte plus seule les règles, et le BRICS, loin d’être un simple club de puissances émergentes, se transforme en une alternative structurée à l’hégémonie économique américaine.
Si Trump choisit la confrontation, il ne fera qu’accélérer l’inévitable : l’émergence d’un système commercial alternatif où l’Amérique ne sera plus l’arbitre suprême.
Autrefois présentée comme le socle d’un commerce « libre et équitable », l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est désormais une coquille vide. Elle n’a pas été détruite par le BRICS, mais par l’Amérique elle-même, qui, incapable de tolérer un jeu où elle ne gagnait pas à tous les coups, a paralysé l’institution en bloquant son Organe d’appel.
Résultat : il n’existe plus de mécanisme indépendant pour arbitrer les conflits commerciaux. Washington impose des sanctions unilatérales, déclenche des guerres tarifaires, instrumentalise le dollar comme une arme de domination. Mais cette époque touche à sa fin.
Le BRICS ne cherche pas à renverser l’ordre économique existant, mais à bâtir une alternative où les règles ne sont plus dictées par une seule nation. Et cet ordre émerge inexorablement, que cela plaise à Washington ou non.
Confronté à cette dynamique, Trump aura trois options. Mais chacune d’elles comporte ses pièges.
1. La politique de pression maximale et de sanctions : un baroud d’honneur ?
L’arsenal américain est bien rodé : sanctions économiques, restrictions technologiques, blocus financiers, menaces sur les alliés.
- Intensifier les sanctions contre la Chine, la Russie et l’Iran.
- Bloquer les transactions en monnaies du BRICS (yuan, rouble, réal, etc.).
- Menacer les alliés qui commercent avec le BRICS par des sanctions secondaires.
Mais cette stratégie, autrefois redoutable, perd en efficacité.
- La Russie s’est industrialisée sous les sanctions et tisse des liens économiques solides avec l’Asie, l’Afrique et l’Amérique latine.
- La Chine accélère son autonomie technologique et réduit sa dépendance aux circuits occidentaux.
- L’Iran vend son pétrole en dehors du circuit dollar et renforce ses partenariats avec Pékin et Moscou.
Le BRICS, quant à lui, construit progressivement des mécanismes financiers alternatifs qui contournent Washington :
- La dédollarisation s’accélère avec des paiements en monnaies nationales.
- La Nouvelle Banque de Développement (NBD) finance des projets sans passer par le FMI et la Banque mondiale.
- Des systèmes de paiement alternatifs à SWIFT émergent.
Les sanctions ne font donc qu’inciter les pays du BRICS à renforcer leurs infrastructures économiques parallèles.
2. Diviser pour mieux régner : une stratégie dépassée ?
Si Trump ne peut briser le BRICS par la force, il pourrait tenter de le fissurer de l’intérieur :
- Exploiter les tensions sino-indiennes, en poussant New Delhi à se méfier de Pékin.
- Courtiser le Brésil et l’Afrique du Sud en leur offrant des accords avantageux.
- Encourager des crises politiques internes pour déstabiliser certains membres.
Mais cette approche, bien que classique, se heurte aux réalités du XXIᵉ siècle :
- L’Inde sait qu’elle est un pion dans le jeu américain et reste prudente dans son rapprochement avec Washington.
- Le Brésil est trop économiquement lié à la Chine pour saborder son commerce.
- L’Afrique du Sud a compris que son avenir repose sur des alliances avec le Sud global, et non sur un retour dans l’orbite occidentale.
L’ère où Washington pouvait manipuler les pays émergents comme de simples satellites est révolue.
3. Restaurer les institutions traditionnelles : une option que Trump méprise
En théorie, Washington pourrait réformer le FMI et la Banque mondiale pour séduire les pays du Sud global et enrayer la montée du BRICS.
- Rendre le FMI et la Banque mondiale plus inclusifs pour attirer les économies émergentes.
