LE « BOUCHER DE MESHALI » ARRÊTÉ EN AZERBAÏDJAN. LA SÉNATRICE VALÉRIE BOYER S’INDIGNE.
Paris / La Gazette
Le criminel de guerre Vagif Cherkezovich Khachaturyan a été intercepté au couloir de Latchin
Le 11 mai 1960 le Mossad, les services de renseignement israéliens, enlevaient Adolf Eichmann à Buenos Aires, en Argentine, où il avait trouvé refuge, afin de le juger en Israël. Eichmann était l'un des principaux organisateurs de la solution finale, le plan d'extermination des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
Des personnalités françaises, comme l’écrivain François Mauriac et Jean-Paul Sartre, critiquèrent cet enlèvement, arguant qu’il ne respectait pas les procédures internationales.
En 1991, l’ancien collaborateur René Bousquet était arrêté et envoyé au tribunal. René Bousquet était un haut fonctionnaire français qui avait occupé des postes clés dans le régime de Vichy. Il était notamment responsable de la police française et a été impliqué dans la déportation des Juifs.
Certains, comme Jean-Marie Le Pen, ont protesté contre cette arrestation, au prétexte de son âge et de son état de santé, et défendirent l'idée d'une amnistie pour les anciens collaborateurs.
La France a ainsi souvent fait preuve d’une certaine indulgence à l’égard des criminels de guerre.
L'histoire se répète
Ce 29 juillet, Vagif Cherkezovich Khachaturyan, un arménien de 68 ans, a été arrêté par la police azerbaïdjanaise alors qu’il tentait de franchir , dans un camion de la Croix-Rouge arménienne, le point de passage frontalier de Lachin.
Vagif Khachaturyan est l'un des protagonistes du massacre commis par les Arméniens contre les Azerbaïdjanais dans le village de Meshali , dans la région de Khojaly le 22 décembre 1991. Au cours de ce massacre, 25 Azerbaïdjanais ont été tués, 14 ont été blessés et 358 Azerbaïdjanais ont été déplacés.
Khachaturyan en 1991
Ce « pogrom « sera suivi en 1992, d’un autre massacre, à Khodjaly même, au cours duquel 613 personnes, hommes, femmes, enfants, vieillard, trouveront la mort.
Aussitôt après la nouvelle de l’arrestation de Khachaturyan, la droite française s’est déchaînée :
La sénatrice Valérie Boyer, qui n’en est pas à son premier coup d’éclat, twitte aussitôt : « La lâcheté de ces barbares Azeris ne connaît pas de répit dès lors qu’il s’agit de faire mal à un Armenien : terroriser un malade de 68 ans aussi minable que cruel, voilà le visage de l’Azerbaïdjan ».
L’ineffable directeur adjoint du Figaro-Magazine et héraut des séparatistes arméniens, J-Christophe Buisson, renchérit dans la foulée. : « Ce 29 juillet, nouvel acte barbare des Azéris, qui retiennent prisonnier, après l'avoir arrêté au check-point illégal qu'ils ont installé dans le corridor de Lachin, un Armenien d'Artsakh de 68 ans qui allait en #Armenie, accompagné de la Croix-Rouge,pour être soigné. »
Comme si l’âge et la maladie étaient un motif d’amnistie pour les criminels de guerre… Khachaturyan a d’ailleurs immédiatement été conduit dans un hôpital de Bakou pour être pris en charge avant son procès. Des mesures ont été prises pour que les représentants du CICR puissent le visiter.
La différence avec l’arrestation d’Eichmann, c’est qu’aucun de ceux qui ont critiqué l’enlèvement n’a eu l’audace de traiter les Israéliens de barbares. Eichmann était protégé en Argentine, et n’aurait jamais été jugé sans cela. Khachaturyan aurait trouvé refuge en Arménie et son procès n’aurait jamais eu lieu.
Qui est Vagif Cherkezovich Khachaturyan ?
Vagif Cherkezovich Khachaturyan est né en 1955 dans le village de Badara du district d’Askaran. Il était citoyen de la République d’Azerbaïdjan, résidait à Meshali, et travaillait comme chauffeur dans une société de transport de la ville de Khankendi.
Le 22 décembre 1991, il forma un commando et, équipé d’armes à feu et des véhicules de combat d'infanterie, lança une attaque contre ses propres concitoyens, dans le but de détruire complètement le village. Le commando a ainsi tué 25 personnes et blessé 14 personnes. Puis, contrairement aux normes du droit international, a procédé à l’expulsion de tous les azeris du village.
Alish Alishov
Alish Alishov, qui était le directeur de l'école secondaire du village de Meshali à l'époque, a été témoin de ces événements :
« Le matin du 23 décembre, vers 6 heures, vers 7 heures et demie, nous avons reçu la nouvelle que les Arméniens encerclaient notre village. A cette époque, notre village était régulièrement sous le feu du village voisin de Badara. Vivre au village était devenu un danger. Par conséquent, les villageois avaient installé un poste pour nous protéger. Mais c'était une période très difficile. Nous étions un petit village de 80 maisons. Nous n’avions pas d'arme. Les Arméniens au contraire nous ont attaqués avec les armes les plus modernes.
