L'INDE "SOUTIENT PLEINEMENT" L'EXPANSION DES BRICS
Paris / La Gazette
L'Inde « soutient pleinement l'expansion » du groupe des BRICS, a martelé le Premier ministre Narendra Modi, alors que les dirigeants des cinq principales économies émergentes se réunissent pour le deuxième jour du sommet des BRICS.
« Nous nous réjouissons d'aller de l'avant avec un consensus sur ce point », a déclaré M. Modi dans son discours d'ouverture de la réunion à Johannesburg mercredi.
Ces commentaires constituent l'indication la plus claire à ce jour que l'Inde soutiendra les projets d'expansion du groupe au-delà des cinq membres principaux. La Russie et la Chine sont les championnes de l'expansion, et l'Afrique du Sud la soutient également, comme l'a confirmé le président Cyril Ramaphosa dimanche.
Des analystes ont précédemment suggéré que l'Inde et le Brésil, des pays qui placent traditionnellement le non-alignement au cœur de leur politique étrangère, pourraient ne pas être aussi enthousiastes à l'égard de l'élargissement.
Les autorités sud-africaines affirment que plus de 40 pays du Sud ont manifesté leur intérêt pour rejoindre les BRICS, et que plus de 20 d'entre eux ont formulé des demandes officielles d'adhésion.
Selon l'agence de presse Reuters, des divisions de longue date sont réapparues lors de la première journée de négociations, mardi. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a insisté que le groupe ne devait pas chercher à rivaliser avec les États-Unis et les économies du G7.
On pensait que le Brésil était le principal opposant à l'élargissement, craignant qu'il ne dilue l'influence du groupe.
Mais mardi, M. Lula a laissé entendre qu'il souhaitait voir l'Argentine, voisin et principal partenaire commercial du Brésil, rejoindre le groupe : « Il est très important que l'Argentine fasse partie des BRICS », a-t-il opiné.
L'Argentine est aux prises avec une inflation historique, un manque de réserves de change et des remboursements de dette lourds dans le cadre d'un accord de prêt de 44 milliards de dollars avec le Fonds monétaire international (FMI).
M. Lula a critiqué les prêts du FMI, qu'il a qualifiés d'« asphyxiants », et a évoqué la possibilité que la banque des BRICS augmente ses prêts à d'autres pays ayant des « critères différents » afin de stimuler leurs économies.
« Nous voulons que les BRICS soient une institution multilatérale, et non un club exclusif », a exhorté M. Lula. Tout nouveau membre devra remplir certaines conditions, afin que le groupe ne devienne pas une « tour de Babel », a-t-il ajouté.
M. Ramaphosa, M. Lula, M. Modi et le président chinois Xi Jinping participent en personne à ce sommet de trois jours, tandis que le président russe Vladimir Poutine y assiste virtuellement.
Dans les remarques qu'ils ont formulées mercredi, les dirigeants ont mis l'accent sur différents domaines prioritaires pour leurs pays respectifs.
M. Ramaphosa s'est concentré sur les partenariats avec l'Afrique et sur la manière dont les BRICS pourraient mettre les intérêts du continent à l'ordre du jour. Il a également indiqué qu'une annonce serait faite concernant les changements proposés que le groupe espère mettre en œuvre dans le cadre du système financier international.
« Nous sommes préoccupés par le fait que les systèmes financiers et de paiement mondiaux sont de plus en plus utilisés comme instruments de contestation géopolitique. La reprise économique mondiale repose sur des systèmes de paiement mondiaux prévisibles et sur le bon fonctionnement des banques, des chaînes d'approvisionnement, du commerce, du tourisme et des flux financiers », a estimé M. Ramaphosa.
S'exprimant par vidéoconférence, M. Poutine a critiqué le « néocolonialisme permanent » et les pays qui favorisent leur propre hégémonie. Il a également clamé que la Russie était ouverte au dialogue pour trouver une solution à la guerre en Ukraine, que les forces russes ont envahie en février 2022.
M. Lula a évoqué que les pays des BRICS étaient prêts à unir leurs efforts pour obtenir un cessez-le-feu immédiat en Ukraine. Il a également mis l'accent sur d'autres conflits qui, selon lui, ne reçoivent pas l'attention qu'ils méritent. « Tous méritent de vivre en paix », a-t-il souligné.
Il a également souligné la nécessité de « décoloniser nos économies » et d'accorder plus d'attention à la crise climatique.
M. Xi a déclaré qu'il était heureux que tant de pays soient enthousiastes à l'idée de rejoindre les BRICS. Il a également souligné l'importance de la stabilité et de la certitude, et a mis l'accent sur le fait qu'il était nécessaire d'approfondir la coopération pour construire la croissance. Il a critiqué une nouvelle « mentalité de guerre froide » à travers le monde et a appelé que les pays devraient « respecter toutes les voies de modernisation » que les nations individuelles choisissent pour elles-mêmes.
« Le développement n'est pas le privilège de quelques-uns », a réaffirmé M. Ramaphosa, qui a renchéri que le groupe des BRICS devait rester uni et jouer un rôle clé dans la stabilisation du monde.