Lagazette

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES EN FRANCE : LA NOUVEAU FRONT RÉPUBLICAIN CRÉE LA SURPRISE ET RELÈGUE LE RN À LA TROISIÈME PLACE

8 Juillet 2024 09:36 (UTC+01:00)
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES EN FRANCE : LA NOUVEAU FRONT RÉPUBLICAIN CRÉE LA SURPRISE ET RELÈGUE LE RN À LA TROISIÈME PLACE
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES EN FRANCE : LA NOUVEAU FRONT RÉPUBLICAIN CRÉE LA SURPRISE ET RELÈGUE LE RN À LA TROISIÈME PLACE

Paris / La Gazette

La digue bâtie par les partis "républicains" contre le risque de prise de pouvoir de l'extrême-droite a fonctionné... pour cette fois.

Par Jean-Michel Brun

Pour les instituts de sondage, les jeux étaient faits. Le sort de la France était scellé. Pour la première fois de son histoire, l’extrême droite allait être aux manettes du pays qui fut le symbole de la lutte contre le fascisme, le pays des luttes ouvrières et du progrès social, le pays de la Révolution.

Mais en ce moment où se joue l’Euro 2024, le football nous apprend une chose : un match n’est pas terminé tant que le coup de sifflet final n’a pas retenti. Le résultat d’un match gagné ou perdu peut se renverser à la dernière minute. C’est peut-être ce qu’a oublié le Rassemblement National, sûr de sa victoire, qui a baissé la garde en laissant s’exprimer des candidats ouvertement racistes, alors qu’il s’était patiemment ingénié, depuis des années, à essayer de se vêtir des habits de l’honorabilité.

Du côté des Français républicains, au contraire, celui des héritiers de Montaigne, Montesquieu, Zola, on a décidé de se battre. Jusqu’au bout. Ainsi le Nouveau Front Populaire est né. Non pas, comme l’a affirmé la droite française, une alliance de circonstance, un amalgame hétéroclite, mais un front uni des Français humanistes contre la barbarie raciste et xénophobe.

Et le soir de ce dimanche 7 juillet, ce fut la surprise. Les sondages, une fois de plus, massivement contredits. Les Français, une fois encore, et on espère que ce ne sera pas la dernière, ont dit non à l’extrême droite. 182 députés pour le Nouveau Front Populaire, 143 pour l’extrême-droite (RN et LR Ciotti). Le parti présidentiel arrive en deuxième position, avec 168 députés, et perd ainsi 100 élus.

Une chambre sans majorité, c’est une première dans l’histoire de la Ve République. Emmanuel Macron, qui annonçait, en 2017, vouloir une France forte, unie, égalitaire, a réussi l’exploit de briser l’œuvre du Général de Gaulle qui avait fait de la Constitution un outil de stabilité. Sa conception d’un pouvoir présidentiel sans partage l’a conduit à une cinglante défaite, à la ruine de son parti, et au chaos pour la France.

Hier, le Premier ministre, Gabriel Attal a, comme le veut la tradition, présenté sa démission. Il gèrera les « affaires courantes », selon l’expression consacrée. Mais à quelques jours de l’ouverture des Jeux Olympiques de Paris, qui devrait attirer des millions de touristes étrangers, il ne s’agit pas d’une petite affaire.

Reste l’avenir. Sans majorité absolue, le pays se trouver très difficile à gouverner, car la Constitution de la Ve République est précisément prévue pour fonctionner avec une majorité absolue, notamment en cas d’alternance. C’est ce qui a fait la stabilité politique de la France jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à ce que Macron en sape les bases.

Qui sera nommé à la tête du gouvernement par la Président ? Nul ne le sait, car Macron est imprévisible. Les différentes tendances du NFP se mettront-elles d’accord sur un candidat commun ? Les discussions vont aller bon train. Comment se feront les alliances de circonstance, à droite comme à gauche, pour que les lois soient votées ? C’est l’incertitude.

En tous cas, il faut être réaliste. Malgré son écher, le RN a réalisé un score inédit pour un parti d'extrême-droite en France. Les medias, qui ont une grande responsabilité dans la banalisation des idées racistes et xénophobes, ont permis de révéler au grand jour le côté le plus obscur de l'électorat français. L'antisémitisme, instrumentalisé à l'occasion des événements de Gaza, l'islamophobie, mais aussi le racisme anti-noir, s'est exprimé sans complexe. Les idées populistes, largement diffusées par certains medias appartenant à des milliardaires d'extrême-droite, ont conquis la France rurale, et semé des graines qui n'ont pas fini de pousser.

Portée en 2017 par un véritable élan d’espoir face à une casse politique à bout de souffle , la « Macronie » s’est effondrée sous le poids d’un chef autocrate, suffisant, vassal des lobbies, plus soucieux de la sauvegarde des grands intérêts privés que de celui du peuple français. Le barrage contre l’extrémisme a fonctionné fois encore. Mais la gauche française n’a pas droit à l’échec, auquel cas, au prochain scrutin, les digues de la France humaniste cèderont pour de bon.

Loading...
L'info de A à Z Voir Plus