L'ÉNERGIE NUCLÉAIRE EN TANT QUE SOLUTION ÉNERGÉTIQUE PROPRE POUR LE SECTEUR DU TRANSPORT MARITIME
Paris / La Gazette
L'idée de navires porte-conteneurs à propulsion nucléaire gagne du terrain alors que l'industrie mondiale du transport maritime cherche des solutions durables pour réduire les émissions de carbone.
Alors que la demande mondiale d'énergie propre augmente et que les nations cherchent des alternatives aux combustibles fossiles, les porte-conteneurs à propulsion nucléaire apparaissent comme une solution prometteuse pour réduire les émissions des cargos.
Dans ce secteur en pleine évolution, trois entreprises ont lancé une étude approfondie pour évaluer divers aspects, notamment la faisabilité réglementaire et la viabilité technologique.
Lloyd's Register (LR), CORE POWER et AP Moller - Maersk se sont associés pour explorer les cadres nécessaires à la mise en œuvre de porte-conteneurs à propulsion nucléaire, utilisant des réacteurs avancés de quatrième génération.
L'étude évaluera les mises à jour nécessaires des règlements de sécurité et l'amélioration de la compréhension opérationnelle et réglementaire requise pour incorporer l'énergie nucléaire dans le transport maritime par conteneurs.
"Depuis que Maersk a lancé sa stratégie de transition énergétique en 2018, nous explorons activement une gamme d'options énergétiques à faibles émissions pour notre flotte", a déclaré Ole Graa Jakobsen, responsable de la technologie de la flotte chez A.P. Moller - Maersk.
M. Jakobsen reconnaît que si l'énergie nucléaire présente des défis importants - tels que les problèmes de sécurité, la gestion des déchets et l'acceptation réglementaire -, ses inconvénients ont jusqu'à présent éclipsé ses avantages potentiels.
L'énergie nucléaire pourrait devenir une voie de décarbonisation pour l'industrie logistique d'ici 10 à 15 ans
Il a souligné que si les défis associés à l'énergie nucléaire peuvent être surmontés grâce au développement de nouvelles conceptions de réacteurs de quatrième génération, celle-ci pourrait devenir une voie de décarbonisation viable pour l'industrie de la logistique dans les 10 à 15 prochaines années.
"C'est pourquoi nous continuons à suivre et à évaluer cette technologie, ainsi que toutes les autres solutions à faibles émissions", a ajouté M. Jakobsen.
L'étude s'appuiera sur l'expertise combinée de Lloyd's Register (LR) en tant que conseiller de confiance de l'industrie maritime, sur le travail innovant de CORE POWER dans le domaine de la technologie de l'énergie nucléaire avancée pour les applications maritimes, sur une autorité portuaire de premier plan et sur la vaste expérience de Maersk en matière de transport maritime et de logistique.
"Le lancement de cette étude conjointe marque le début d'une aventure passionnante visant à libérer le potentiel de l'énergie nucléaire dans l'industrie maritime", a estimé Nick Brown, PDG de Lloyd's Register. "Elle ouvre la voie à des opérations sans émissions, à des réseaux de services plus agiles et à une plus grande efficacité tout au long de la chaîne d'approvisionnement".
M. Brown a souligné qu'une stratégie multi-carburants est essentielle pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de l'Organisation maritime internationale (OMI). Il a ajouté que la propulsion nucléaire semble être un élément prometteur de cette transition énergétique.
"Il n'y a pas de net-zéro sans nucléaire", a insisté Mikal Bøe, PDG de CORE POWER. M. Bøe a renchéri que la clé pour libérer le potentiel de l'énergie nucléaire dans la transformation de l'énergie maritime réside dans l'établissement d'un cadre normalisé pour l'assurabilité commerciale des centrales nucléaires flottantes et des navires à propulsion nucléaire. Ceux-ci fonctionneraient dans des environnements proches du rivage, dans les ports et dans les voies navigables.
"Nous sommes très heureux de collaborer avec certains des acteurs les plus estimés de l'industrie européenne pour définir les conditions nécessaires à la réalisation de cet objectif", s'est-il réjoui.
L'intérêt pour les navires à propulsion nucléaire dépasse les frontières de l'Europe. En Chine, le chantier naval public de Jiangnan a conçu un porte-conteneurs megamax de 24 000 EVP utilisant la technologie du réacteur à sels fondus (MSR). Sa société mère, China State Shipbuilding Corporation (CSSC), a présenté ce porte-conteneurs nucléaire ultra-large comme une solution viable pour parvenir à zéro émission tout au long du cycle d'exploitation du navire, selon Logistics Insider.
