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LA CRISE EXISTENTIELLE DE L'EUROPE

2 Décembre 2024 08:29 (UTC+01:00)
LA CRISE EXISTENTIELLE DE L'EUROPE
LA CRISE EXISTENTIELLE DE L'EUROPE

Paris / La Gazette

La victoire de Donald Trump aux États-Unis a pris l'Union européenne dans l'un de ses pires moments. La construction d'une défense commune est encore à venir, tandis que la guerre en Ukraine ne montre aucun signe de fin malgré les 200 milliards d'euros (211,58 milliards de dollars) alloués pour aider Kyiv à se défendre.

L'objectif est connu mais difficile à atteindre : chaque pays doit allouer 2 % de son produit intérieur brut (PIB) à la défense. L'Italie, par exemple, ne l'a pas atteint, mais avec l'arrivée de la nouvelle administration américaine, une défense commune est une nécessité qui ne peut plus être différée, à moins que l'Europe ne veuille se condamner à l'irrélevance. Une chose est certaine : sans l'engagement des États-Unis, la Russie exercerait déjà sa pression sur les pays baltes ou la Pologne. Le risque pour la sécurité européenne augmenterait si Washington réduisait sa contribution financière à l'OTAN ou cessait de soutenir économiquement l'Ukraine.

Pas de meilleure nouvelle non plus sur le front de la croissance, qui est proche de zéro, et surtout dans les pays aux économies les plus importantes comme l'Allemagne. Récemment, à Paris, les trois plus grandes associations industrielles d'Europe, Confindustria, le français Medef et l'allemand Bdi, ont lancé l'alerte sur le risque de déindustrialisation et de déclin du vieux continent. Dans les cent premiers jours de son mandat, la nouvelle Commission européenne devra montrer aux marchés et aux gouvernements européens qu'elle est prête pour un changement décisif, sinon la crise ne pourra qu'empirer. Si l'on regarde le PIB par habitant, celui des États-Unis est passé de 48 374 dollars en 2010 à 85 373 dollars aujourd'hui, celui de l'UE de 32 966 dollars à 42 443 dollars.

Dans ce contexte, le président élu Donald Trump arrive avec ses promesses : baisse d'impôts pour les entreprises, déréglementation massive et droits de douane sur les produits manufacturés européens entre 10 % et 20 %. L'afflux de nouveaux capitaux vers les États-Unis peut rendre encore plus dévastateur notre retard dans les technologies de pointe sur les grandes plateformes Web et l'intelligence artificielle.

Mais c'est précisément en période difficile que l'UE a réussi à évoluer, comme lorsque, après la chute du mur de Berlin ou pendant la crise financière, elle a réussi à renforcer la banque centrale et l'union bancaire ou, encore, le plan de relance de 800 milliards d'euros lancé avec l'arrivée de la pandémie. Maintenant, c'est le moment d'un nouveau saut qualitatif. L'UE a besoin d'une véritable intégration dans la défense et ses systèmes industriels, d'une nouvelle Euro-obligation pour l'intégration physique et technologique des systèmes énergétiques décarbonés, et d'un marché européen de capitaux privés pour faire croître de grandes entreprises continentales capables de rivaliser sur un pied d'égalité dans le monde.

L'UE a besoin d'un nouveau pacte transatlantique basé sur la sécurité et l'intérêt mutuel. L'alternative pour les gouvernements européens serait de se précipiter à Washington dans le désordre pour obtenir, chacun pour soi, plus d'attention de la Maison Blanche, affaiblissant ainsi la solidarité européenne.

"L'Europe doit changer ou risquer une lente agonie", a lancé en septembre l'ancien Premier ministre italien et ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi dans son rapport sur la compétitivité. "Un défi existentiel" qui devient encore plus urgent avec l'arrivée de M. Trump.

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