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COMMENT LES PAYS RICHES EN PÉTROLE DÉVELOPPENT LES ÉNERGIES PROPRES : LA COP29 À BAKOU SERVIRA DE PLATEFORME CRUCIALE DANS LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

10 Novembre 2024 10:22 (UTC+01:00)
COMMENT LES PAYS RICHES EN PÉTROLE DÉVELOPPENT LES ÉNERGIES PROPRES : LA COP29 À BAKOU SERVIRA DE PLATEFORME CRUCIALE DANS LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
COMMENT LES PAYS RICHES EN PÉTROLE DÉVELOPPENT LES ÉNERGIES PROPRES : LA COP29 À BAKOU SERVIRA DE PLATEFORME CRUCIALE DANS LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

Paris / La Gazette

Alors que le monde accélère sa transition vers l'énergie verte, de nombreux pays adoptent des approches uniques pour mieux intégrer les pratiques durables et réduire leur dépendance aux combustibles fossiles. Les nations riches en pétrole et en gaz, telles que la Norvège, les Émirats Arabes Unis (EAU), le Brésil, l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan, développent des stratégies façonnées par des facteurs géographiques, économiques et politiques.

Nous examinons comment ces pays investissent les recettes pétrolières dans l'économie verte et quelles sont les idées qu'ils proposent pour un avenir énergétique durable.

Les pays pétroliers et gaziers et la diversification économique

La Norvège, le troisième plus grand exportateur de gaz naturel au monde, redirige des ressources financières pour investir dans la construction d'une nouvelle base industrielle nationale axée sur les technologies d'énergie verte. Les Émirats arabes unis, bien que retardés dans ce domaine, ont initié un changement en accueillant la conférence COP28 sur le changement climatique de l'ONU, démontrant comment la richesse des combustibles fossiles peut soutenir une transition verte. L'Azerbaïdjan, qui accueillera la COP29 en novembre, se positionne comme un leader régional dans la transition vers l'énergie verte, ouvrant potentiellement des voies d'exportation d'énergie propre vers les pays voisins. Le Brésil, prochain hôte de la COP30, met l'accent sur le rôle de l'énergie renouvelable dans les économies en développement. Avec un potentiel significatif en énergies renouvelables, le Kazakhstan finance des initiatives climatiques pour soutenir une transition énergétique durable en Asie centrale.

Ces pays illustrent diverses voies vers une économie verte, chacune façonnée par des réalités économiques et des impératifs environnementaux différents. Leurs expériences indiquent qu'une économie verte réussie dépend non seulement de l'adoption de sources d'énergie renouvelable, mais aussi de l'équilibre entre les facteurs environnementaux, économiques et politiques. À mesure que de plus en plus de nations entreprennent cette transformation, ces modèles serviront d'exemples clés pour naviguer dans le parcours complexe vers un avenir durable.

La révolution de l'énergie renouvelable en Norvège

Alors que la demande mondiale en énergie augmente, les compagnies pétrolières norvégiennes utilisent les revenus pétroliers pour mener une révolution de l'énergie verte. Avec un fonds souverain de 1,4 trillion de dollars, principalement généré par les bénéfices pétroliers, la Norvège canalise des ressources substantielles vers les énergies renouvelables. Les compagnies pétrolières norvégiennes sont à la pointe de l'innovation verte, réaffectant la richesse pétrolière pour faire progresser les énergies renouvelables. Avec des milliards investis dans les parcs éoliens offshore, la production d'hydrogène et les technologies de capture et de stockage du carbone (CSC), les ambitions vertes de la Norvège ont établi une référence dans la transition énergétique. Bien que des défis subsistent, les compagnies pétrolières norvégiennes démontrent qu'un avenir durable peut être construit en utilisant les ressources du passé.

Ces dernières années, des compagnies pétrolières comme Equinor, Aker BP et Norsk Hydro ont de plus en plus alloué des fonds pétroliers à l'énergie verte. Le ministère norvégien du Pétrole et de l'Énergie rapporte qu'Equinor a à lui seul engagé environ 10 milliards de dollars dans des projets d'énergie renouvelable d'ici 2030. Une grande partie de ce financement est destinée aux parcs éoliens offshore, aux technologies de capture et de stockage du carbone (CSC) et à la production d'hydrogène — un portefeuille qui reflète l'aspiration de la Norvège à mener le monde en matière d'innovation dans les énergies renouvelables.

