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KARABAKH : UN QUARTERON DE DÉPUTÉS EUROPÉENS ATLANTISTES REPREND À SON COMPTE LE MYTHE DE L’AGRESSÉ AGRESSEUR.

28 Juin 2024 17:07 (UTC+01:00)
KARABAKH : UN QUARTERON DE DÉPUTÉS EUROPÉENS ATLANTISTES REPREND À SON COMPTE LE MYTHE DE L’AGRESSÉ AGRESSEUR.
KARABAKH : UN QUARTERON DE DÉPUTÉS EUROPÉENS ATLANTISTES REPREND À SON COMPTE LE MYTHE DE L’AGRESSÉ AGRESSEUR.

Paris / La Gazette

Une poignée de 15 députés européens viennent de signer une déclaration commune sur papier en-tête du Parlement Européen, ce qui n’est pas interdit, mais n’engage en rien le parlement, reprenant à son compte la propagande éculée de l’Azerbaïdjan agresseur de son propre pays, ce que même le premier ministre arménien réfute.

En gros, pour ne pas dire de façon grossière, les signataires estiment que la réponse de l’Azerbaïdjan (et de la Russie naturellement) à l’égard de la coopération militaire entre la France et l’Arménie, est une « réaction arrogante ». Ils accusent, une fois encore l’Azerbaïdjan d’avoir procédé au « nettoyage ethnique de plus de 140 000 Arméniens du Haut-Karabakh » et accusent Commission européenne et le SEAE (la diplomatie européenne) de fermer les yeux. Ils réclament bien entendu des sanctions contre le « régime dictatorial d’Aliev pour ses actions destructrices qui sapent la paix et la sécurité régionales, comme pour la question des droits de l’homme. »

On connaît la chanson, mais il est bon de rappeler pourquoi cet air-là a de quoi écorcher les oreilles. Les signataires oublient, ou font semblant d’oublier, que ce sont les forces arméniennes qui ont pénétré sur le territoire azerbaïdjanais après la chute de l’Union Soviétique pour s’emparer du Karabakh et des régions avoisinantes. Près du cinquième du territoire azerbaïdjanais a été ainsi occupé pendant presque trente ans. L’Azerbaïdjan, alors affaiblie volontairement par le régime soviétique n’était pas en mesure de résister à la puissante armée et a préféré la négociation. Mais celle-ci a été systématiquement refusée par le régime arménien, ce qui amené l’Azerbaïdjan, trente plus tard à recourir à la force pour libérer son territoire. Un territoire quatre fois reconnu comme azerbaïdjanais part les Nations Unis, par des votes auxquels la France elle-même avait apporté ses voix. La théorie de l’agression azerbaïdjanaise est juste un renversement des faits, une « fake-history ».

Ensuite, la raison principale de la convoitise de l’Arménie sur le Karabakh a peu de choses à voir avec une quelconque revendication patrimoniale. Ce sont les ressources minières, en or notamment, de cette petite enclave peu fertile, qui ont attiré des industriels peu scrupuleux comme Ruben Vardanayan, appuyé par des forces supplétives qui avaient fait leurs classes au Liban en compagnie des groupes armés palestiniens.

Enfin, le « nettoyage ethnique » dont les Arméniens auraient été les victimes est encore un reversement, peut-être le pire, de la réalité. Comment un pays, l’Azerbaïdjan, qui est l’un des pays au monde les plus cosmopolites et multi-culturels, aurait pu procéder à une tel crime ? Les habitants arméniens du Karabakh n’ont pas été chassé, mais incités à partie par les forces arméniennes elles-mêmes, car le maintien de leur présence aurait été, à leurs yeux, l’acceptation de la fin définitive de l’imaginaire « République d’Arstakh ». Le seul nettoyage ethnique qui ait eu lieu dans la région est celui qui fut orchestré par les Arméniens en 1987, puis en 1993, chassant d’Arménie, puis du Karabakh près d’un million d’Azerbaïdjanais. Mais les interminables files de réfugiés, marchant dans la neige, enfants sur le dos, vieillards dans les bras, ayant tout abandonné de ce qui fut leur vie et celle de leurs ancêtres, cela n’émeut guère les députés qui n’ont d’yeux que pour les Arméniens. Pourquoi ? Ils n’ont, pour la plupart, jamais mis les pieds au Caucase, sinon, pour quelques-uns dans des voyages officiels organisés. Simplement parce que, dans une région qu’ils voient comme musulmane, l’Arménie chrétienne est perçue comme un ver dans le fruit islamo-turcique.

Il faut dire que les signataires de la déclaration ne sont pas des inconnus. Atlantistes convaincus, l’idée qu’un nouveau monde détaché de la toute puissance financière américaine, soit en train d’émerger est leur pire cauchemar.

Parmi les signataires français, Raphaël Glucksmann, a été élu comme tête de liste des européennes sous la bannière du parti socialiste moribond. Il fut, jusqu’en 2012, le conseiller très pro-occidental du président géorgien Mikheil Saakachvili, et finit par épouser Ekaterina Zgouladze qui deviendra vice-ministre de l’intérieur. Mais après la révélations des tortures pratiquées dans les prisons géorgiennes sous la direction de Ekaterina Zgouladze , le couple s’enfuit en Ukraine où il participe à la révolution de Maïdan, téléguidée par la sous-secrétaire d’État américaine Victoria Nuland. Ekaterina est nommée encore une fois vice-ministre de l’intérieur, en Ukraine cette fois, part la président pro-américain Porochenko. Saakachvili obtiendra la nationalité ukrainienne et sera nommé gouverneur d’Odessa. IL est actuellement en prison pour des affaires de corruption en Géorgie. Voilà pour Glucksmann.

Céline Imart est aussi bien connue. Sciences-Po-ESSEC devenue « paysanne », elle travailla dans le groupe Bolloré, avant de devenir une apôtre de la culture intensive et industrielle, au sein du syndicat des grands exploitants agricoles, la FNSEA. Elle a bataillé contre l’interdiction du glyphosate, et s’est engagée dans l’aide la plus droitière des Républicains aux côté de François-Xavier Bellamy, lui aussi signataire de la déclaration. L’agriculture mondialisée capitaliste dans toute sa splendeur.

Quant à François-Xavier Bellamy , catholique tendance intégriste, il fut l’un des créateurs de la « Manif pour tous » qui luttait contre le mariage homosexuel, et à l’occasion de la présidentielle de 2022, a préconisé un rapprochement avec le journaliste d'extrême-droite Eric Zemmour qui annonçait sa candidature à cette élection, afin de faire face au « défi de civilisation » qui s’annoncerait.

C’est François-Xavier Bellamy qui a coopté les autres signataires français de la déclaration.

Du joli monde donc, que beaucoup de choses séparent mais qu’unit une même détestation de la Turquie, l’Azerbaïdjan et la Russie

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