LES PUTSCHISTES NIGÉRIENS ACCUSENT LES FORCES FRANÇAISES DE DÉSTABILISER LE PAYS, TANDIS QUE PARIS DÉMENT FERMEMENT LES "ACCUSATIONS INFONDÉES"
Paris / La Gazette
Les putschistes nigériens ont accusé les forces françaises d'avoir libéré des "terroristes" capturés et d'avoir violé l'interdiction de l'espace aérien du pays dans le but de déstabiliser le Niger, la France ayant rapidement rejeté ces allégations.
Les soldats de la garde présidentielle du pays ont pris le pouvoir et détenu le président Mohammad Bazoum le 26 juillet, déclenchant une condamnation internationale et la menace d'une incursion militaire des pays voisins d'Afrique de l'Ouest. Les putschistes ont fermé l'espace aérien nigérien dimanche et ont mis en garde contre toute intervention étrangère.
Dans un discours vidéo diffusé mercredi, le porte-parole des putschistes, le colonel Amadou Abdramane, a affirmé que la France avait libéré 16 « éléments terroristes » qui s'étaient ensuite rassemblés pour planifier une attaque contre des positions militaires nigériennes dans des zones situées le long de la frontière.
Il a affirmé qu'une unité de la Garde nationale avait été attaquée à 6h30 (05h30 GMT) à Bourkou Bourkou, à environ 30 kilomètres de la mine d'or de Samira dans la région de Tillaberi.
Le colonel a également affirmé qu'un avion militaire français avait violé une interdiction de l'espace aérien du pays.
« Nous assistons à un véritable plan de déstabilisation de notre pays, orchestré par les forces françaises », s'est lamenté M. Abdramane. Le porte-parole n'a fourni aucune preuve de ces affirmations.
Le ministère français de l'Europe et des Affaires étrangères a rejeté ces accusations et a déclaré que « le mouvement » de ses avions « a fait l’objet d’un accord préalable et d’une coordination technique avec les forces nigériennes, autorisation confirmée par écrit ».
« Aucune attaque contre un camp nigérien n’a eu lieu. Aucun terroriste n’a été libéré par les forces françaises qui luttent contre ce fléau depuis de nombreuses années au Sahel au péril de la vie de leurs soldats », a assuré la diplomatie française dans un communiqué.
La France est l'ancienne puissance coloniale du Niger et a maintenu des liens étroits avec ce pays, où sont stationnés entre 1 000 et 1 500 soldats français. Mais les putschistes ont révoqué cinq accords de coopération militaire et suspendu la diffusion des chaînes d'information internationales françaises France 24 et RFI.
Les revendications des putschistes interviennent un jour avant que la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ne se réunisse à Abuja pour aborder la crise du Niger.
Lors d'un précédent sommet, la semaine dernière, la CEDEAO avait prévenu qu'elle pourrait intervenir militairement et avait fixé au 6 août la date limite pour que l'armée rétablisse la démocratie et libère M. Bazoum. Aucune action militaire n'a été entreprise à l'expiration de ce délai.
Le chef du bloc régional, Bola Tinubu, également président du Nigeria, membre le plus puissant de la CEDEAO, a dû faire face à l'opposition, tant au niveau national qu'international, pour avoir évoqué la perspective d'une intervention militaire.
Le Mali et le Burkina Faso, suspendus par la CEDEAO à la suite de coups d'État, ont promis leur soutien aux putschistes nigériens.
La prise de pouvoir au Niger est le neuvième coup d'État dans la région du Sahel en trois ans.