Aker BP et Norsk Hydro font également des investissements substantiels. Aker BP, en partenariat avec Aker Group, a lancé Aker Horizons, une filiale axée sur les projets d'énergie renouvelable, avec plus de 2 milliards de dollars de financement initial. Norsk Hydro, historiquement un géant de l'aluminium, a réorienté une partie de son capital vers les énergies renouvelables, en particulier l'hydroélectricité et l'hydrogène vert, avec un budget annuel d'investissement dans l'énergie propre d'environ 300 millions de dollars.

L'accent mis par la Norvège sur l'énergie éolienne en mer est évident dans des projets comme le parc éolien de Dogger Bank d'Equinor. Situé en mer du Nord, ce projet devrait devenir le plus grand parc éolien offshore au monde une fois achevé en 2026, avec une capacité de production prévue de 3,6 GW.

La Norvège investit également dans l'hydrogène, une source d'énergie à faibles émissions destinée à remplacer les combustibles fossiles dans divers secteurs. Equinor construit une usine d'hydrogène bleu qui intègre la CCS pour rendre le processus neutre en carbone. Le projet Hydrogen Valley, basé à Rogaland, recevra plus d'un milliard de dollars de financement d'ici 2025 et devrait produire 150 000 tonnes d'hydrogène bleu par an, ciblant l'industrie lourde et le transport.

Ambitions vertes et richesse pétrolière des Émirats arabes unis

Les Émirats arabes unis, l'un des plus grands producteurs de pétrole au monde, ont pris des mesures ambitieuses pour devenir un acteur clé du secteur mondial de l'énergie verte, comme en témoigne leur accueil de la COP28. Reconnaissant la volatilité des marchés pétroliers et la pression croissante pour réduire les émissions de carbone, la stratégie des Émirats arabes unis combine son secteur énergétique traditionnel avec des investissements substantiels dans des projets renouvelables, visant à réduire son empreinte carbone et à diversifier sa base économique. La « stratégie énergétique des Émirats arabes unis 2050 » vise à atteindre 50 % d'énergie propre dans son mix énergétique global d'ici 2050, réduisant ainsi l'empreinte carbone de la production d'électricité de 70 %.

Des projets notables comme le parc solaire Mohammed bin Rashid Al Maktoum, qui devrait devenir l'un des plus grands parcs solaires mono-site au monde, et la centrale nucléaire de Barakah soulignent l'engagement du pays envers les énergies renouvelables. De plus, Masdar City, un développement urbain durable pionnier, incarne l'accent mis par les Émirats arabes unis sur l'innovation technologique et environnementale.

D'un point de vue économique, l'approche des Émirats arabes unis est unique car elle utilise les revenus pétroliers pour financer des projets verts, allégeant ainsi le fardeau fiscal de la transition. Cette approche offre des leçons sur l'utilisation des ressources fossiles limitées pour développer des capacités renouvelables et diversifier l'économie.

Cependant, les critiques soutiennent que la dépendance continue des Émirats arabes unis aux exportations de combustibles fossiles pourrait contredire ses ambitions écologiques. Équilibrer ces facteurs et maintenir la croissance économique au milieu de la fluctuation des prix du pétrole reste un défi central. Néanmoins, la stratégie des Émirats arabes unis démontre que même les économies dépendantes du pétrole peuvent passer à l'énergie verte avec les bons investissements et une vision à long terme.

Les biocarburants et l'hydroélectricité du Brésil

Le Brésil, grande puissance pétrolière et agricole, et hôte de la COP30, se positionne également comme un leader mondial des énergies renouvelables, en mettant l'accent sur les biocarburants, l'hydroélectricité et, de plus en plus, l'énergie éolienne et solaire.

Le Brésil génère environ 80 % de son électricité à partir de sources renouvelables, principalement l'hydroélectricité, mais il tire également parti de son vaste secteur agricole pour produire des biocarburants, en particulier de l'éthanol à partir de la canne à sucre. Cette dépendance aux biocarburants a permis au Brésil de réduire sa dépendance au pétrole, bien que des préoccupations environnementales persistent, notamment en ce qui concerne l'utilisation des terres et la déforestation.

Pour le Brésil, la transition verte a des implications directes pour son économie et son marché du travail. Les investissements dans les secteurs renouvelables comme l'énergie éolienne et solaire créent des emplois dans les zones rurales et urbaines, favorisant le développement économique local.

