Lagazette

Paris / La Gazette

L'arrêt du transit de gaz russe vers l'Europe via l'Ukraine aura un effet "drastique" sur l'Union européenne, a averti mercredi le Premier ministre slovaque Robert Fico, malgré les déclarations de la Commission européenne selon lesquelles le bloc s'était préparé à cette coupure.

"Arrêter le transit de gaz via l'Ukraine aura un impact drastique sur nous tous dans l'UE mais pas sur la Fédération de Russie", a déclaré M. Fico sur Facebook.

Les exportations de gaz russe via les pipelines datant de l'époque soviétique traversant l'Ukraine se sont arrêtées le jour de l'An, marquant la fin de décennies de domination de Moscou sur les marchés énergétiques européens.

Le gaz avait continué à couler malgré près de trois ans de guerre, mais la société gazière russe Gazprom a déclaré qu'il s'était arrêté à 5 heures GMT après que l'Ukraine ait refusé de renouveler un accord de transit.

Les derniers acheteurs de gaz russe via l'Ukraine dans l'UE, tels que la Slovaquie et l'Autriche, ont organisé un approvisionnement alternatif, tandis que la Hongrie continuera de recevoir du gaz russe via le gazoduc TurkStream sous la mer Noire.

Mais la Transnistrie, une région sécessionniste pro-russe voisine de l'Ukraine, également dépendante des flux de transit, a coupé l'approvisionnement en chauffage et en eau chaude aux ménages tôt mercredi matin. La société énergétique locale Tirasteploenergo a exhorté les habitants à s'habiller chaudement, à suspendre des couvertures ou des rideaux épais aux fenêtres et aux portes de balcon, et à utiliser des chauffages électriques.

La Commission européenne a annoncé que l'UE s'était préparée à la coupure.

"L'infrastructure gazière européenne est suffisamment flexible pour fournir du gaz d'origine non russe", a déclaré un porte-parole de la commission. "Elle a été renforcée avec des capacités d'importation de GNL (gaz naturel liquéfié) significatives depuis 2022."

La Russie et l'ancienne Union soviétique ont passé un demi-siècle à constituer une part importante du marché européen du gaz, qui, à son apogée, représentait environ 35 %. Mais l'UE a réduit sa dépendance à l'énergie russe depuis le début de la guerre en Ukraine en achetant davantage de gaz par pipeline en provenance de Norvège et de GNL en provenance du Qatar et des États-Unis.

L'Ukraine, qui a refusé de prolonger l'accord de transit, a déclaré que l'Europe avait déjà pris la décision d'abandonner le gaz russe.

Fournitures alternatives

L'Ukraine perdra jusqu'à 1 milliard de dollars par an en frais de transit en provenance de Russie. Pour aider à compenser l'impact, elle quadruplera les tarifs de transmission de gaz pour les consommateurs domestiques à partir de mercredi, ce qui pourrait coûter à l'industrie du pays plus de 1,6 milliard de hryvnias (38,2 millions de dollars) par an.

Gazprom va perdre près de 5 milliards de dollars en ventes de gaz.

L'entreprise a interrompu l'approvisionnement de l'OMV autrichien à la mi-novembre en raison d'un différend contractuel, mais ces dernières semaines, le gaz russe atteint l'Autriche via la Slovaquie à un rythme d'environ 200 gigawattheures (GWh) par jour.

Pour le 1er janvier, seuls environ 7 GWh par jour devraient transiter de la Slovaquie vers l'Autriche, a précisé le régulateur énergétique autrichien E-Control.

Le principal acheteur de gaz de Slovaquie, SPP, a déclaré qu'il approvisionnerait ses clients principalement via des pipelines en provenance d'Allemagne et également de Hongrie, mais qu'il ferait face à des coûts de transit supplémentaires.

Les routes de pipelines combinées en provenance de Russie ont livré un volume record de 201 milliards de mètres cubes (bcm) de gaz en Europe en 2018.

La route du Nord Stream à travers la mer Baltique vers l'Allemagne a été détruite en 2022 et le gazoduc Yamal-Europe via la Biélorussie est également fermé.

La Russie a expédié environ 15 bcm de gaz via l'Ukraine en 2023, contre 65 bcm lorsque le dernier contrat quinquennal a commencé en 2020.