LES PUISSANCES EUROPÉENNES JUGENT "IRRÉVERSIBLE" LE RAPPROCHEMENT DE L'UKRAINE AVEC L'OTAN
Paris / La Gazette
Le chemin de l'Ukraine vers une éventuelle adhésion à l'OTAN est "irréversible", ont déclaré sept chefs de la politique étrangère européenne lors d'une réunion à Berlin jeudi, promettant un soutien militaire et économique renforcé.
Les ministres des Affaires étrangères de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, de la Pologne et de l'Espagne, ainsi que le chef de la politique étrangère de l'UE, se sont engagés à fournir à l'Ukraine des garanties de sécurité viables si des négociations sur un cessez-le-feu ont lieu après l'entrée en fonction du président élu des États-Unis, Donald Trump.
"Nous continuerons à soutenir l'Ukraine sur son chemin irréversible vers une intégration euro-atlantique complète, y compris l'adhésion à l'OTAN", ont-ils déclaré dans un communiqué conjoint après avoir rencontré leur homologue ukrainien.
"L'Ukraine doit l'emporter", ont-ils souligné dans une déclaration dite de Berlin.
"Nous nous engageons à fournir à l'Ukraine des garanties de sécurité inébranlables, y compris une fourniture fiable et à long terme de soutien militaire et financier."
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a présidé la réunion alors que la lutte de l'Ukraine contre l'invasion russe dure depuis plus de 1 000 jours et entre dans son troisième hiver, avec les troupes de Kyiv sous une pression intense.
Le groupe s'est réuni pour discuter des mesures à prendre pour renforcer l'Ukraine dans l'éventualité où Trump réduirait l'aide militaire à Kyiv après sa prise de fonction le 20 janvier et pousserait pour un cessez-le-feu avec la Russie, comme il l'a indiqué.
Les principaux diplomates ont promis de "rester fermes dans notre solidarité" et de "continuer à soutenir l'Ukraine dans son droit à l'autodéfense contre l'agression russe."
Le président américain nouvellement élu Trump a clamé que résoudre la crise en Ukraine serait sa priorité absolue, mais il y a des craintes à Kyiv qu'il pourrait essayer d'imposer de grandes concessions à l'Ukraine en échange d'un cessez-le-feu.
Les ministres européens réunis à Berlin ont martelé : "Il ne peut y avoir de négociations sur la paix en Ukraine sans les Ukrainiens et sans les Européens à leurs côtés."
Ils ont promis de "rester unis avec nos partenaires européens et transatlantiques pour penser et agir de manière ambitieuse sur la sécurité européenne."
Le groupe a également déclaré qu'il "continuerait à soutenir l'Ukraine sur son chemin vers l'adhésion à l'Union européenne."
Avant la réunion, Mme Baerbock a déclaré : "Ici, dans ce cercle, nous sommes unanimes. L'Ukraine a besoin de garanties de sécurité solides."
La chef des affaires étrangères de l'UE, Kaja Kallas, a insisté qu'il fallait en faire plus pour soutenir l'Ukraine dans sa défense contre la Russie.
"Nous devons faire plus pour renforcer l'Ukraine sur le champ de bataille", a-t-elle averti. "Plus ils sont forts sur le champ de bataille, plus ils sont forts derrière les négociations."
Mme Baerbock et Mme Kallas n'ont pas répondu aux questions sur la participation de soldats allemands ou européens à une éventuelle mission de maintien de la paix en Ukraine.
Plus tôt en décembre, Mme Baerbock a refusé d'écarter cette perspective, suscitant des critiques en Allemagne.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiha, a appelé à des "sanctions fortes" contre Moscou.
"[Le président russe Vladimir] Poutine ne comprend que la force. C'est pourquoi je suis ici", a martelé M. Sybiha.
La Commission européenne a entre-temps proposé son soutien dans les discussions concernant une mission de maintien de la paix pour sécuriser un éventuel cessez-le-feu futur en Ukraine.
L'UE est prête à coordonner les efforts dans ce sens, a précisé un porte-parole de Kallas à Bruxelles.
Le président français Emmanuel Macron a également rencontré le Premier ministre polonais Donald Tusk à Varsovie jeudi pour discuter du soutien européen à l'Ukraine sous la nouvelle administration américaine.
À l'issue des pourparlers, le président Macron a appelé à une coopération étroite entre l'Europe et les États-Unis pour mettre fin à la guerre en Ukraine dans des conditions acceptables pour Kiev.
Il a appelé à "une paix négociée par les Ukrainiens et qui leur offre une sécurité durable."
Le président français a également souligné l'importance de la coordination entre les pays européens dans la formulation de garanties de sécurité pour l'Ukraine après un éventuel accord de paix avec la Russie.
Il n'a pas explicitement abordé la possibilité de stationner une force de maintien de la paix avec des soldats étrangers en Ukraine.