INVASION RUSSE: L'AIE AVERTIT DE GRAVES CONSÉQUENCES POUR L'APPROVISIONNEMENT EN GAZ DE L'UE
Paris / La Gazette
L'avenir du transit de gaz russe à travers l'Ukraine demeure très incertain, selon les dernières prévisions de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), alors que les accords de transit et d'interconnexion entre la Russie et l'Ukraine doivent expirer à la fin de 2024.
Bien que le gaz russe transitant par l'Ukraine ne représentait qu'une petite part de la demande totale de gaz de l'UE en 2023, un éventuel arrêt de ces flux pourrait avoir des répercussions significatives sur les marchés d'Europe centrale et orientale, en particulier en Autriche, en Hongrie, en Slovaquie et en Moldavie.
Dans le cadre d'un contrat de cinq ans signé entre Gazprom et Naftogaz Ukrainy en 2019, les volumes de gaz transitant par l'Ukraine ont chuté, passant de 90 milliards de mètres cubes en 2019 à moins de 15 milliards de mètres cubes en 2023. Selon l'AIE, rien qu'en l'année dernière, les flux de gaz russes à travers l'Ukraine ont chuté de 28 %, avec seulement 12,8 bcm atteignant l'Union européenne et 1,8 bcm allant vers la Moldavie.
Bien que le gaz russe transitant par l'Ukraine ne représentait pas plus de 4 % de la demande totale de gaz de l'UE en 2023, il était crucial pour certains pays, couvrant environ 65 % des besoins en gaz combinés de l'Autriche, de la Hongrie et de la Slovaquie. Cependant, la Hongrie a effectivement réduit sa dépendance à cette voie en 2024, compliquant encore la situation.
L'opérateur ukrainien de transport de gaz a déclaré publiquement qu'il ne renouvellerait pas l'accord d'interconnexion avec Gazprom, selon les prévisions de l'AIE, ce qui augmente la probabilité que le transit de gaz à travers l'Ukraine s'arrête en janvier 2025. Cela entraînerait une perte d'environ 6 bcm de fourniture de gaz à l'UE au premier trimestre de 2025, nécessitant des importations de GNL européennes plus élevées pour compenser. Un tel changement pourrait intensifier la concurrence avec les marchés asiatiques pour les cargaisons de GNL flexibles, resserrant les conditions du marché mondial du gaz.
Alors que l'Autriche, la Hongrie et la Slovaquie sont peu susceptibles de faire face à des risques d'approvisionnement immédiats en raison de leur forte capacité de stockage et de leur connectivité intermédiaire, la vulnérabilité de la Moldavie est beaucoup plus grande. Une coopération étroite entre la Moldavie et ses partenaires internationaux sera essentielle pour garantir sa sécurité énergétique durant l'hiver 2024/25.
La situation reste fluide, les négociations géopolitiques pouvant influencer le résultat final, mais le temps presse alors que la région se prépare à ce qui pourrait être un hiver critique pour l'approvisionnement en énergie, selon toujours les prévisions de l'AIE.
