SELON BAKOU, IL N'EST PAS NÉCESSAIRE DE RECOURIR À UN MÉDIATEUR POUR LES POURPARLERS DE PAIX AVEC L'ARMÉNIE
Paris / La Gazette
L'Azerbaïdjan et l'Arménie n'ont pas besoin de la participation d'un médiateur dans les pourparlers de paix, afin d'éviter toute ingérence extérieure, a déclaré jeudi Hikmet Hadjiyev, assistant du président azerbaïdjanais.
"Bakou et Erevan mènent des négociations de paix et il n'est pas nécessaire qu'une tierce partie intervienne. Au contraire, l'ingérence de tierces parties dans les affaires de la région entrave la normalisation des relations", a estimé M. Hadjiyev.
Dans le même temps, le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Djeyhoun Baïramov a réaffirmé que l'Azerbaïdjan et l'Arménie n'étaient pas encore parvenus à un accord final sur le projet de traité de paix, et que des négociations étaient en cours.
Le ministre a indiqué que le projet de traité de paix comprend un préambule et 17 articles.
"Les textes du préambule et de 15 articles ont fait l'objet d'un accord complet, tandis que deux articles restent en suspens. Les travaux se poursuivent pour résoudre ces questions. Plusieurs cycles de négociations et d'échanges de textes ont eu lieu, mais une version entièrement acceptée n'a pas encore été finalisée", a précisé le chef de la diplomatie azerbaïdjanaise.
M. Baïramov a évoqué que la constitution arménienne contenait toujours des revendications territoriales à l'encontre de l'Azerbaïdjan et que Bakou attendait des mesures décisives de la part d'Erevan pour aborder cette question de manière constructive.
"Cependant, les récents arguments présentés par l'Arménie ne sont pas satisfaisants. En outre, la Cour constitutionnelle arménienne a récemment statué que le préambule de la Constitution arménienne était immuable et ne pouvait être modifié. Cette décision complique encore la situation, car le préambule fait référence à la déclaration d'indépendance de l'Arménie, qui contient des revendications contre l'intégrité territoriale de l'Azerbaïdjan", a argué le ministre.
Le préambule de la Constitution arménienne fait référence à la déclaration d'indépendance du pays vis-à-vis de l'Union soviétique, datant de 1990. La déclaration cite un acte de 1989 pour l'unification entre l'Arménie et la région azerbaïdjanaise du Karabakh, reconnue internationalement.
Pour Bakou, elle constitue une revendication territoriale à l'encontre de l'Azerbaïdjan et jette les bases d'un éventuel conflit à l'avenir si un nouveau gouvernement à Erevan l'interprète comme une revendication légale.
Les autorités azerbaïdjanaises, dont le président Ilham Aliyev, ont régulièrement déclaré que Bakou refuserait de signer un traité de paix avec Erevan si les obstacles juridiques n'étaient pas levés.
L'ancien président du Conseil européen, Charles Michel, a organisé six réunions dans le cadre des négociations de paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie dans une série de villes européennes, dont Bruxelles et la capitale de la Moldavie, Chișinău. La souveraineté et l'intégrité territoriale, la délimitation des frontières, la connectivité et d'autres questions figuraient à l'ordre du jour des négociations.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a également facilité plusieurs réunions entre les ministres des affaires étrangères de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie, la plus récente ayant eu lieu le 24 septembre. Toutefois, l'Azerbaïdjan aurait décliné la proposition de M. Blinken de tenir la prochaine réunion trilatérale à Malte, invoquant la position "injuste et partiale" de l'administration Biden à l'égard de l'Azerbaïdjan.
Des négociations ont également eu lieu en Russie et au Kazakhstan, tandis que la Géorgie a proposé d'accueillir des discussions. Malgré ces efforts, Bakou et Erevan semblent s'orienter vers un format bilatéral pour accélérer la conclusion d'un accord de paix.
L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont longtemps opposés au sujet de la région du Karabakh (Garabagh) de l'Azerbaïdjan. Après la dissolution de l'Union soviétique en 1991, l'Arménie a lancé une guerre totale contre l'Azerbaïdjan, qui s'est terminée par un cessez-le-feu en 1994. Cette guerre a conduit l'Arménie à occuper 20 % des territoires internationalement reconnus de l'Azerbaïdjan, ce qui a entraîné la mort de plus de 30 000 Azerbaïdjanais et l'expulsion d'un million d'autres de ces terres dans le cadre d'une campagne brutale de nettoyage ethnique menée par l'Arménie.
Le 27 septembre 2020, ce conflit vieux de plusieurs décennies s'est ravivé après que les forces arméniennes illégalement stationnées sur les terres azerbaïdjanaises occupées ont bombardé des positions militaires et des localités civiles de l'Azerbaïdjan. Au cours des opérations de contre-attaque qui ont suivi et qui ont duré 44 jours, les forces azerbaïdjanaises ont libéré plus de 300 localités, dont les villes de Jabrayil, Fuzuli, Zangilan, Gubadli et Shusha, de l'occupation arménienne. La guerre s'est terminée le 10 novembre 2020 par une déclaration tripartite signée par l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Russie, en vertu de laquelle l'Arménie a restitué à l'Azerbaïdjan les districts occupés d'Aghdam, de Kalbajar et de Lachin.
Peu après la guerre de 2020, les autorités azerbaïdjanaises ont exprimé leur volonté et leur détermination à négocier avec l'Arménie pour apporter à la région la paix tant attendue. En mars 2022, Bakou a proposé à Erevan cinq principes de base, dont la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale et la délimitation des frontières.
L'opération "antiterroriste" d'une journée menée par l'Azerbaïdjan en septembre 2023, qui a rétabli la souveraineté du pays sur l'ensemble du territoire de la région du Karabakh, a laissé entrevoir de plus grandes chances de normaliser les liens mutuels dans le cadre d'une paix durable.