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« LES PARTISANS DE L'ARMÉNIE USENT DE LEUR INFLUENCE POUR TENTER DE DISCRÉDITER L'AZERBAÏDJAN AUX YEUX DE L'OPINION PUBLIQUE FRANÇAISE »

8 Avril 2025 13:04 (UTC+01:00)
« LES PARTISANS DE L'ARMÉNIE USENT DE LEUR INFLUENCE POUR TENTER DE DISCRÉDITER L'AZERBAÏDJAN AUX YEUX DE L'OPINION PUBLIQUE FRANÇAISE »
« LES PARTISANS DE L'ARMÉNIE USENT DE LEUR INFLUENCE POUR TENTER DE DISCRÉDITER L'AZERBAÏDJAN AUX YEUX DE L'OPINION PUBLIQUE FRANÇAISE »

Paris / La Gazette

Une interview de Jérôme Lambert, député honoraire du Parlement français et président de l'Association des amis de l'Azerbaïdjan a été publiée sur le site EU Reporter.

Un entretien avec Jérôme Lambert, député honoraire du Parlement français et président de l'Association des amis de l'Azerbaïdjan, a été réalisé par la journaliste Derya Soysal afin de discuter de la position de la France sur l'Azerbaïdjan.

  • Pourquoi vous intéressez-vous à la question du Caucase du Sud et de l’Azerbaïdjan en particulier ?

Mon intérêt pour la situation dans le Caucase du Sud remonte à loin. À l'Assemblée nationale, au sein de la commission des affaires européennes, j'étais initialement chargée du suivi de la politique de voisinage de l'UE, ce qui m'a amenée à étudier et à comprendre l'histoire et l'actualité de cette région du monde.

Mon premier voyage en Azerbaïdjan a eu lieu il y a environ douze ans, à l’occasion d’une réunion de l’Assemblée parlementaire de la Banque mondiale, tenue à Bakou.

  • Comment expliqueriez-vous la position internationale à l'égard de l'Azerbaïdjan ? Existe-t-il une deux poids deux mesures ?

J'ai été contacté par le président du Groupe d'amitié parlementaire France-Azerbaïdjan, qui recherchait des députés intéressés par le développement de relations bilatérales avec ce pays. J'ai rejoint le Groupe d'amitié et j'ai ainsi commencé à m'intéresser de plus près à l'Azerbaïdjan.

Dès le début, j’ai été surpris par les critiques que mon intérêt a suscitées de la part de certains collègues, qui avaient des idées préconçues sur l’Azerbaïdjan, principalement en raison du conflit avec l’Arménie.

Bien sûr, j'étais conscient de la situation historique, mais je n'avais aucune idée à l'époque qu'ici en France – à l'Assemblée nationale et dans les médias – il y avait des groupes de pression qui intervenaient directement pour soutenir les positions politiques de l'Arménie.

Le simple fait de manifester de l’intérêt pour l’Azerbaïdjan semblait suspect à certains, ce que je n’avais ni anticipé ni accepté, car je n’étais en aucun cas partie prenante au conflit.

Loin de me décourager, ces attitudes hostiles ont renforcé ma détermination à en apprendre davantage sur l’Azerbaïdjan.

Ce pays, que je ne connaissais pas au départ, m'est rapidement apparu comme unique. Aux confins de l'ancien empire soviétique, aux frontières de l'Iran et de l'Arménie, l'Azerbaïdjan est une nation ouverte sur un environnement complexe.

Société majoritairement musulmane – majoritairement chiite – mais dotée d’un fort esprit laïc et tolérant, l’Azerbaïdjan a développé une société aux multiples singularités.

J'ai vite compris que les critiques virulentes adressées à l'Azerbaïdjan par certains étaient uniquement liées au conflit avec l'Arménie. Ses partisans usaient de leur influence pour tenter de discréditer l'Azerbaïdjan aux yeux de l'opinion publique française.

