L’UE ORGANISE UN VOYAGE DE PRESSE EN ARMÉNIE
Paris / La Gazette
L'Union Européenne, silencieuse pendant les 30 ans où l'Azerbaïdjan a été occupé, organise un voyage de presse en Arménie pour sensibiliser les journalistes au sort des anciens occupants du Karabakh obligés de retourner dans leur pays. Le million d'Azerbaïdjanais victimes de nettoyage ethnique depuis 1987 apprécieront..
Pendant presque 30 ans, le cinquième du territoire azerbaïdjanais a été occupé par les forces arméniennes qui y ont chassé les habitants, non d’ailleurs pour les remplacer, puisque seules quelques terres ont été habitées, comme la ville de Khankendi, rebaptisée Stepanakert, en l’honneur d’un combattant bolchévique arménien, mais pour en raser les maisons, les temples religieux, les écoles, les théâtres, les musées, les hôpitaux. Avec le nettoyage ethnique de 1987, au cours duquel les azeris vivant en Arménie ont été chassés avec la complicité du régime soviétique, c’est un million d’Azerbaïdjanais qui se sont trouvés jetés sur les routes et obligés de quitter leurs terres natales.
Lorsqu’en 2020, l’armée azerbaïdjanaise a commencé à libérer ces territoires, l’Union Européenne n’a envoyé aucune mission d’observation sur place, et a fortiori n’a appelé aucun journaliste à constater de visu les destructions de masse opérées par les Arméniens dans le Karabakh, non plus que les centaines de milliers de mines dont ils ont piégé les anciens territoires occupés.
En revanche, lorsque 100 000 « squatters » civils de Khankendi ont dû plier bagage et retourner en Arménie, non d’ailleurs à la demande des Azerbaïdjanais, mais sur ordre des activistes arméniens, l’Union Européenne s’est émue sur leur sort.
« Il y a un an, une offensive militaire dans la région contestée du Haut-Karabakh a forcé la quasi-totalité de la population arménienne du Karabakh à fuir ses foyers. En conséquence, plus de 100 000 personnes sont arrivées en Arménie. Les personnes récemment déplacées ont dû faire face à divers défis lorsqu'elles ont été contraintes de recommencer leur vie. Un an plus tard, beaucoup dépendent toujours de l'aide humanitaire pour répondre à leurs besoins fondamentaux. » rapporte le site du MEPC (Mécanisme de protection civile de l’UE), beaucoup moins touché, semble-t-il, par le million d’Azerbaïdjanais qui avaient été chassés de leurs terres.
Pour faire bonne mesure, ou plutôt deux poids et deux mesures, l’UE a accordé une aide financière et matérielle aux 100 000 « réfugiés » de Khandendi :
“L’UE est l’un des principaux donateurs humanitaires en Arménie. En réponse à l’escalade de la violence en septembre 2023, l’UE a fourni plus de 12 millions d’euros d’aide humanitaire, auxquels s’ajoutent 5,5 millions d’euros supplémentaires alloués en 2024 pour renforcer les opérations en Arménie. Ce financement soutient les personnes déplacées et vulnérables en leur garantissant l’accès aux besoins de base, aux soins de santé, au logement, à la nourriture et à la protection”, a indiqué le MEPC.
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'UE "chouchoute" l'Arménie : n avril 2024, la Commission européenne a présenté un plan de résilience et de croissance en faveur de l'Arménie pour la période 2024-2027, doté d'une enveloppe de 270 millions d'euros. Ce plan vise à "renforcer la résilience socio-économique de l'Arménie".
La Commission européenne et la République d'Arménie ont récemment annoncé "l'ouverture d'un dialogue sur la libéralisation du régime des visas. Ce processus vise à aider l'Arménie à conclure avec l'Union un accord accordant une exemption de visa pour les court séjours"
Et comme si cela n’était pas suffisant, c’est en Arménie, et non au Karabakh dévasté sous l’occupation, que le MEPC a décidé d’organiser, du 4 au 7 novembre, un voyage de presse.
Au cours de ce voyage de presse, rapporte le site du MEPC, les journalistes « pourront découvrir les projets humanitaires en Arménie, interviewer les réfugiés bénéficiant de l’aide humanitaire financée par l’UE et rencontrer l’équipe humanitaire de l’UE sur le terrain. »
Il vaut mieux refermer ici les guillemets, histoire que ne se répande pas l’odeur nauséabonde qui se dégage de ces textes.