AIE: LE MONDE ENTRE DANS L'ÈRE DE L'ÉLECTRICITÉ APRÈS LE PIC DES COMBUSTIBLES FOSSILES
Paris / La Gazette
Le monde est à l'aube d'une nouvelle "ère de l'électricité", la demande en combustibles fossiles devant atteindre son maximum d'ici la fin de la décennie, ce qui signifie que les excédents de pétrole et de gaz pourraient favoriser les investissements dans les énergies vertes, a déclaré l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans ses prévisions annuelles, publiées mercredi.
Toutefois, l'AIE a également souligné le niveau élevé d'incertitude lié aux conflits qui secouent le Moyen-Orient et la Russie, pays producteurs de pétrole et de gaz, et aux élections qui se tiendront en 2024 dans des pays représentant la moitié de la demande mondiale d'énergie.
"Au cours de la seconde moitié de cette décennie, la perspective d'une offre plus abondante, voire excédentaire, de pétrole et de gaz naturel, en fonction de l'évolution des tensions géopolitiques, nous ferait entrer dans un monde énergétique très différent", a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE, dans un communiqué accompagnant son rapport annuel.
Les excédents de combustibles fossiles entraîneraient probablement une baisse des prix et permettraient aux pays de consacrer davantage de ressources aux énergies propres, ce qui ferait entrer le monde dans "l'ère de l'électricité", a déclaré M. Birol.
"Dans l'histoire de l'énergie, nous avons connu l'ère du charbon et l'ère du pétrole", a-t-il déclaré.
"Nous entrons maintenant à grande vitesse dans l'ère de l'électricité, qui définira le système énergétique mondial à l'avenir et sera de plus en plus basée sur des sources d'électricité propres".
À plus court terme, il est également possible que les approvisionnements soient réduits si le conflit au Moyen-Orient perturbe les flux de pétrole.
L'AIE a déclaré que de tels conflits mettaient en évidence la pression exercée sur le système énergétique et la nécessité d'investir pour accélérer la transition vers des "technologies plus propres et plus sûres".
Selon l'AIE, un nombre record d'énergies propres ont été mises en service l'année dernière dans le monde, dont plus de 560 gigawatts (GW) de capacités de production d'énergie renouvelable. Environ 2 000 milliards de dollars devraient être investis dans les énergies propres en 2024, soit près du double du montant investi dans les combustibles fossiles.
Dans son scénario basé sur les politiques gouvernementales actuelles, la demande mondiale de pétrole culmine avant 2030 à un peu moins de 102 millions de barils/jour (mb/j), puis retombe aux niveaux de 2023 (99 mb/j) d'ici à 2035, en grande partie à cause de la baisse de la demande du secteur des transports due à l'augmentation de l'utilisation des véhicules électriques.
Le rapport décrit également l'impact probable sur les prix futurs du pétrole de la mise en œuvre de politiques environnementales plus strictes à l'échelle mondiale pour lutter contre le changement climatique.
Dans le scénario des politiques actuelles de l'AIE, les prix du pétrole tombent à 75 dollars le baril en 2050, contre 82 dollars le baril en 2023.
Ce chiffre est à comparer aux 25 dollars le baril en 2050 si les mesures prises par les gouvernements sont conformes à l'objectif de réduction des émissions du secteur de l'énergie à un niveau net nul d'ici là.
Bien que le rapport prévoie une augmentation de la demande de gaz naturel liquéfié (GNL) de 145 milliards de mètres cubes (mmc) entre 2023 et 2030, il indique que cette augmentation sera dépassée par une augmentation de la capacité d'exportation d'environ 270 mmc au cours de la même période.
"L'excédent de capacité de GNL devrait créer un marché très compétitif, au moins jusqu'à ce qu'il soit résorbé, avec des prix dans les principales régions importatrices s'élevant en moyenne à 6,5-8 dollars par million d'unités thermiques britanniques (mmBtu) d'ici à 2035", indique le rapport.
Les prix du GNL asiatique, considérés comme une référence internationale, se situent actuellement autour de 13 dollars par million d'unités thermiques britanniques.
