MARCHÉ DU GAZ NATUREL EN ALLEMAGNE : ÉVOLUTION DE LA DYNAMIQUE DES PRIX DANS UN CONTEXTE DE CHANGEMENTS DE L'OFFRE
Paris / La Gazette
Depuis la fin de l'année 2022, l'Allemagne a complètement cessé d'importer du gaz naturel en provenance de la Fédération de Russie, une pratique qui était maintenue depuis de nombreuses années. Cet arrêt a entraîné le remplacement du gaz russe par des importations en provenance des Pays-Bas et de la Norvège.
Comme la tendance se poursuit, les données statistiques du neuvième mois de 2023 indiquent que la part de la Norvège dans l'approvisionnement global en gaz naturel de l'Allemagne a grimpé à 48 %, atteignant ainsi un niveau sans précédent.
En premier lieu, le coût plus élevé du gaz naturel importé par rapport au gaz russe pourrait potentiellement ralentir les taux de production. Dans le même temps, l'adoption d'une énergie coûteuse provenant de sources alternatives pourrait encourager les entreprises industrielles à envisager de se délocaliser dans des pays disposant de ressources énergétiques plus abordables.
Franziska Holz, directrice adjointe du département "Énergie, transports, environnement" de l'Institut allemand de recherche économique (DIW Berlin), a déclaré à l'agence Trend qu'en Allemagne, et ailleurs en Europe, le prix du gaz naturel sur le marché de gros est le résultat d'un équilibre entre l'offre et la demande.
"En d'autres termes, le gaz russe n'était pas moins cher que le gaz norvégien ou le GNL à l'époque car, depuis le début des années 2010 et la fin de l'indexation du prix du pétrole, les importateurs européens paient le prix de gros européen. Les prix actuels sont toujours plus élevés qu'avant que la Russie ne réduise ses livraisons à l'Europe (depuis l'été 2021), soit près de 50 % de plus que le niveau de prix des années 2010. (30 - 35 €/MWh pendant l'hiver 2023/24, contre ~20 € /MWh pendant les années 2010, contre 300+ €/MWh au pic de l'été 2022)", a-t-elle expliqué.
Mme Holz a ajouté que les prix du gaz sont encore loin des pics de l'été 2022, car il est clair qu'il n'y a pas de pénurie de gaz en raison de la disponibilité abondante de gaz provenant d'autres sources telles que la Norvège et le GNL.
"Aujourd'hui, ce ne sont pas les coûts d'importation qui rendent la consommation de gaz plus onéreuse pour le consommateur final, mais les taxes et autres charges. Or, les taxes telles que les taxes sur le CO2 existent pour une bonne raison : elles rendent les émissions dues à l'utilisation du gaz naturel plus coûteuses et incitent à ne pas utiliser le gaz naturel et à opter pour des solutions plus respectueuses du climat. L'Allemagne et l'Union européenne ont clairement fixé une date butoir pour l'utilisation du gaz naturel, l'objectif étant d'atteindre la neutralité climatique d'ici 2045 (Allemagne) / 2050 (UE)", a poursuivi l'expert.
