"L'AVION AZERBAÏDJANAIS QUI S'EST ÉCRASÉ AU KAZAKHSTAN A ÉTÉ TOUCHÉ DE L'EXTÉRIEUR, PEUT-ÊTRE PAR UNE ARME"
Paris / La Gazette
Un ministre azerbaïdjanais a déclaré vendredi que les analyses d'experts et les témoignages de survivants suggèrent que l'avion de ligne qui s'est écrasé cette semaine a été touché par une arme extérieure, tandis que le plus haut responsable de l'aviation russe a déclaré qu'une attaque de drones ukrainiens était en cours dans la région où se rendait l'avion de passagers.
La déclaration du ministre azerbaïdjanais du développement numérique et des transports, Rashad Nabiyev, a fait monter la pression sur la Russie. Les autorités moscovites ont déclaré qu'une attaque de drones était en cours dans la région où se rendait l'avion d'Azerbaïdjan Airlines, mais n'ont pas répondu aux déclarations des experts en aviation qui ont attribué le crash aux défenses aériennes russes en réponse à une attaque ukrainienne.
L'avion reliait Bakou, la capitale de l'Azerbaïdjan, à Grozny, la capitale régionale de la République russe de Tchétchénie, mercredi, lorsqu'il a viré vers le Kazakhstan et s'est écrasé alors qu'il tentait d'y atterrir. L'accident a fait 38 morts et 29 blessés parmi les survivants.
M. Nabiyev a précisé aux médias azerbaïdjanais que "les conclusions préliminaires des experts font état d'un impact externe", tout comme les témoignages.
"Le type d'arme utilisé lors de l'impact sera déterminé au cours de l'enquête", a souligné M. Nabiyev.
Les passagers et les membres d'équipage qui ont survécu au crash ont déclaré aux médias azerbaïdjanais qu'ils avaient entendu de forts bruits à bord de l'avion alors qu'il tournait au-dessus de Grozny.
Aydan Rahimli, hôtesse de l'air, a indiqué qu'après un bruit, les masques à oxygène se sont automatiquement ouverts. Elle a ajouté qu'elle était allée prodiguer les premiers soins à un collègue, Zulfugar Asadov, et que c'est alors qu'ils ont entendu une autre détonation.
Zulfugar Asadov a déclaré que les bruits ressemblaient à quelque chose qui aurait frappé l'avion de l'extérieur. Il a démenti l'affirmation des autorités kazakhes selon laquelle une cartouche d'oxygène aurait explosé à l'intérieur de l'avion.
Dmitry Yadrov, directeur de l'autorité russe de l'aviation civile Rosaviatsia, a fait savoir vendredi qu'au moment où l'avion se préparait à atterrir à Grozny dans un brouillard épais, des drones ukrainiens visaient la ville, ce qui a incité les autorités à fermer la zone au trafic aérien.
M. Yadrov a déclaré qu'après deux tentatives d'atterrissage infructueuses, le commandant de bord s'était vu proposer d'autres aéroports, mais qu'il avait décidé de se rendre à Aktau, au Kazakhstan, de l'autre côté de la mer Caspienne.
Il n'a pas commenté les déclarations de certains experts en aviation, qui ont souligné que les trous observés dans la queue de l'avion suggéraient qu'il avait pu être la cible de tirs des systèmes de défense antiaérienne russes.
Azerbaijan Airlines a attribué le crash à des "interférences physiques et techniques" non spécifiées et a annoncé la suspension des vols vers plusieurs aéroports russes. Le transporteur aérien azerbaïdjanais n'a pas précisé l'origine de ces interférences ni fourni d'autres détails.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a refusé de commenter les allégations selon lesquelles l'avion aurait été touché par les défenses aériennes russes, déclarant qu'il appartiendrait aux enquêteurs de déterminer la cause de l'accident.
"L'incident aérien fait l'objet d'une enquête et nous ne pensons pas avoir le droit de faire des évaluations tant que les conclusions de l'enquête n'auront pas été tirées", a estimé M. Peskov lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.
S'il est prouvé que l'avion s'est écrasé après avoir été touché par les défenses aériennes russes, il s'agirait du deuxième accident mortel de l'aviation civile lié aux combats en Ukraine. Le vol 17 de la Malaysia Airlines a été abattu par un missile sol-air russe, tuant les 298 personnes à bord, alors qu'il survolait la zone de l'est de l'Ukraine contrôlée par les séparatistes soutenus par Moscou en 2014.
La Russie a nié toute responsabilité, mais un tribunal néerlandais a condamné en 2022 deux Russes et un Ukrainien pro-russe pour leur rôle dans l'abattage de l'avion à l'aide d'un système de défense aérienne introduit en Ukraine à partir d'une base militaire russe.
Des enquêteurs azerbaïdjanais travaillent à Grozny dans le cadre de l'enquête sur le crash de mercredi, a indiqué le bureau du procureur général d'Azerbaïdjan dans un communiqué.
Suite à la suspension des vols de Bakou vers Grozy et Makhachkala, Azerbaijan Airlines a annoncé vendredi qu'elle interrompait également ses vols vers huit autres villes russes.
La compagnie continuera à desservir six villes russes, dont Moscou et Saint-Pétersbourg. Ces villes ont également été ciblées à plusieurs reprises par des frappes de drones ukrainiens dans le passé.
La compagnie kazakhe Qazaq Air a également signalé vendredi qu'elle suspendait ses vols d'Astana vers la ville russe d'Ekaterinbourg, dans l'Oural, pour une durée d'un mois.
FlyDubai a également interrompu ses vols vers Sochi et Mineralnye Vody, dans le sud de la Russie, pour les prochains jours.
Les autorités azerbaïdjanaises, kazakhes et russes sont restées discrètes sur les causes possibles de l'accident, dans l'attente d'une enquête officielle. Un membre du parlement azerbaïdjanais, Rasim Musabekov, a toutefois déclaré jeudi à la presse locale que l'avion avait été la cible de tirs alors qu'il survolait Grozny, et il a exhorté la Russie à présenter des excuses officielles.