- Transformer le G20 en un rempart contre l’influence du BRICS.
- Consolider le bloc occidental avec l’UE, le Japon et le Canada pour mieux contrer la montée des économies émergentes.
Mais cette stratégie pose un problème majeur : Trump ne croit pas en ces institutions.
- Il méprise le multilatéralisme.
- Il préfère les deals bilatéraux aux grandes stratégies globales.
- Il ne conçoit la puissance que sous la forme d’un rapport de force brutal.
Même si cette voie pourrait être bénéfique à long terme pour Washington, il est peu probable que Trump l’emprunte.
Conséquences pour l’ordre mondial : l’Amérique face à son destin
Quel que soit le choix de Trump, il devra affronter une réalité que Washington n’a jamais connue : un monde où elle n’a plus le monopole du pouvoir.
Le BRICS est désormais une force géopolitique coordonnée. Ce n’est plus seulement un bloc économique, mais un acteur structurant du nouvel ordre mondial. Le monde est multipolaire. Les États-Unis ne peuvent plus imposer leurs règles de manière unilatérale. Les sanctions perdent de leur efficacité. Elles poussent les pays visés à innover et à construire des solutions alternatives. Trump devra choisir : s’adapter ou précipiter le déclin américain.
L’illusion d’une domination éternelle de Washington sur le commerce mondial s’effondre. L’Amérique doit maintenant décider si elle veut entrer dans l’histoire comme une puissance qui s’adapte à la nouvelle donne ou comme un empire qui s’acharne à lutter contre l’inévitable.
Le BRICS ne peut plus être ignoré, encore moins brisé. Son ascension est une certitude historique. Reste à savoir si l’Amérique aura l’intelligence d’en tirer les leçons… avant qu’il ne soit trop tard.
L’Amérique n’est plus seule au sommet. Le BRICS ne se contente pas d’exister, il redéfinit les règles du jeu mondial. Pendant des décennies, Washington a imposé sa volonté sans opposition sérieuse. Aujourd’hui, un bloc structuré et déterminé lui répond, et peu importe la stratégie que choisira Trump, il devra affronter une nouvelle réalité : l’ère de l’hégémonie unipolaire est révolue.
Alors, comment réagira-t-il ? Trois scénarios émergent, chacun révélant les failles d’une Amérique qui hésite entre nostalgie impériale et nécessité d’adaptation.
1. L’option brutale : la confrontation totale avec le BRICS
Dans ce scénario, fidèle à son style belliqueux, Trump mise sur la force : guerre économique, sanctions massives, pressions sur les alliés pour isoler le BRICS du système financier mondial.
Les mesures possibles :
- Sanctions renforcées contre la Russie, la Chine et l’Iran, bloquant leur accès aux marchés, aux capitaux et aux technologies occidentales.
- Tentative d’étouffer le commerce du BRICS, en interdisant ou pénalisant les transactions en yuans, roubles et autres monnaies non occidentales.
- Pressions sur les pays partenaires, avec la menace de sanctions secondaires contre toute entreprise ou banque commerçant avec le BRICS.
Mais voici le problème : plus Washington frappe, plus il renforce son adversaire.
- La Russie a prouvé qu’elle pouvait survivre sous un embargo économique total et reconstruire son industrie sans l’Occident.
- La Chine développe une autonomie technologique accélérée, avec des chaînes d’approvisionnement indépendantes.
- L’Iran, malgré les sanctions, continue d’exporter son pétrole et trouve de nouveaux acheteurs grâce au BRICS.
- La dédollarisation, autrefois un concept théorique, s’accélère sous la pression des sanctions américaines.
Effet inverse : plutôt qu’un BRICS affaibli, Washington pourrait voir émerger un BRICS encore plus soudé, plus autonome et plus déterminé à échapper au contrôle occidental.
