SCHOLZ RENVOIE LE MINISTRE ALLEMAND DES FINANCES
Paris / La Gazette
Le chancelier allemand Olaf Scholz a démis de ses fonctions le ministre des finances Christian Lindner, membre du parti pro-business des Libres Démocrates, selon un porte-parole du gouvernement qui s'est entretenu avec l'agence dpa mercredi soir.
Cette décision intervient alors que la coalition gouvernementale allemande risque de s'effondrer.
Ce limogeage intervient après plusieurs jours de discussions de crise entre la coalition de M. Scholz, composée des sociaux-démocrates, du parti pro-économique FDP et des Verts du ministre de l'économie Robert Habeck.
M. Scholz a déclaré qu'il avait limogé le ministre des finances rebelle, Christian Lindner, parce qu'il n'y avait plus de "base de confiance" et qu'il était donc impossible de travailler ensemble.
"Il a rompu ma confiance trop souvent... Un travail gouvernemental sérieux n'est pas possible dans de telles circonstances", a estimé M. Scholz lors d'une conférence de presse.
Le principal point d'achoppement est la manière de combler un énorme trou dans le budget 2025, les partis étant en désaccord sur la manière de s'attaquer à l'économie allemande en difficulté. L'opposition, quant à elle, appelle à l'éclatement de la coalition et ouvre la voie à des élections anticipées.
Avant le limogeage, M. Lindner avait suggéré à M. Scholz d'ouvrir la voie à des élections législatives anticipées, car les partis n'étaient pas d'accord sur les questions de politique économique et financière, a appris dpa auprès de participants aux discussions au plus haut niveau de la coalition.
Les prochaines élections allemandes sont prévues pour septembre 2025, mais M. Scholz a précisé qu'il organiserait un vote de confiance le 15 janvier, ce qui pourrait ouvrir la voie à des élections fédérales anticipées en mars.
Une réunion du comité de coalition qui se tiendra plus tard dans la journée de mercredi se concentrera sur la manière de combler le trou d'un milliard d'euros dans le budget 2025 et sur la manière de remettre l'économie allemande sur les rails.
Après des semaines de querelles intestines, de nombreux Allemands se demandent si le gouvernement actuel survivra aux 11 mois qui nous séparent des prochaines élections.
Les réunions au sommet non coordonnées et les propositions divergentes des dirigeants ont alimenté le conflit entre les partenaires de la coalition.
Si les dirigeants ne parviennent pas à un accord mercredi, le gouvernement pourrait être au bord de l'effondrement.
M. Scholz a appelé tous les partenaires de la coalition à trouver une solution et à donner la priorité au pays plutôt qu'aux convictions des différents partis.
"En ce qui concerne la situation des travaux futurs du gouvernement, il s'agit de se sentir engagé pour le pays, et non pour une idéologie", a-t-il dit mardi à Berlin. "Et il est clair que nous pouvons le faire. À cet égard, la question n'est pas de savoir si c'est possible, mais si c'est possible, et tout le monde doit y travailler dès maintenant."
Les Libres Démocrates ont poussé à des changements dans la politique économique du pays, dont certains ont été exprimés par M. Lindner dans un document de 18 pages qui a été divulgué aux médias la semaine dernière.
Le parti rejette catégoriquement les augmentations d'impôts ou les modifications des limites strictes que l'Allemagne s'impose à elle-même en matière d'endettement, et affirme qu'il est temps de faire des économies, par exemple sur les allocations pour les chômeurs de longue durée.
Les hommes politiques de gauche souhaitent que l'État investisse massivement et rejettent toute idée de réduction des programmes de protection sociale, ainsi que de nombreuses autres idées proposées par M. Lindner dans son document de la semaine dernière.
L'économie allemande devrait se contracter en 2024 pour la deuxième année consécutive, ou au mieux stagner, sous l'effet de chocs extérieurs et de problèmes internes tels que la bureaucratie et la pénurie de main-d'œuvre qualifiée.