PARTENARIAT MILITAIRE FRANCE-ARMÉNIE : UN ENGAGEMENT DE PLUS EN PLUS FORT ?
Paris / La Gazette
Le partenariat militaire entre la France et l’Arménie marque un tournant pour la diplomatie française dans le Caucase. À Paris, le rapprochement entre la France et l’Arménie voulu par l’Élysée a suscité quelques inquiétudes au sein de la diplomatie française, certains craignant que cette politique ne contribue à accroître les tensions dans la région.
En dépit de sympathies anciennes pour l’Arménie, la France a longtemps maintenu une posture de neutralité entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Un positionnement lié à la co-présidence française du groupe de Minsk, qui vise à faire aboutir un règlement pacifique de ce conflit. Cependant, suite
Cette position a été bousculée par la reprise des hostilités. “L’état-major français a compris que la situation avait changé. Et l’invasion de l’Ukraine a signé l’acte de décès du groupe de Minsk”, confirme cette même source arménienne.
À Paris, le rapprochement entre la France et l’Arménie voulu par l’Élysée a suscité quelques inquiétudes au sein de la diplomatie française, certains craignant que cette politique ne contribue à accroître les tensions dans la région. “Cette volonté vient du président. Derrière, ça suit, mais sans enthousiasme”, assure un participant arménien aux discussions avec le Quai d’Orsay, selon qui la France, avec Emmanuel Macron, serait devenue “plus pro-arménienne que l’Arménie”.
Dans le cadre d’un nouveau partenariat avec l’Arménie, la France a effectué une deuxième livraison de matériel militaire à Erevan. Cette fois, Paris a livré des lots de jumelles Safran à vision nocturne.
Vendredi 23 février, l’Arménie a paraphé un contrat pour l’acquisition de fusils de précision avec la société française PGM, ainsi qu’une convention avec l’académie militaire de Saint-Cyr, pour accueillir cinq militaires arméniens en 2024. Outre les missiles antiaériens Mistral à courte-portée, la fourniture de missiles antiaériens de moyenne et longue portée est également envisageable, a fait savoir Sébastien Lecornu. Et d’ici à la fin décembre, un premier radar GM200 de chez Thales devrait enfin être livré.
Selon une source arménienne, des demandes concernant des canons Caesar auraient également été formulées par l’Arménie lors de la visite de Catherine Colonna en octobre, et à nouveau évoqués à la mi-février lors d’un entretien entre le ministre de la défense arménien et l’ambassadeur de France en Arménie.
De son côté, Bakou juge inapproprié que Paris, qui “ne s’est pas prononcé sur les droits des Azerbaïdjanais déplacés de leurs territoires depuis près de 30 ans, parle des droits et de la sécurité des Arméniens qui ont quitté les territoires de l’Azerbaïdjan de leur propre volonté et sans contrainte”.
L’Azerbaïdjan appelle la France à s’abstenir de “sa politique insidieuse visant à créer de nouvelles tensions dans la région et à entraver la paix et la stabilité” dans la région.
Reste maintenant à savoir comment la France compte mener de front ce double soutien à l’effort de guerre : celui de la guerre en Ukraine et sa volonté de soutenir militairement l’Arménie. Une action qui n’est pas sans risque de provoquer une contre réaction de la part du partenaire historique de l’Arménie, à savoir la Russie.
