DES REPRÉSENTANTS DE LA DIASPORA AZERBAÏDJANAISE MANIFESTENT DEVANT LE SÉNAT EN FRANCE
Paris / La Gazette
Des représentants de la diaspora azerbaïdjanaise ont organisé une manifestation de protestation devant le Sénat français.
Le Sénat examine aujourd'hui une proposition de résolution demandant notamment aux autorités françaises et aux pays de l'Union européenne d'imposer un embargo sur le pétrole et le gaz importés d'Azerbaïdjan. Cette proposition, rédigée par des sénateurs militants de la cause arménienne, renverse en quelque sorte la réalité des responsabilités du conflit du Karabakh en accusant l'Azerbaïdjan d'agression contre l'Arménie.
Cette proposition de résolution a naturellement entrainé la surprise et la consternation au sein de la diaspora azerbaïdjanaise en France qui, malgré son faible poids politique (quelques milliers de représentants contre près d'un million pour la diaspora arménienne), a décidé de réagir.
Une "pétition du peuple azerbaïdjanais adressée au Sénat et au peuple français", publiée le 11 octobre, a déjà recueilli plus de 110 000 signatures. Ce mardi 15 octobre, une manifestation des azerbaïdjanais de France s'est tenue devant le Sénat.
Zaur N. SadigBayli, politologue franco-azerbaïdjanais né à Erevan, a fait partie des 250 azéris d'Arménie expulsés en 1987 afin de laisser à celle-ci les mains libres pour réclamer ensuite l'annexion du Haut-Karabakh, a prononcé un discours où il a d'abord rappelé au Sénat son rôle dans la préservation des valeurs fondamentales de la République Française : les idées de liberté, d’égalité et de fraternité.
L'ATTITUDE BIAISÉE DES MEDIAS FRANÇAIS
Il s'est ensuite ému du manque d'impartialité des medias et de la classe politique française dans le traitement du conflit du Caucase du sud. Une impartialité largement guidée par la diaspora extrémiste arménienne et ses puissants lobbies :
"Malheureusement le blocus médiatique imposé en France par la diaspora arménienne et la quasi-impossibilité pour les Français d’origine Azerbaïdjanaise, ou même ceux qui ont un point de vue neutre sur le sujet, de s’exprimer dans les médias tant écrits qu’audiovisuels français, ont créé les conditions par lesquelles une telle proposition aussi inéquitable a pu être déposée au Sénat." a--t-il regretté.
"Cette proposition" a-t-il ajouté, " fait suite à une campagne unilatérale et biaisé des protagonistes arméniens et de leurs soutiens contre l’Azerbaïdjan, qui tendent à accréditer la thèse d’une agression de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie. Les incidents à la frontière internationale conditionnelle de septembre dernier ont servi de base à ces accusations. Et pourtant, depuis près de deux ans l’Azerbaïdjan ne demande que la paix. Sorti des 26 ans d’occupation arménienne de près des 20 % de son territoire internationalement reconnu, avec près d’un million des réfugiés et des personnes déplacés, le pays a commencé à déminer son sol et reconstruire les territoires anciennement occupés par l’Arménie, pratiquement seul. La France s’est toutefois résolue à apporter sa contribution en fournissant une aide de 500 000 € au programme de déminage", a-t-il précisé .
Il a d'ailleurs rappelé à ce propos que " plus d’un million de mines ont été disséminées sur les territoires anciennement occupés par l’Arménie, et que 270 (deux cent soixante-dix) personnes ont péri depuis 2020 suite à l’explosion de mines ou d’objets piégés [...] Il est aussi incontestable qu’après la signature de l’accord tripartite du 9-10 novembre 2020 des saboteurs sont régulièrement envoyés, depuis le territoire arménien à travers de la frontière internationale conditionnelle, à l’intérieur des terres azerbaïdjanaises dans le but de placer des nouvelles mines et des engins explosifs. Ces faits ont été dument constatés tant par les découvertes ou saisies d’engins qu’à la suite de l’interpellation des saboteurs sur le sol azerbaïdjanais. Les incidents du mois de septembre à la frontière n’ont eu d’autre motifs que d’identifier et interpeller les membres de ces commandos.
