L'UE CHERCHE À RENOUER SES LIENS AVEC LA TURQUIE
Paris / La Gazette
L'Union européenne accélère ses plans d'amélioration des relations avec la Turquie, dans le but de renforcer les liens commerciaux l'année prochaine, même si Ankara se tourne de plus en plus vers des groupes multilatéraux rivaux en raison de sa frustration face à la stagnation des progrès avec Bruxelles.
L'organe exécutif de l'UE et les États membres travaillent sur un plan en trois étapes visant à multiplier les réunions de haut niveau, à reprendre les opérations de la Banque européenne d'investissement (BEI) en Turquie et à entamer des discussions pour moderniser l'union douanière entre les deux Parties.
Cet effort fait partie de la stratégie de l'UE visant à renforcer les alliances contre l'invasion de l'Ukraine par la Russie, où elle cherche à obtenir l'aide de la Turquie pour éviter que les sanctions ne soient contournées. La Turquie joue également un rôle crucial dans le contrôle de l'immigration irrégulière en Europe et joue un rôle essentiel dans la défense en tant qu'allié de l'OTAN.
Cependant, la Turquie est de plus en plus insatisfaite de ses relations plus larges avec l'Europe, en particulier en matière de commerce et de défense, citant des retards dans des questions telles que les voyages sans visa et les mises à jour de l'union douanière.
Ankara explore des alliances alternatives avec d'autres blocs, notamment l'Organisation de coopération de Shanghai et le groupe BRICS, en raison de sa frustration vis-à-vis de l'UE. La Turquie a signé un accord d'union douanière avec l'UE en 1995 et est candidate à l'adhésion au bloc depuis 2005, mais les négociations d'adhésion stagnent depuis des années.
Les responsables turcs soulignent que la Turquie recherche des progrès tangibles sur des questions spécifiques plutôt que des promesses d'adhésion vides, critiquant des pays comme la France et l'Allemagne qui ne reconnaissent pas l'importance stratégique de la Turquie.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est plaint des restrictions sur les exportations d'armes des pays de l'UE, appelant l'Allemagne à lever son blocage sur la vente d'avions Eurofighter Typhoon à la Turquie. Cette demande intervient peu de temps après la réduction d'un contrat de 23 milliards de dollars conclu avec les États-Unis pour l'achat de F-16 et d'autres contrats d'équipement de défense.
L'approche proposée par l'UE comprend un nouveau dialogue de haut niveau sur le commerce, des plans pour reprendre les activités de la BEI en Turquie après l'été et des efforts pour faciliter les demandes de visa pour les étudiants et les hommes d'affaires. Si les progrès se poursuivent, les négociations visant à actualiser l'union douanière pourraient débuter l'année prochaine.
L'accord d'union douanière couvre les biens industriels mais exclut les services, les marchés publics et la plupart des produits agricoles. Des concessions commerciales bilatérales s'appliquent aux produits agricoles, au charbon et à l'acier.
Les dirigeants de l'UE ont approuvé une stratégie graduelle visant à améliorer les liens avec la Turquie, soulignant que l'engagement constructif de la Turquie est essentiel pour faire progresser la coopération bilatérale. Ils soulignent l'importance de la réciprocité et des progrès graduels, notamment en ce qui concerne la question chypriote. Chypre reste divisée entre les Chypriotes grecs et les Chypriotes turcs, l'intervention de la Turquie en 1974 ayant permis de s'emparer du tiers nord de l'île.