Ils ont mis le feu au village. Ce furent des moments terribles. Rue par rue, maison par maison, les Arméniens tuaient les animaux qui tombaient entre leurs mains, brûlaient les maisons et les meules de foin.
Il est très difficile d’évoquer ces moments. Sous mes yeux, des hommes, des enfants, des femmes, des personnes âgées ont été tués, des maisons ont été incendiées, ainsi que du bétail, des poulets.
La brutalité et la cruauté de Vagif Khatchatourian étaient connues de tous. Il avait un frère Ilya, il était chauffeur de bus. Je le connaissais très bien. Ces frères menaient la destruction de notre village.
Ainsi, l'élève de 7ème Allahverdiyev Vidadi Misir oghlu a été tué au premier étage de l'ancienne école. Puis les Arméniens ont mis le feu au corps de cet enfant. Plus tard, son père a récupéré ses restes carbonisés et les a enterrés.
La fille de Khudayarova Suraya Alish, âgée de 76 ans, a été martyrisée. Ils arrachaient le cuir chevelu des femmes. Cinq personnes d'une maison ont été martyrisées.
Les Arméniens avaient installé une mitrailleuse PK près de notre tour de télévision. De là, ils pouvaient voir le village comme la paume de leur main.
Guliyev Ganimat, et 4 personnes de sa famille ont été tuées avec lui. Quand il a levé les mains et s'est rendu, les Arméniens lui ont dit que non, tu ne te rends pas. Ils lui ont fendu la tête avec une hache. Puis ils ont tué sa femme de la même manière. »
Zamin Aliyeva
Zamin Aliyeva, une habitante de Meshali raconte à son tour : « Cinq des neuf membres de notre famille, père, mère, deux sœurs et un frère ont été assassinés par des Arméniens. Ils ont brûlé vif mon père de 53 ans, ma mère de 45 ans et ma sœur de 17 ans, tué ma sœur de 15 ans, lui ont tiré dans le cœur, puis ont tiré 78 balles à travers son corps déjà sans vie.
Mon frère était policier. Il a été victime de la balle d'un sniper. Le jeune frère, Barat, a été blessé et pris en otage par Vagif Khachatryan, qui lui a attaché les mains et l'a placé dans le camion. Sur le chemin, il s'est jeté hors de la voiture les mains liées. Heureusement, il a réussi à s'échapper »
Le rôle ambigu de la Croix-Rouge
Déjà épinglé il y a quelques jours pour avoir fait passer des marchandises de contrebande dans l’un de ses véhicules (ce qu’elle a assuré avoir été fait à son insu…), on comprend mal comment la Croix-Rouge a pu se prêter à la manoeuvre consistant à utiliser l’un des se véhicules pour aider un criminel recherché internationalement à échapper à son procès.
Photo Twitter
Comme l'a confirmé le CICR en décembre 2022, les conditions ont été créées pour le transport et le rapatriement d'environ 700 personnes d'origine arménienne du territoire de l'Azerbaïdjan vers l'Arménie à des fins médicales, et aucune action illégale ont été appliquées à leur encontre. L'affirmation du ministère arménien des affaires étrangères selon laquelle il existe une menace pour les personnes passant par le point de passage frontalier ne semble viser qu'à créer un psychose parmi les résidents arméniens.
Le CCIR ne pouvait ignorer que Vagif Cherkezovich Khachaturyan faisait l’objet d’un mandat d'arrêt international, depuis le 12 novembre 2013, et était poursuivi au titre des articles 103 (massacre) et 107 (déportation ou déplacement forcé de la population) du Code pénal d'Azerbaïdjan .
Les Arméniens, un peuple instrumentalisé
Le peuple arménien est ce qu’on pourrait appelé un peuple « handicapé géographique ». Sa position, au carrefour de grandes puissances ayant des intérêts contradictoires, a toujours été instrumentalisé par les uns et par les autres. Par les Russes contre les empires ottomans et Perses au 18eme et 19e siècle, par les puissances de l'Entente (Grande-Bretagne, France, Russie) contre l’Axe, dont la Turquie lors de la première guerre mondiale, par les soviétiques contre les autres républiques du Caucase, par les russes contre les occidentaux aujourd’hui, et même par les politiciens français pour leur propre compte. Les Arméniens ont cru qu’ils tireraient leur épingle du jeu de ces rivalités, mais comme les Kurdes ou les Libanais, ils s’aperçoivent à leur dépens que les moutons ne s’allient pas avec les loups, et que les soutiens attendus ainsi que les promesses des uns et des autres restent et resteront lettre morte.
En appuyant les séparatistes arméniens, les amis de circonstance ne font que servir leur propre intérêt et font bien peu cas du sort du peuple arménien qui n’a d’autre issue que faire la paix avec ses voisins et entamer au plus vite une coopération pacifique et fructueuse.