L'ARMÉNIE DÉCLARE QU'ANKARA ET EREVAN PARTAGENT L'OBJECTIF COMMUN D'UNE NORMALISATION COMPLÈTE

Paris / La Gazette
La Turquie et l'Arménie poursuivent un processus lent mais régulier de normalisation des relations, surtout après la victoire de l'Azerbaïdjan sur ce dernier, au cours de laquelle il a reconquis ses terres occupées.
L'allié indéfectible de l'Azerbaïdjan, la Turquie, a évité de rétablir des liens avec Erevan, tandis que l'Arménie a longtemps adhéré à une rhétorique de reconnaissance du « génocide » arménien pour la normalisation des relations. Le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, a cependant déclaré samedi que la Turquie et l'Arménie partagent une compréhension commune selon laquelle l'objectif ultime des pourparlers est la pleine normalisation des relations, y compris l'établissement de liens diplomatiques et l'ouverture des frontières.
S'adressant aux journalistes en marge du Forum de Diplomatie d'Antalya, le ministre Mirzoyan a déclaré qu'il avait rencontré le ministre turc des Affaires étrangères Hakan Fidan pour se concentrer sur les liens et les développements régionaux. « Nous avons tous les deux la compréhension que l'objectif final, le but, est de normaliser complètement les relations, y compris l'établissement de relations diplomatiques et l'ouverture de toute la frontière », a-t-il estimé.
La réunion a également porté sur les opportunités potentielles de normalisation des liens. « Notre dialogue ne se limite pas à l'établissement de relations diplomatiques et à l'ouverture officielle de la frontière. Il porte sur les échanges commerciaux considérables qui peuvent avoir lieu entre les deux pays. Nous avons (également) discuté de certains projets énergétiques communs et de possibilités de transit.
De plus, nous avons également abordé le sujet de la coopération sur les forums internationaux. Parce que la réalité montre que parfois, lorsqu'il s'agit, par exemple, des questions du Moyen-Orient, nos points de vue, nos perceptions sont plus proches que l'on pourrait le supposer », a ajouté le chef de la diplomatie arménienne.
Parallèlement, il a noté que plusieurs mesures tangibles ont déjà été prises entre Ankara et Erevan dans des domaines tels que « l'utilisation de l'espace aérien », tandis que des discussions ont été menées par des spécialistes des deux pays concernant le poste-frontière Margara-Alican et le chemin de fer Gyumri-Kars.
Relations Azerbaïdjan-Arménie
Concernant les pourparlers de paix avec l'Azerbaïdjan, le ministre Mirzoyan a laissé entendre qu'un accord « historique et sans précédent » est prêt à être signé. Commentant la condition de l'Azerbaïdjan de dissoudre le Groupe de Minsk de l'OSCE dans le cadre d'un accord de paix, le ministre arménien a déclaré : « S'il n'y a pas de conflit, alors il n'y a pas besoin de ce Groupe de Minsk non plus. »
Le ministre a noté qu'Erevan souhaite signer l'accord de paix avec l'Azerbaïdjan et le document pour dissoudre le Groupe de Minsk le même jour. Répondant à la demande de l'Azerbaïdjan pour un amendement constitutionnel en Arménie comme condition pour des garanties d'intégrité territoriale, M. Mirzoyan a soutenu que des assurances suffisantes sont déjà en place. Il a ajouté que la reconnaissance de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan serait incluse dans le futur accord de paix. Le chef de la diplomatie arménienne a déclaré qu'après la signature de l'accord, l'Arménie n'aurait plus besoin de la présence d'une mission de surveillance de l'UE.
Le ministre des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan, Djeyhoun Baïramov, a déclaré à l'Agence Anadolu (AA) samedi que la signature d'un accord de paix avec l'Arménie est impossible à moins qu'Erevan ne modifie sa Constitution.
Le ministre Baïramov, s'exprimant en marge du Forum diplomatique d'Antalya, a exhorté que l'Arménie devait retirer les revendications territoriales contre l'Azerbaïdjan de sa Constitution et accepter la dissolution du Groupe de Minsk de l'OSCE.
« Il y a des facteurs critiques qui doivent être résolus. Le plus important est les revendications constitutionnelles de l'Arménie contre l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan. Tant que cela continue, un accord de paix n'est pas possible. Modifier la Constitution arménienne est une exigence non négociable », a lancé M. Baïramov.
Il a évoqué que le Groupe de Minsk, coprésidé par les États-Unis, la France et la Russie, n'a obtenu aucun résultat depuis trois décennies.
« Le dossier du Karabakh est résolue. Le Haut-Karabakh fait partie de l'Azerbaïdjan. L'Arménie le reconnaît. Alors pourquoi insister pour maintenir le Groupe de Minsk en vie ? Nous exigeons sa dissolution formelle », a-t-il poursuivi.
Le ministre Baïramov a dénoncé les pays occidentaux, en particulier la France, pour leurs doubles standards perçus. « Pendant 30 ans, ils n'ont rien dit à l'occupant. Quand l'Azerbaïdjan a restauré son intégrité territoriale, ils ont essayé de nous punir. Mais leurs plans ont échoué grâce à notre politique étrangère indépendante et au fort soutien de la Turquie et de nos États amis », a-t-il conclu.