L'EUROPE CONFRONTÉE À DES PÉNURIES D'APPROVISIONNEMENT EN GAZ NATUREL
Paris / La Gazette
L'Europe se prépare à une concurrence féroce pour les approvisionnements en gaz naturel cette année, ce qui continuera à faire grimper les coûts de l'énergie pour les consommateurs et les industries.
Le continent a du mal à atteindre ses objectifs de stockage pour l'hiver prochain, une situation aggravée par l'arrêt des livraisons de gazoducs russes via l'Ukraine depuis la fin de leur accord de transport. Cela a préparé le terrain pour une dernière ruée vers le gaz naturel liquéfié (GNL) avant que la nouvelle capacité de production mondiale de GNL ne commence à atténuer la tension sur l'approvisionnement l'année prochaine.
Bien que l'Europe dispose de suffisamment de réserves pour passer cet hiver, le temps froid a commencé à épuiser les stocks. Pour couvrir sa demande, l'Europe devra importer 10 millions de tonnes supplémentaires de GNL, soit environ 10 % de plus qu'en 2024, la concurrence devant s'intensifier au fur et à mesure que l'année avance. La demande accrue de GNL déplacera les approvisionnements d'Asie, où des pays comme l'Inde, le Bangladesh et l'Égypte risquent d'être exclus du marché en raison de la volonté de l'Europe de payer des primes plus élevées.
Les contrats à terme sur le gaz en Europe sont actuellement environ 45 % plus élevés qu'à la même période l'année dernière, et les prix restent trois fois plus élevés qu'avant la crise. Cette concurrence pour le GNL pourrait entraîner une guerre des enchères qui rendrait encore plus difficile pour les pays en développement de sécuriser leurs approvisionnements, augmentant potentiellement les coûts à l'échelle mondiale.
La situation est particulièrement difficile pour l'Allemagne, qui dépendait fortement du gaz russe avant la guerre en Ukraine. La sécurité énergétique est une question clé avant les élections de février en Allemagne, les partis politiques étant divisés sur la manière de faire face à la hausse des coûts de l'énergie et de garantir les approvisionnements futurs. Pendant ce temps, des pays comme le Brésil et l'Argentine rencontrent également des difficultés pour répondre à leurs besoins en GNL.
Alors que les exportateurs de GNL, en particulier les États-Unis, devraient augmenter leur production, l'équilibre global du marché dépendra de la rapidité avec laquelle les nouvelles installations pourront commencer à fonctionner. Les États-Unis devraient augmenter leurs exportations de GNL de 15 % en 2025, bien que le rythme reste incertain en raison d'une montée en production plus lente.
