L'AGENCE INTERNATIONALE DE L'ÉNERGIE DÉVOILE LES PERSPECTIVES ÉNERGÉTIQUES MONDIALES 2024
Paris / La Gazette
Alors que le monde est confronté à un paysage énergétique complexe, il est essentiel de disposer d'informations solides et fondées sur des données. Les Perspectives énergétiques mondiales 2024 (World Energy Outlook 2024) de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) présente trois scénarios principaux et des cas de sensibilité, explorant les incertitudes relatives aux énergies renouvelables, à la mobilité électrique, au GNL et à l'impact de l'IA et des vagues de chaleur sur la demande d'électricité.
Selon le rapport, ces scénarios mettent en évidence des voies pour le secteur de l'énergie, guidant les décideurs politiques sur leurs implications pour les marchés, la sécurité et les émissions.
Le World Energy Outlook 2024 souligne que les risques géopolitiques restent un défi majeur pour la sécurité énergétique mondiale. Toutefois, les équilibres sous-jacents du marché se relâchent, ce qui ouvre la voie à une concurrence plus intense entre les différents combustibles et technologies. Selon le rapport, la seconde moitié des années 2020 pourrait être marquée par une surabondance de l'offre de pétrole et de GNL, ainsi que par un excédent important de la capacité de production de technologies clés en matière d'énergie propre, telles que les systèmes photovoltaïques solaires et les batteries. Ces excédents pourraient servir de tampon contre de nouvelles perturbations du marché tout en exerçant une pression à la baisse sur les prix.
Le rapport indique que le maintien et l'accélération de la dynamique des énergies propres dans un contexte de baisse des prix des combustibles fossiles présentent un ensemble de défis différents. La transition vers les énergies propres s'accélère, avec plus de 560 gigawatts (GW) de nouvelles capacités renouvelables ajoutées au niveau mondial en 2023, indique le rapport. Les investissements dans les projets d'énergie propre approchent les 2 000 milliards de dollars par an, soit près du double du montant combiné consacré aux nouveaux approvisionnements en pétrole, en gaz et en charbon. Selon le rapport, cette vague d'investissements a fait passer la capacité de production d'énergie renouvelable de 4 250 GW aujourd'hui à 10 000 GW d'ici à 2030 dans le scénario STEPS. Bien que ce chiffre soit inférieur à l'objectif de triplement fixé lors de la COP28, il reste suffisant pour répondre à la croissance prévue de la demande mondiale d'électricité.
Toutefois, le rapport souligne également que le déploiement des énergies propres n'est pas uniforme selon les technologies et les pays. La Chine, par exemple, représentait 60 % de la capacité renouvelable mondiale ajoutée en 2023. Selon l'AIE, la production d'énergie solaire photovoltaïque de la Chine devrait à elle seule dépasser la demande totale d'électricité des États-Unis au début des années 2030. Le rapport souligne les difficultés d'intégration de cette nouvelle capacité renouvelable dans les systèmes électriques et se demande si l'expansion des infrastructures pourra suivre le rythme de la demande.
La demande mondiale d'électricité explose à mesure que le monde évolue vers un système énergétique plus électrifié. Le rapport indique que la consommation d'électricité a augmenté deux fois plus vite que la demande globale d'énergie au cours de la dernière décennie, les deux tiers de cette croissance provenant de la Chine. L'AIE prévoit que la demande mondiale d'électricité pourrait augmenter de 6 %, soit 2 200 térawattheures (TWh), en 2035 par rapport aux prévisions de l'année précédente, sous l'effet de facteurs tels que la consommation de l'industrie légère, la mobilité électrique, le refroidissement et les centres de données alimentés par l'IA.
Le rapport ajoute que l'IA et les centres de données, bien qu'importants, ne sont pas les seuls moteurs de l'augmentation de la demande d'électricité. Selon le rapport, des facteurs tels que des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses et des normes plus strictes pour les appareils tels que les climatiseurs pourraient ajouter plus de 1 200 TWh à la demande mondiale de refroidissement d'ici 2035, ce qui équivaut à la totalité de la consommation d'électricité du Moyen-Orient aujourd'hui.
L'AIE insiste sur le potentiel d'accélération de la transition vers les énergies propres grâce à une capacité de production importante pour des technologies telles que le photovoltaïque solaire et les batteries lithium-ion. Selon le rapport, la capacité de production solaire devrait être multipliée par six, pour atteindre plus de 1 100 GW par an, ce qui est proche des niveaux requis dans le scénario NZE. Cet excédent offre la possibilité d'accélérer l'adoption des énergies propres, en particulier dans les économies en développement, où les obstacles à l'investissement et au financement freinent souvent les progrès.
Le rapport conclut sur un message clair : le monde a la capacité d'accélérer la transition vers un avenir énergétique plus propre, mais cela nécessite une action concertée. Selon le rapport, les investissements dans les énergies propres, les engagements politiques et les innovations technologiques sont essentiels pour répondre à la demande croissante d'énergie tout en réduisant la dépendance à l'égard des combustibles fossiles. D'ici à 2030, l'AIE prévoit que les énergies propres pourraient suffire à répondre à l'ensemble de la nouvelle demande énergétique mondiale, ce qui entraînerait un pic de la consommation de combustibles fossiles.
Cependant, des défis subsistent, notamment en ce qui concerne la réalisation des objectifs, tels que le doublement du taux mondial d'amélioration de l'efficacité énergétique d'ici à 2030. Selon le rapport, bien que des progrès aient été accomplis, ces objectifs restent inaccessibles en l'absence de cadres politiques plus solides et d'efforts internationaux coordonnés.