2. Jouer la carte de la diplomatie sélective : coopérer tout en tentant de diviser
Si la guerre économique totale risque d’échouer, Trump pourrait essayer une approche plus subtile : affaiblir le BRICS de l’intérieur tout en cherchant à en tirer des avantages.
Les stratégies possibles :
- Renforcer les relations avec l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud pour créer des tensions internes au BRICS.
- Réformer le FMI et la Banque mondiale afin d’attirer les pays émergents et limiter l’attrait du BRICS.
- Transformer le G20 en un outil de contre-influence, en marginalisant la présence du BRICS dans la gouvernance mondiale.
Mais cette approche se heurte à un obstacle majeur : Trump n’a jamais cru en la diplomatie multilatérale.
- Il méprise les organisations internationales et préfère les rapports de force bilatéraux.
- Il ne cherche pas à consolider les alliances traditionnelles, mais à faire du « deal-making » au coup par coup.
- Il considère les institutions comme le FMI et la Banque mondiale comme inutiles, sauf si elles servent directement les intérêts américains.
Même si certaines factions au sein de l’administration américaine poussent pour cette approche, Trump lui-même est plus enclin à la confrontation qu’à l’ajustement stratégique.
3. Le repli sur soi : l’Amérique seule contre le monde
Face à une réalité qui lui échappe, Trump pourrait opter pour une solution radicale : l’isolationnisme économique.
Ce que cela impliquerait :
- Désengagement des États-Unis des organisations internationales, laissant la gouvernance mondiale au BRICS et à d’autres acteurs.
- Politique commerciale ultra-protectionniste, avec des hausses de tarifs douaniers sur les importations chinoises, européennes et autres.
- Priorité au marché intérieur américain, avec un recentrage sur l’industrie nationale et une baisse des engagements à l’international.
Mais le problème est évident : une Amérique isolée n’est pas une Amérique plus forte.
- Se retirer des organisations internationales laisse un vide que le BRICS pourrait combler.
- Se couper du commerce mondial affaiblirait les entreprises américaines et favoriserait la montée des concurrents.
- Laisser le BRICS dominer l’économie émergente reviendrait à abandonner une partie du leadership économique global des États-Unis.
Paradoxe : Trump pourrait croire que cet isolationnisme renforcera l’Amérique. En réalité, il offrirait un boulevard au BRICS, qui s’imposerait encore plus rapidement comme l’alternative au modèle occidental.
Le monde n’appartient plus à l’Amérique
Que Trump choisisse la confrontation, la manipulation ou le repli, une chose est certaine : les États-Unis ne sont plus l’unique centre du pouvoir mondial.
Le BRICS ne cherche pas à remplacer Washington par un autre hégémon, mais à instaurer un nouvel équilibre, où l’Occident n’a plus le monopole des décisions économiques et politiques.
Trump peut-il accepter cette réalité ?
- Va-t-il reconnaître que l’Amérique n’est plus en position de force absolue ?
- Ou bien continuera-t-il à combattre une dynamique inarrêtable, accélérant ainsi le déclin de l’influence américaine ?
Le BRICS construit déjà l’avenir. Reste à savoir si l’Amérique choisira d’en faire partie… ou de s’accrocher à un passé révolu.
Le BRICS démontre que le diktat américain n’est plus une fatalité.
Il prouve que les sanctions peuvent être contournées et qu’un commerce hors dollar est possible.
Il façonne un nouvel équilibre mondial, dans lequel Washington doit choisir entre s’adapter ou disparaître de la scène principale.
Trump pourra-t-il l’accepter ?
- Va-t-il s’obstiner dans une guerre économique perdue d’avance ?
- Ou devra-t-il reconnaître que l’ordre mondial a changé, et qu’il doit désormais composer avec un BRICS devenu incontournable ?
Ce choix ne façonnera pas seulement l’avenir des États-Unis, mais celui du XXIᵉ siècle tout entier.
Le monde ne tourne plus autour de l’Amérique.
Et cette fois, Washington ne pourra pas l’ignorer.