La transition énergétique positionne également le Brésil comme un acteur clé dans la lutte contre les problèmes climatiques mondiaux, bien que le pays fasse face à des défis sociaux et politiques importants. La forêt amazonienne, cruciale pour l'absorption mondiale du carbone, reste menacée par la déforestation due à l'agriculture et à l'élevage. Équilibrer la conservation de l'environnement avec les exigences économiques est crucial, car la réputation écologique du Brésil dépend de sa capacité à protéger ces écosystèmes critiques.

Impact de la COP29 sur la politique énergétique de l'Azerbaïdjan

L'Azerbaïdjan, longtemps connu pour ses vastes réserves de pétrole et de gaz, a récemment accéléré sa transition vers l'énergie verte. Le pays utilise les revenus des exportations de pétrole pour développer une infrastructure énergétique durable en accord avec les objectifs mondiaux de décarbonisation.

Depuis son indépendance, l'Azerbaïdjan a accumulé une richesse considérable grâce aux exportations de pétrole, en particulier via le Fonds d'État pour le pétrole de l'Azerbaïdjan. (SOFAZ). En 2023, le FOSEF détenait plus de 53 milliards de dollars, principalement provenant des revenus pétroliers et gaziers. Initialement utilisés pour les infrastructures et les programmes sociaux, une partie de ces fonds est désormais allouée à des projets d'énergie verte, contribuant ainsi à diversifier le mix énergétique national.

L'Azerbaïdjan consacre une part croissante de sa richesse pétrolière aux énergies renouvelables. Les chiffres officiels indiquent qu'entre 1,5 et 2 milliards de dollars ont déjà été investis dans des projets d'énergie renouvelable, y compris l'éolien, le solaire et l'hydroélectricité. L'objectif est d'augmenter la part des énergies renouvelables dans le bilan énergétique national à 30 % d'ici 2030, soutenue par ces investissements financés par le pétrole.

Des investissements significatifs ont été réalisés dans des projets d'énergie renouvelable à grande échelle, tels que le parc éolien de Khizi-Absheron de 240 MW et la centrale solaire de Garadagh de 230 MW, tous deux censés jouer un rôle clé dans la réduction de la dépendance de l'Azerbaïdjan aux combustibles fossiles.

Dans le développement de l'énergie verte, l'Azerbaïdjan collabore avec des entreprises comme Masdar (Émirats Arabes Unis) et ACWA Power (Arabie Saoudite) pour tirer parti de leur expertise dans les projets d'énergie renouvelable. Le pays prévoit de construire de grandes centrales solaires et éoliennes d'une capacité totale de 7 GW, dont 2,5 GW provenant des projets éoliens d'ACWA Power.

L'Azerbaïdjan élabore également des plans pour exporter de l'énergie verte à travers la mer Caspienne vers l'Europe via le « Corridor de l'énergie verte ». D'ici 2027, il vise à achever des projets énergétiques de 2,8 milliards de dollars, y compris la construction de huit centrales solaires et éoliennes.

De plus, l'Azerbaïdjan a conclu des accords avec le Kazakhstan et l'Ouzbékistan pour établir une coentreprise pour ce corridor. Le projet de câble de la mer Noire pour transmettre de l'énergie « verte » entre l'Azerbaïdjan, la Géorgie et l'Europe est actuellement à l'étape de l'étude de faisabilité, et les principaux résultats devraient être présentés lors de la COP29 à Bakou.

La COP29, la prochaine conférence climatique de l'ONU à Bakou, représente une opportunité significative pour l'Azerbaïdjan. En mettant en avant ses projets d'énergie verte et son engagement envers les énergies renouvelables, l'Azerbaïdjan espère attirer de nouveaux investissements internationaux et renforcer la collaboration avec les institutions financières mondiales. Les experts en énergie estiment que les investissements stratégiques de l'Azerbaïdjan dans les énergies vertes pourraient apporter à la fois des avantages économiques et environnementaux.

Les progrès constants du Kazakhstan vers la neutralité carbone

Selon Francesco La Camera, Directeur général de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), le Kazakhstan a le potentiel de devenir un leader régional dans la production d'énergie verte, grâce à ses ressources renouvelables abondantes et à sa position stratégique.

« Le Kazakhstan a un potentiel immense pour développer les énergies renouvelables. En exploitant ses ressources éoliennes et solaires et en investissant dans de nouvelles technologies comme l'hydrogène vert, le Kazakhstan peut diversifier son mix énergétique, renforcer la sécurité énergétique et mener la transition énergétique durable en Asie centrale », a estimé La Camera.

