LE PRÉSIDENT ILHAM ALIYEV À PROPOS DES EFFORTS DE MÉDIATION LIÉS À LA NORMALISATION ENTRE L'AZERBAÏDJAN ET L'ARMÉNIE
Paris / La Gazette
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev a parlé dans une interview récemment publiée avec Euronews du rôle des médiateurs dans la normalisation des liens entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, y compris les États-Unis, l'Union européenne (UE) et la Russie.
M. Aliyev a déclaré que bien que l'UE n'ait pas participé aux négociations pendant l'occupation arménienne des terres azerbaïdjanaises de 1992 à 2020, elle a pris l'initiative de négocier la paix entre Bakou et Erevan après 2020, en même temps que le groupe de Minsk de l'OSCE quittait la table des négociations en tant que médiateur.
« Il s'agit d'une initiative du président du Conseil européen Charles Michel, qui nous a invités et que nous avons soutenue. Parce que nous pensons que compte tenu du niveau de coopération entre l'Azerbaïdjan et l'UE, et l'Arménie et l'UE, il est naturel d'être actif », a évoqué M. Aliyev à la correspondante internationale d'Euronews, Anelise Borges, dans la ville de Choucha, dans la région du Karabakh en Azerbaïdjan, le mois dernier.
Il a ajouté que le siège d'un courtier international devrait être occupé par un nouvel acteur après le départ du groupe Minks et que l'UE peut être la meilleure dans ce rôle parce que les relations de Bakou avec l'UE sont basées sur le respect mutuel, la confiance mutuelle et l'intérêt mutuel.
Selon le président azerbaïdjanais, l'initiative mise en place par l'UE se transforme actuellement en un format de dialogue très actif qui se tient en divers endroits, notamment à Bruxelles et dans la capitale de la Moldavie, Chișinău. Ces discussions, a estimé M. Aliyev, sont importantes pour éviter la stagnation, car un scénario dangereux peut apparaître à la suite d'une rupture du processus de négociation.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a jusqu'à présent négocié six réunions entre le président Aliyev et le premier ministre arménien Nikol Pachinyan, y compris les dernières discussions à Bruxelles le 15 juillet.
L'ordre du jour des négociations comprenait traditionnellement les questions relatives à la délimitation des frontières, à l'ouverture des communications de transport, ainsi qu'à la normalisation et aux efforts de paix.
Par ailleurs, M. Aliyev a fait savoir que la Russie faisait également partie du processus de normalisation avec l'Arménie, malgré l'implication active des médiateurs occidentaux, bien que la situation ait changé depuis la guerre en Ukraine.
« La Russie a été la médiatrice d'un accord de cessez-le-feu ou de la déclaration du 10 novembre 2020. Ce n'était pas les États-Unis ou l'UE. Nos premières réunions avec mon collègue arménien ont été organisées par la Russie en Russie », a rappelé le dirigeant azéri, ajoutant que Bakou soutiendrait un médiateur qui peut produire des initiatives qui mènent à un accord de paix.
M. Aliyev a déclaré que le prochain cycle de négociations avec l'Arménie aurait lieu dans le courant du mois en Russie, à l'invitation de cette dernière.
La Russie a été la première à proposer son aide pour normaliser les relations entre Bakou et Erevan après la guerre sanglante de 44 jours en 2020. MM. Aliyev et Pachinyan ont été reçus par le président Vladimir Poutine à Moscou le 11 janvier 2021 pour discuter des nouvelles réalités qui ont émergé après les hostilités. Depuis, les pays ont convenu d'établir un groupe de travail trilatéral pour débloquer les liaisons de transport régionales sur la base de l'article 9 de la déclaration tripartite signée en novembre 2020.
En mai de cette année, un nouveau cycle de discussions a eu lieu à Moscou, portant principalement sur les efforts conjoints visant à établir un mécanisme mutuellement accepté pour les mouvements à travers la frontière interétatique de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie. Avant la réunion de Moscou, en avril de cette année, l'Azerbaïdjan a installé un check-point à l'entrée du corridor de Latchine, exacerbant les allégations de l'Arménie concernant un « blocus » du Karabakh. L'escalade des tensions provoquée par cette mesure a fait une demi-douzaine de morts de part et d'autre depuis le mois de décembre.
La région montagneuse du Karabakh est au centre d'un conflit territorial qui dure depuis des décennies entre les deux pays. Lorsque l'Union soviétique s'est effondrée en 1991, les séparatistes arméniens du Karabakh se sont détachés de l'Azerbaïdjan. Le conflit qui s'en est suivi a fait quelque 30 000 morts.
Les deux anciennes républiques soviétiques ont mené deux guerres pour contrôler le Karabakh dans les années 1990 et à nouveau en 2020. Six semaines de combats à l'automne 2020 se sont terminées par un cessez-le-feu parrainé par la Russie, qui a vu l'Arménie restituer des pans entiers de territoires qu'elle contrôlait depuis des décennies.