POUTINE DÉCLARE QUE LA RUSSIE POURRAIT ENVOYER DES ARMES À LA CORÉE DU NORD
Paris / La Gazette
Le président Vladimir Poutine a déclaré que la Russie pourrait fournir des armes à la Corée du Nord dans ce qu'il a suggéré être une réponse miroir à l'armement occidental de l'Ukraine.
M. Poutine s'est adressé à des journalistes au Viêt Nam jeudi, au lendemain de sa visite en Corée du Nord, pays doté de l'arme nucléaire, et de la signature d'un accord de défense mutuelle avec son dirigeant, Kim Jong Un.
Les pays occidentaux ont évité la Corée du Nord en raison de son développement de missiles nucléaires et balistiques au mépris des sanctions des Nations unies, et s'inquiètent des liens croissants entre Moscou et Pyongyang.
Dans ses derniers commentaires, M. Poutine a laissé entendre que la Corée du Nord pourrait être l'un des destinataires des armes russes.
"J'ai dit, y compris à Pyongyang, que nous nous réservions le droit de fournir des armes à d'autres régions du monde. Compte tenu de nos accords avec [la Corée du Nord], je ne l'exclus pas non plus", a-t-il déclaré.
Le traité signé par MM. Poutine et Kim mercredi engage chaque partie à fournir une assistance militaire immédiate à l'autre en cas d'agression armée contre l'une ou l'autre d'entre elles.
M. Poutine a estimé que Moscou espérait que sa coopération avec la Corée du Nord aurait un effet dissuasif sur l'Occident, mais qu'il n'était pas nécessaire d'utiliser des soldats nord-coréens dans la guerre en Ukraine.
"En ce qui concerne la possibilité d'utiliser d'une manière ou d'une autre les capacités des uns et des autres dans le conflit en Ukraine, nous ne le demandons à personne, personne ne nous l'a proposé, et ce n'est donc pas nécessaire", a-t-il ajouté.
Les États-Unis et l'Ukraine affirment que la Corée du Nord a déjà fourni à la Russie d'importantes quantités d'obus d'artillerie et de missiles balistiques, ce que Moscou et Pyongyang ont démenti.
M. Poutine a en outre averti que la Corée du Sud commettrait "une grave erreur" si elle décidait de fournir des armes à l'Ukraine, et que Moscou réagirait à une telle initiative d'une manière qui serait douloureuse pour Séoul.
Ces remarques ont été faites après que l'agence de presse sud-coréenne Yonhap a rapporté que Séoul examinerait la possibilité de fournir des armes à l'Ukraine à la lumière du pacte de défense mutuelle signé par MM. Poutine et Kim un jour plus tôt.
"En ce qui concerne l'envoi d'armes létales dans les zones de combat en Ukraine, il s'agirait d'une très grave erreur. J'espère que cela ne se produira pas", a martelé M. Poutine. "Si c'est le cas, nous prendrons la décision qui s'impose et qui ne plaira probablement pas aux dirigeants sud-coréens actuels".
Dans ses remarques aux journalistes à Hanoï, M. Poutine a également développé les commentaires qu'il avait faits au début du mois sur les armes nucléaires, déclarant que Moscou réfléchissait à d'éventuels changements de sa doctrine sur leur utilisation.
M. Poutine a indiqué que cette réflexion était motivée par l'évolution des points de vue des adversaires de la Russie sur l'utilisation des armes nucléaires.
La doctrine actuelle de la Russie stipule qu'elle peut utiliser des armes nucléaires en réponse à une attaque nucléaire ou en cas d'attaque conventionnelle constituant une menace existentielle pour l'État.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, certains faucons parmi les analystes militaires russes préconisent que Moscou envisage de revoir cette position et même de procéder à une sorte de frappe nucléaire qui pourrait "dégriser" ses adversaires occidentaux.
M. Poutine a souligné aux journalistes que la Russie envisageait de modifier sa doctrine parce que ses ennemis potentiels travaillaient sur de "nouveaux éléments" liés à l'abaissement du seuil d'utilisation du nucléaire.
"En particulier, des dispositifs nucléaires explosifs d'une puissance extrêmement faible sont en cours de développement. Et nous savons que des idées circulent dans les cercles d'experts occidentaux sur la possibilité d'utiliser de tels moyens de destruction", a-t-il abondé.
M. Poutine a clamé qu'il n'y avait "rien de particulièrement terrible" à ce sujet, mais que la Russie devait y prêter attention.