Le Kazakhstan, engagé en faveur du développement durable, a signé l'Accord de Paris le 2 août 2016. Avant de signer officiellement le document, Astana a démontré son engagement envers les objectifs de l'Accord en présentant sa Contribution Nationale Déterminée (CND) dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui inclut des objectifs pour :

- Réduire inconditionnellement les émissions de GES de 15 % d'ici décembre 2030, par rapport aux niveaux de 1990.

- Réduire conditionnellement les émissions de GES de 25 % d'ici décembre 2030, compte tenu des investissements internationaux supplémentaires, de l'accès aux mécanismes de transfert de technologies à faible émission de carbone, du financement du Fonds vert pour le climat et des mécanismes flexibles pour les économies en transition.

En décembre 2020, lors du Sommet sur l'Ambition Climatique, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, a annoncé un nouvel objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici 2060, réaffirmant l'engagement du Kazakhstan envers l'Accord de Paris, formellement approuvé en février 2023.

La « Stratégie pour atteindre la neutralité carbone de la République du Kazakhstan d'ici 2060 » décrit les approches nationales et les orientations stratégiques de la politique étatique pour transformer l'économie afin d'assurer le bien-être, une croissance économique durable et un progrès social équitable. Dans le cadre de cet effort, des conditions favorables ont été créées au Kazakhstan pour la mise en œuvre de projets d'énergie renouvelable.

Depuis 2018, le processus de sélection pour de tels projets est mené par un mécanisme d'enchères avec un achat garanti d'énergie renouvelable par un seul acheteur. D'une part, cette approche garantit la transparence et la clarté dans le processus de sélection des projets et des investisseurs ; d'autre part, elle favorise une concentration sur des technologies plus efficaces et des projets qui minimisent l'impact sur les tarifs des utilisateurs finaux en raison de l'ajout de capacités d'énergie renouvelable.

Un autre mécanisme soutenant le secteur est l'indexation annuelle des tarifs, qui facilite la croissance continue du secteur des énergies renouvelables et aide à atteindre des objectifs de développement spécifiques. Les investisseurs kazakhs et étrangers bénéficient des mêmes opportunités pour obtenir des préférences. Notamment, depuis 2013, le Kazakhstan a mis en place le seul Système National d'Échange de Quotas d'Émissions dans la CEI (KazETS), visant à encourager les entreprises à réduire les émissions et à promouvoir les technologies vertes.

Actuellement, le Kazakhstan dispose de 147 installations d'énergie renouvelable avec une capacité installée totale de 2,9 GW, comprenant 59 parcs éoliens, 46 centrales solaires, 39 centrales hydroélectriques et 3 centrales à biogaz. En 2023, les installations d'énergie renouvelable ont produit 6,675 milliards de kWh, soit 5,92 % de l'électricité totale générée.

Des entreprises comme General Electric, Eni, Total, Hevel Solar et HydroChina opèrent déjà avec succès dans ce secteur. Des projets majeurs pour la construction de parcs éoliens et solaires sont en préparation avec des investisseurs étrangers tels que Total, Masdar et Acwa Power.

D'ici la fin de 2023, 16 nouvelles installations d'énergie renouvelable ont été mises en service avec une capacité installée totale de 495,57 MW. D'ici 2030, le pays prévoit de mettre en service 7 GW supplémentaires de capacité d'énergie renouvelable, visant à augmenter la part des renouvelables dans le bilan énergétique à 15 %.

Selon le gouvernement de la République du Kazakhstan, le concept de transition vers une économie « verte » est en cours depuis plus de 10 ans. Pendant cette période, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique du pays a atteint 4,5 %. Le traitement des déchets a atteint 25 % pour les déchets industriels et 39 % pour les déchets ménagers.

Ainsi, le Kazakhstan démontre un potentiel croissant pour le développement des énergies renouvelables et d'autres technologies vertes, tant dans la construction de nouvelles centrales électriques que dans la localisation de la production des composants nécessaires.

Pour le Kazakhstan, équilibrer la stabilité économique avec l'adoption de la transition énergétique est très important. En investissant dans le traitement avancé des hydrocarbures et en élargissant les capacités des énergies renouvelables, le pays pourrait jouer un rôle clé dans la transition mondiale vers un avenir à faible émission de carbone, tout en répondant également à ses propres défis environnementaux.

La prochaine conférence climatique COP29 à Bakou sera une plateforme cruciale dans la lutte contre le changement climatique, où des propositions complètes sur la réduction des émissions, la transition vers les énergies vertes et nucléaires, ainsi que des solutions aux problèmes environnementaux régionaux seront présentées.

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