LÉGISLATIVES: EMMANUEL MACRON REJETTE L'IDÉE D'UN GOUVERNEMENT D"'UNION NATIONALE"
Paris / La Gazette
Le président de la République, dans sa première prise de parole après le second tour des élections législatives, a estimé qu'un gouvernement d'« union nationale » n'est « pas justifié à ce jour ».
Après un long silence, Emmanuel Macron s'est exprimé pour la première fois depuis le second tour des élections législatives dans une allocution télévisée depuis l'Élysée ce mercredi 22 juin.
Le président de la République a affirmé comprendre le vote des Français qui l'ont sanctionné en lui faisant perdre la majorité absolue à l'Assemblée nationale.
« Je ne peux pas davantage ignorer les fractures, les divisions profondes dans notre pays, et qui s’expriment dans notre Assemblée. Ces législatives ont fait de la majorité présidentielle la première force politique, mais aucune force ne peut aujourd'hui faire les lois seule. »
« Légiférer différemment »
Un constat que les partis d'opposition jugent un peu tardif, ainsi que nombre de représentants de la majorité, visiblement gênés lorsqu'on aborde notamment l'attitude distante du président pendant la campagne électorale.
Après avoir reconnu les « fractures » de la France, le chef de l'État admet qu'il faudra légiférer différemment. « Nous sommes dans un compromis nouveau, dans le dialogue, l'écoute, et le respect. J'en prends acte. Mais cela ne veut pas dire immobilisme ».
Emmanuel Macron rejette toutefois l'idée d'un gouvernement d'union nationale, qui n'est, selon lui, « pas justifié à ce jour ». Il faut dire que l'hypothèse n'a p&s soulevé l'enthousiasme des personnalités de l'opposition qu'il a reçues durant ces deux derniers jours : « La plupart des dirigeants que j’ai reçus ont exclu l’hypothèse d’un gouvernement d'union nationale ».
Les analystes politiques ont par ailleurs souligné la stratégie d'évitement du président de la République qui a, dans son allocution, transféré la responsabilité du succès ou de l'échec de la politique future du gouvernement sur les partis d'opposition, leur demandant « de dire en toute transparence jusqu'où ils sont prêts à aller », et ce, dans une sorte d'ultimatum : « Il faudra clarifier dans les prochains jours la part de responsabilité et de coopération que les différentes formations de l'Assemblée nationale sont prêtes à prendre : entrer dans une coalition de gouvernement et d'action [ou] s'engager à voter simplement certains textes, notre budget. [...] Nous commencerons à bâtir cette méthode et cette configuration nouvelles à mon retour du sommet européen de jeudi et vendredi à Bruxelles ».
En clair, Emmanuel Macron donne aux partis politiques 48 heures, le temps pour lui de participer aux sommets de l'Otan et du G7, pour le suivre et éviter le blocage politique.
Une façon de se débarrasser de la patate chaude qui a aussitôt fait dire à Jean-Luc Mélenchon : "Il est vain de dissoudre la réalité du vote en l'enfumant de considérations et d'appels de toutes sortes." Le patron de la LFI en conclut que "l'exécutif est faible, mais l'Assemblée nationale est forte de toute la légitimité de son élection récente".
Reste que les Français, qui se sont largement abstenus lors des dernières élections, paraissent lassés des discours lénifiants des uns et des autres, à en croire la faible audience obtenue par cette allocution, 13,5 millions de télespectateurs selon Médiamétrie, 36,8 millions qui avaient regardé l'intervention d'Emmanuel Macron en avril 2020 à propos de la pandémie.