LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE POUR LE LIBAN À PARIS RÉCOLTE 1 MILLIARD DE DOLLARS
Paris / La Gazette
La conférence internationale pour le Liban qui s'est tenue à Paris jeudi a permis de récolter un milliard de dollars de promesses d'aide humanitaire et de soutien militaire, selon les organisateurs. La France a exhorté Israël à tenir compte du message de cessez-le-feu et à se concentrer sur la diplomatie.
"Nous avons répondu à l'appel lancé par les Nations unies en annonçant des contributions substantielles, 800 millions de dollars auxquels s'ajoutent d'importantes contributions en nature", a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, soit le double du montant qui avait été réclamé, début octobre, par les Nations Unies pour les personnes déplacées. La communauté internationale "a été à la hauteur de l'enjeu", a estimé le ministre français, précisant que les Etats-Unis étaient parmi les principaux contributeurs avec une enveloppe de 300 millions de dollars.
La conférence de Paris a rassemblé plus de 70 pays et 15 organisations internationales pour aider le Liban, où les attaques israéliennes ont déplacé un million de personnes, tué plus de 2 500 personnes et aggravé la crise économique,
Mais la faible présence des États-Unis et l'imminence des élections ont assombri les perspectives d'un arrêt rapide des combats.
"Le message (à Israël) est simple : cessez le feu ! Cessez le feu !" a martelé M. Barrot, réaffirmant qu'une proposition franco-américaine de trêve temporaire était toujours sur la table.
Le président français Emmanuel Macron a appelé les participants à apporter une "aide massive" pour soutenir le pays, la France ayant promis 100 millions de dollars.
"Nous sommes prêts à relever le défi", a dit M. Barrot.
L'Allemagne a promis un total de 96 millions d'euros d'aide humanitaire au Liban et à la Syrie voisine, également très affectée par l'escalade de la violence au Moyen-Orient. L'Italie a annoncé cette semaine une aide supplémentaire de 10 millions d'euros pour le Liban.
Les Nations unies avaient précédemment estimé les besoins humanitaires urgents au Liban à 426 millions de dollars.
Toutefois, les experts préviennent que l'acheminement de l'aide pourrait s'avérer difficile, car la dépendance croissante du Liban à l'égard de l'économie informelle et de l'économie monétaire accroît le manque de transparence et les risques de corruption.
La conférence de Paris visait également à coordonner le soutien international au renforcement des forces armées libanaises afin qu'elles puissent se déployer dans le sud du pays dans le cadre d'un accord potentiel pour mettre fin à la guerre. Un tel accord pourrait permettre au Hezbollah, soutenu par l'Iran, de retirer ses forces de la frontière.
Paris cherche également à aider le Liban à restaurer sa souveraineté et à renforcer ses institutions. Le pays, où le Hezbollah opère comme un État dans l'État, est sans président depuis deux ans, les factions politiques ne parvenant pas à se mettre d'accord sur un nouveau président.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé, dans une vidéo préenregistrée, les dirigeants libanais à "prendre des mesures décisives pour assurer le bon fonctionnement des institutions de l'État afin de relever les défis politiques et sécuritaires urgents du pays".
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a fait l'impasse sur Paris et a semblé faire peu de progrès au cours de sa tournée au Moyen-Orient, dernier effort de paix avant les élections américaines du mois prochain.
Le Premier ministre libanais par intérim, Najib Mikati, a exhorté la communauté internationale à agir.
"L'impact dévastateur de cette guerre sur notre nation ne peut être surestimé, et elle a laissé dans son sillage une traînée de destruction et de misère", a clamé M. Mikati jeudi à Paris.
Malgré les appels répétés à un cessez-le-feu, rien n'indiquait jeudi que le conflit allait s'apaiser.
Une frappe aérienne israélienne a tué tôt jeudi trois soldats libanais, dont un officier, alors qu'ils évacuaient des blessés dans le sud du Liban.
L'armée libanaise a déclaré que les forces israéliennes l'avaient prise pour cible à huit reprises depuis qu'une guerre totale a éclaté entre Israël et le Hezbollah en septembre.
L'armée israélienne a présenté ses excuses pour une frappe effectuée dimanche qui, selon elle, a tué "par erreur" trois soldats. Mercredi, elle a déclaré qu'elle cherchait à savoir si "un certain nombre de soldats de l'armée libanaise avaient été blessés accidentellement" après avoir pris pour cible ce qu'elle affirme être une infrastructure du Hezbollah.
Au cours du mois dernier, Israël a lancé un important bombardement aérien et une invasion terrestre du Liban, avec des frappes sur la capitale, Beyrouth, et ailleurs.
L'Organisation internationale pour les migrations a rapporté qu'environ 800 000 personnes étaient déplacées, dont beaucoup se trouvent désormais dans des abris surpeuplés, tandis que d'autres ont traversé la frontière pour se réfugier en Syrie.
M. Mikati a estimé le nombre de personnes déplacées à plus de 1,4 million, dont 500 000 enfants.
Le gouvernement libanais, à court d'argent, est mal préparé pour faire face à la crise ou à l'augmentation des besoins de son système de santé. Plusieurs hôpitaux ont été évacués en raison des frappes aériennes à proximité et de la crainte d'être pris pour cible.
L'armée libanaise a été durement touchée par cinq années de crise économique. Elle dispose d'un arsenal vieillissant et n'a pas de défenses aériennes, ce qui l'empêche de se défendre contre les incursions israéliennes.
Les participants à la conférence ont discuté de la manière de soutenir la FINUL, la mission de maintien de la paix des Nations unies, forte de 10 500 soldats. Les pays européens, dont la France, l'Italie et l'Espagne, fournissent un tiers de ses troupes.
L'Italie, qui compte plus de 1 000 soldats au sein de la FINUL, fait pression pour que la force de maintien de la paix soit renforcée afin de "pouvoir faire face à la nouvelle situation" sur le terrain, a déclaré un diplomate italien sous couvert d'anonymat pour évoquer les discussions en cours.
M. Guterres a martelé jeudi que "les attaques contre les soldats de la paix de l'ONU sont totalement inacceptables et sont contraires au droit international, au droit international humanitaire et peuvent constituer un crime de guerre".