LA MÉDIATION DE LA TURQUIE FAVORISE LE DÉGEL DES RELATIONS ENTRE LA SOMALIE ET L'ÉTHIOPIE
Paris / La Gazette
La Somalie envisage de revenir sur une décision d'exclure l'Éthiopie d'une force multinationale luttant contre les terroristes d'al-Shabab, une autre indication que les tensions diplomatiques entre les deux nations s'apaisent.
La ministre éthiopienne de la Défense, Aisha Mohammed Mussa, s'est rendue jeudi dans la capitale somalienne, Mogadiscio, pour des discussions sur la participation de son pays à la mission, a déclaré par téléphone le ministre d'État somalien aux Affaires étrangères, Ali Balcad, selon une dépêche de Bloomberg.
L'Éthiopie a jusqu'à 10 000 soldats en Somalie pour combattre les terroristes d'al-Shabab, mais Mogadiscio a menacé de les expulser si Addis-Abeba ne renonce pas à un accord qu'elle a conclu il y a un an avec la région sécessionniste du Somaliland.
L'accord préliminaire stipulait que le Somaliland louerait une portion de la côte pour une base navale éthiopienne et un port commercial en échange d'une éventuelle reconnaissance de l'indépendance du Somaliland.
Le Somaliland a eu une autonomie effective depuis 1991, mais son indépendance n'a été reconnue par aucun autre pays. Mogadiscio considère cela comme une partie intégrante de son territoire et a qualifié son accord avec l'Éthiopie d'acte d'agression.
La Turquie est intervenue pour médiatiser en juillet, tenant trois précédentes séries de pourparlers – deux à Ankara et une à New York – avant la percée de la semaine dernière, qui a été saluée par l'Union africaine, Washington et Bruxelles.
Le mois dernier, l'Éthiopie et la Somalie ont convenu de résoudre leurs différends après des pourparlers médiés par la Turquie à Ankara.
Selon la Déclaration d'Ankara Éthiopie-Somalie, les deux parties ont décidé de lancer des négociations techniques facilitées par la Turquie d'ici la fin février 2025 et de les conclure dans un délai de quatre mois. Ils ont également convenu d'abandonner les divergences d'opinion et les questions litigieuses et de se diriger résolument vers une prospérité partagée.
L'accord ouvre la voie à l'inclusion de l'Éthiopie dans la soi-disant Mission de Soutien et de Stabilisation de l'Union Africaine, a estimé M. Balcad.
« Étant donné que les questions litigieuses entre la Somalie et l'Éthiopie ont été résolues par la Déclaration d'Ankara, la Somalie est prête à reconsidérer l'inclusion des Forces de défense nationale éthiopiennes dans la prochaine mission AUSSOM », a-t-il souligné.
Les diplomates avaient averti que l'exclusion de l'Éthiopie de la force risquait d'escalader en conflit entre les deux nations – Addis-Abeba a été la cible d'attaques d'al-Shabab et a cherché à prolonger sa participation de longue date à la mission.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a convenu le 27 décembre de renouveler le mandat de la force de maintien de la paix en Somalie. Cependant, il n'a pas réussi à proposer de « mécanismes de financement durables » pour financer l'opération, selon un rapport de janvier de Balqiis Insights, un groupe de réflexion basé à Mogadiscio.
Al-Shabab, un groupe affilié à al-Qaïda, mène une insurrection depuis 2007.
Le différend a également soulevé des inquiétudes quant à une instabilité plus large dans la Corne de l'Afrique. La Somalie a réagi à l'accord avec le Somaliland en se rapprochant des rivaux traditionnels de l'Éthiopie, l'Égypte et l'Érythrée.