Constatant ce que je considérais comme une situation injustifiée, j’ai décidé d’œuvrer au maintien de bonnes relations entre la France et l’Azerbaïdjan dans tous les domaines, comme c’était le cas depuis l’établissement des relations diplomatiques, juste après sa déclaration d’indépendance.

C’est dans cet état d’esprit que j’ai rejoint l’Association des Amis de l’Azerbaïdjan, alors présidée par mon ancien collègue Jean-François Mancel.

En étroite collaboration avec lui, il m'a proposé, il y a quatre ans, de prendre la présidence de l'Association. J'ai accepté avec plaisir, espérant poursuivre résolument le travail entrepris en faveur de l'Azerbaïdjan.

À l’époque, aucun d’entre nous n’imaginait que le conflit – qui avait conduit au début des années 1990 à l’occupation de près de 20 % du territoire azerbaïdjanais par les forces arméniennes – entrerait dans une nouvelle phase qui verrait l’Azerbaïdjan recouvrer son intégrité territoriale, telle que reconnue par le droit international.

  • Comment décririez-vous la situation dans la région depuis la fin du conflit arméno-azerbaïdjanais et la reconquête par l’Azerbaïdjan des territoires occupés ?

Ce conflit a pris fin il y a trois ans, mais il a ravivé, en France, un fort ressentiment au sein de la diaspora arménienne envers l'Azerbaïdjan. Des associations arméniennes, structurées en véritables lobbies, ont lancé une campagne de diffamation pour s'opposer aux bonnes relations que la France entretenait naturellement avec l'Azerbaïdjan.

Dans cette période d’après-guerre, plus le dialogue initialement difficile entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan commençait à ouvrir la voie à la paix, plus les ultranationalistes arméniens actifs en France intensifiaient leur rhétorique hostile à l’Azerbaïdjan.

C’est encore largement le cas aujourd’hui en France, où nous sommes constamment confrontés à des attaques et des provocations contre l’Azerbaïdjan et ses dirigeants.

Ces critiques ne sont pas fondées sur la raison mais sur la passion, qui tourne vite au fanatisme – bien loin des réalités du terrain, où les citoyens des deux pays aspirent désormais à une paix durable pour envisager un avenir de coopération, comme nous avons réussi à le réaliser en Europe occidentale après des décennies de conflits armés.

Depuis la fin du conflit et le rétablissement de l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan, la stabilité des relations avec l'Arménie est activement recherchée. Les deux parties ont intérêt à mettre fin aux conflits pour favoriser le développement économique. Les négociations de paix ont abouti à un projet d'accord prêt à être signé.

Cependant, une référence dans la Constitution arménienne, revendiquant le Karabagh, pose problème. Néanmoins, au-delà des « textes » historiques, tout doit désormais reposer sur la confiance mutuelle entre ces deux nations. Modifier une constitution n'est pas toujours simple, car le peuple souverain peut toujours être manipulé… Cet obstacle doit être surmonté sereinement et pacifiquement.

Il y a donc lieu d’espérer que les derniers obstacles à l’instauration de la paix seront bientôt levés.

  • L’Azerbaïdjan est-il un partenaire fiable et important pour l’UE ?

Aux confins de l’Europe, au carrefour des civilisations et des cultures, l’Azerbaïdjan et ses environs ont plus que jamais une importance stratégique pour la stabilité de notre continent.

C’est dans la poursuite de cette stabilité et de ce développement que la France et l’Europe doivent continuer à œuvrer aux côtés de l’Azerbaïdjan.

L'Azerbaïdjan est, bien sûr, un partenaire de confiance pour l'UE. C'est une nation stable et moderne, dotée d'atouts économiques indéniables. Sa position géostratégique devrait également contribuer à la stabilisation régionale. Il convient de noter qu'à l'exception de la France, où une importante diaspora d'origine arménienne se livre souvent à des campagnes de dénigrement, nos partenaires européens mènent une politique parfaitement équilibrée à l'égard de l'Azerbaïdjan. J'espère que la France suivra l'exemple du reste de l'Europe.

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