RELATIONS PRO-RUSSES: L’EUROPE VA-T-ELLE SANCTIONNER LA HONGRIE ?
Paris / La Gazette
Depuis le 1er juillet 2024, la Hongrie assure la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. Une présidence qui a commencé par un tollé avec une visite de Viktor Orbán à Vladimir Poutine, suivi par une visite en Chine, sans concertation avec les autres leaders européens. Pour l’heure, l’U.E n’a déclenché que des sanctions symboliques mais les choses pourraient s’aggraver d’ici la fin de l’année.
C’est la première fois qu’un leader européen se rend à Moscou depuis l’invasion massive de l’Ukraine en 2022. Aussitôt, les réactions ne se font pas attendre. Ursula Von der Leyen la présidente de la Commission, Charles Michel le président du Conseil, Josep Borell le Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères prennent la plume pour dénoncer ce voyage et préciser qu’il ne se fait pas au nom de l’Union européenne.
Le malaise est d’autant plus grand, que, ce 5 juillet 2024, cela ne fait que cinq jours que la Hongrie a pris la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Beaucoup s’inquiètent que ce coup d’éclat de Viktor Orbán soit interprété comme une action au nom de l’Union.
Un coup d’éclat qui ne s’arrête pas là, dans la foulée, le Premier ministre Hongrois s’est rendu en Chine aux cotés de Xi Jinping, puis aux Etats-Unis à la rencontre de Donald Trump. Les leaders européens fulminent.
Résultat, la Commission européenne demande à ses commissaires de boycotter toutes les réunions informelles organisées en Hongrie. Une décision quasi inédite dans l’histoire de l’Union européenne.
Du côté du Parlement Européen, des sanctions symboliques ont également été annoncées. D’ordinaire les ministres hongrois viennent présenter leur feuille de route devant les commissions parlementaires, mais celles-ci refusent de les voir jusqu’à la mi-septembre.
Un boycott inédit, mais très symbolique, aucune sanction d’ampleur n’est pour l’instant avancée, même si certaines voix s’élèvent pour retirer sa présidence à la Hongrie et l’attribuer tout de suite à la Pologne qui doit prendre son tour le premier janvier prochain.
Au total, 25 États membres « ont exprimé leur mécontentement ou leur colère face au déroulement de la présidence hongroise », ont indiqué plusieurs diplomates. La Slovaquie n’a pour sa part pas participé à la discussion.
Toutefois, le boycott demeure, pour le moment, marqué par des divisions au sein même des États membres de l’U.E, vu que seuls 10 pays sur 26 étaient contre. L’Autriche et les Pays-Bas ont du mal à sanctionner Orbán alors qu’ils vont devoir faire des coalitions avec la droite radicale dans leur pays. De même, le Luxembourg et la Grèce ne souhaitent tout simplement pas créer de précédent en sanctionnant la Hongrie.
Pour l’instant, les implications des discussions qui auront lieu lors de la Conférence des présidents sont encore incertaines, mais les relations entre Budapest, et par extension la présidence hongroise, et les 26 autres États membres deviendront probablement plus tendues pour la suite, après « quelques semaines seulement de la présidence de Viktor Orbán ».