MANIFESTATIONS SUR LA ROUTE DE LATCHINE EN AZERBAÏDJAN : LA FRANCE EST-ELLE SOUS INFLUENCE ?
Paris / La Gazette
Au conseil permanent spécial de l’OSCE qui s’est tenu le 17 janvier en présence du ministre arménien des Affaires étrangères, la France a réitéré son appel au rétablissement immédiat et sans conditions de la liberté et la sécurité de circulation à travers de la route de Latchine dans le respect des droits de la population locale.
Ce mardi, au conseil permanent spécial de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), où était également présent le chef de la diplomatie arménienne, la France a réitéré son appel au rétablissement immédiat et sans conditions de la liberté et la sécurité de circulation à travers de la route Latchine.
Cette déclaration est-elle inspirée par la réalité de la situation ou pour d'autres raisons qui n'ont rien à voir avec la politique étrangère ? Rappelons les faits.
Le route de Latchine est la seule route terrestre entre l'Arménie et la région montagneuse du Karabakh, qui est un territoire internationalement reconnu comme faisant partie de l'Azerbaïdjan (à noter d'ailleurs que les responsables arméniens reprochent précisément la France de ne pas avoir reconnu l'indépendance de cette région), et qui abrite une importante population d'origine arménienne.
Depuis la fin de la deuxième guerre du Karabakh en 2020, Bakou s'est dit prêt à répondre aux besoins humanitaires des résidents arméniens vivant sur les territoires de l'Azerbaïdjan, ajoutant que les Arméniens de nationalité azerbaïdjanaise vivant dans la ville de Khankendi (principale ville de la région du Karabakh) pourront se rendre en Arménie et en revenir grâce à un nouveau corridor prévu dans la région.
Or, de même que la période de trêve, accordée au lendemain de leur victoire au Karabakh par les forces azerbaïdjanaises afin de permettre aux Arméniens de prendre leur disposition pour partir ou rester, avait été utilisée par les groupes armés arméniens pour truffer le sol de mines, de même la route de Latchine a été détournée de son objectif premier.
Elle a été utilisée par les Arméniens non pour des raisons exclusivement humanitaires, mais pour le transfert d’armes vers la région du Karabakh. Elle a également été empruntée par les véhicules qui exfiltraient illégalement du minerai et d'autres ressources puisées illégalement depuis les territoires de l’Azerbaïdjan, où les forces russes sont présentes.
Pour faire obstacle à toutes ces activités illicites, à partir du 12 décembre dernier, un groupe de militants écologistes azerbaïdjanais a commencé à manifester pacifiquement, près de la route de Latchine - Choucha. Selon le gouvernement azerbaïdjanais, ces manifestations de protestation étaient destinées à exprimer le mécontentement légitime de sa population face à l'activité économique illégale, au pillage des ressources naturelles et aux dommages causés à l'environnement dans les territoires de l'Azerbaïdjan où sont stationnés les soldats de la paix russes.
Ainsi, l'Agence d'exploration géologique de l’Azerbaïdjan a annoncé hier, lors d'un point de presse, qu'un certain nombre d’entreprises, comme les sociétés suisses « Base Metals » et « Vallex Group », le russe « Geopro Mining Gold Company », le groupe arménien « Armenian Copper Program » , qui est une coentreprise entre des entrepreneurs de Suède et du Liechtenstein, l’américain « Global Gold » et la société indienne « Vedanta Resourcess » s'étaient engagés dans l'exploitation illégale des gisements de « Soyudlu », « Vejnali », « Demirli » et « Kyzılbulagh » pendant l'occupation des territoires azerbaïdjanais dans les années 1990-2020.
C'est pourquoi, il eût été préférable que la représentation de la France auprès de l’OSCE, prenne préalablement soin de se référer aux déclarations des deux parties au lieu d'une seule. Selon l'Azerbaïdjan, cette route est ouverte à tous les résidents arméniens, ce que nie l'Arménie. Mais comme le prouvent les images diffusées sur les réseaux sociaux ainsi que sur les médias locaux, cette route n’est aucunement bloquée pour les marchandises, les convois humanitaires, et les personnes. Ni le gouvernement azerbaïdjanais ni les manifestants n’ont fermé la route de Latchine. Le régime de circulation des citoyens, des biens et des véhicules le long de la route reste inchangé depuis deux ans et les Casques bleus russes continuent d’exercer leurs fonctions de protection de cette route.