Excédée par la multiplication de ces tentatives, l’Azerbaïdjan a entrepris des actions pour déloger des saboteurs et rendre impossible des nouvelles infiltrations, notamment en se saisissant des hauteurs surplombant la frontière conditionnelle. Précisons que le terme « conditionnelle » signifie simplement le fait qu’il existe un vide juridique en absence d’un traité entre les deux pays, ces frontières ayant été tracées arbitrairement par le nouveau pouvoir soviétique pour mettre fin au contentieux du début du XX ème siècle."
DES EXACTIONS ARMÉNIENNES RESTÉES IMPUNIES
En outre, insiste le représentant de la diaspora azerie en France, les forces d'occupation arméniennes se sont livrées à des exactions dont on attend toujours la condamnation ferme de la part des institutions internationales :
"Une fois le contrôle des territoires anciennement occupés par l’Arménie retrouvé, nous avons découvert les traces des crimes divers et variés commis par les forces arméniennes et donc par l’Arménie de facto : la destruction des infrastructures, les pillages du patrimoine, le vandalisme, le trafic des stupéfiants, l’écocide. Des nombreux charniers sont en train d’être découverts sur les territoires anciennement occupés par l’Arménie. Nous sommes d’ailleurs sans nouvelles des 4000 personnes portées disparues durant la guerre de 1990-1994 et la guerre de 2020. L’Arménie refuse de communiquer des cartes des champs des mines, tout comme elle refuse à répondre aux questions sur le sort de ces 4000 disparus."
Il paraît d'autant surréaliste de placer l'Azerbaïdjan sur le banc des accusés que l'Arménie a violé les 4 résolutions successives de du Conseil de Sécurité de l'ONU l'enjoignant à libérer sans délai le Karabakh.
"Durant les 26 longues années, l’Azerbaïdjan a attendu en vain l’exécution de ces 4 résolutions. Les négociations menées par le groupe de Minsk n’ont abouti à rien, précisément parce que le but des négociateurs était de contraindre l’Azerbaïdjan à accepter l’inacceptable : le changement contre son gré du statut constitutionnel de son territoire et consacrer à terme sa perte définitive ! Finalement excédé l’Azerbaïdjan a dû se résoudre à employer la force et son droit de défense légitime conformément à l’article 51 de la Charte des Nations-Unis pour mettre un terme à l’occupation de son territoire." Explique Zaur N. SadigBayli.
"Nous faisons partie intégrante de la Nation Française, et à ce titre nous avons le droit, garanti par la Constitution de la République, d’être entendus." a conclu Zaur SadigBayli, en demandant que les représentants de la diaspora azérie en France puissent être entendu par le Sénat dans le cadre d'une audition officielle.
LE PUISSANT LOBBY ARMÉNIEN EN MARCHE
Rappelons que la proposition de résolution incriminée a été rédigée par 6 sénateurs, qui sont sont à maintes reprises illustrés dans leur soutien aux mouvements séparatistes arméniens : Bruno Retailleau, candidat à la présidence des LR, Christian Cambon, Éliane AssassiI, Patrick Kanner, Hervé Marseille et Gilbert-Luc Devinaz, président du groupe France Arménie. Ces sénateurs s'étaient précédemment rendus en visite officielle en Arménie, et avaient participé, le 23 novembre, à un colloque où étaient réunies les principales personnalités pro-arméniennes de France : Jean-Christophe Buisson, rédacteur en chef adjoint du Figaro-Magazine et soutien indefectible des séparatistes du Karabakh, Pascal Gollnisch, directeur de l’Oeuvre d’Orient, proche de la droite catholique conservatrice, Hovhannès Guervorkian, représentant de la soi-disant république du Haut-Karabagh, Michel Onfray et Valérie Boyer, pourfendeurs médiatique de l'islam en France, François Pupponi, député et président du "cercle d’amitié France-Artsakh", Alain Simonian, président du Parlement arménien, et Hasmik Tolmajian, ambassadrice de la République d’Arménie en France.
Que du beau monde...