LA TURQUIE ACCUEILLE UNE RÉUNION SUR LE CAUCASE DU SUD POUR PROMOUVOIR UNE "PAIX DURABLE"
Paris / La Gazette
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a présidé vendredi la troisième réunion de la Plateforme de coopération régionale du Caucase du Sud à Istanbul, alors que la Turquie œuvrait pour une paix durable dans une région troublée par une série de conflits.
"Notre perspective sur le Caucase du Sud est également basée sur un sentiment de propriété régionale. Nous croyons que les États de la région connaissent le mieux les problèmes régionaux et sont capables de les résoudre", a déclaré M. Fidan dans son discours d'ouverture à la réunion.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Djeyhoun Baïramov, le ministre arménien des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan, et le ministre iranien des Affaires étrangères récemment nommé, Abbas Araqchi, se sont réunis pour discuter des mesures pouvant être prises pour établir la stabilité et améliorer la prospérité dans la région, y compris des projets de coopération concrets pour renforcer la connectivité régionale.
Ils ont également abordé les développements régionaux et internationaux majeurs, notamment les efforts pour résoudre le conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie.
Bakou et Erevan travaillent actuellement à la signature d'un traité de paix, qu'ils estiment à 80 % complet, y compris la délimitation des frontières, pour mettre fin au différend de plusieurs décennies sur l'enclave montagneuse du Karabakh, mais il reste encore plusieurs obstacles dans les négociations. L'Azerbaïdjan insiste pour que l'Arménie modifie sa Constitution afin de supprimer les références indirectes à l'"indépendance" du Karabakh avant de signer un traité de paix.
"Le principal objectif de la plateforme est de répondre au besoin d'un forum où toutes les questions étroitement liées au Caucase du Sud peuvent être abordées", a déclaré Fidan vendredi.
Il a exprimé l'engagement de la Turquie à établir la paix et la stabilité dans le Caucase du Sud, en soulignant que la responsabilité régionale est la méthode la plus efficace pour résoudre les problèmes entre les pays.
Le chef de la diplomatie turque a ajouté qu'Ankara soutient pleinement les négociations en cours pour un traité de paix entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, avec lesquels la Turquie travaille également à la normalisation des relations.
Après l'effondrement de l'Union soviétique, la Turquie a été l'un des premiers pays à reconnaître l'indépendance de l'Arménie le 21 septembre 1991. Mais en 1993, la Turquie a fermé sa frontière et a rompu les liens après l'occupation illégale du Karabakh par l'Arménie.
Les relations se sont encore détériorées en raison de l'insistance de l'Arménie sur la reconnaissance par la Turquie du soi-disant génocide arménien de 1915, que la Turquie a catégoriquement rejeté pendant des décennies.
À la suite de la deuxième guerre du Karabakh en 2020, qui a vu l'Azerbaïdjan libérer ses territoires occupés par l'Arménie, les relations turco-arméniennes ont entamé une nouvelle phase. En décembre 2021, les deux pays ont nommé des représentants spéciaux pour parler du processus de normalisation.
"Malheureusement, il nous manque un participant dans la salle", a poursuivi M. Fidan. Je voudrais réitérer devant vous tous que notre voisin et ami proche, la Géorgie, a une place permanente ici et peut rejoindre cette plateforme quand il le souhaite".
La Géorgie a été invitée à la Plateforme, mais les hostilités de Tbilissi avec la Russie ont apparemment empêché sa participation aux réunions précédentes.
M. Fidan a rencontré son homologue Lavrov séparément en marge de la réunion, leur première depuis qu'ils se sont rencontrés en marge des événements de niveau ministériel de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) au Laos en juillet.
Il a également tenu des pourparlers à huis clos avec M. Mirzoyan, M. Baïramov et M. Araqchi pour discuter des relations bilatérales.
La visite de M. Araqchi fait également partie de sa tournée régionale pour discuter des moyens de mettre fin à la guerre d'Israël sur la bande de Gaza. Bien qu'Ankara et Téhéran soient de part et d'autre dans la guerre civile syrienne et le conflit du Karabakh, ils sont tous deux parmi les fervents partisans du mouvement de libération du Hamas.
M. Fidan et les ministres ont également abordé la coopération économique comme une mesure de renforcement de la confiance, en particulier pour la connectivité et l'intégration.
Une telle opportunité d'interconnectivité est le Corridor de Zangazur. Le corridor est un concept de transport qui est progressivement mis en œuvre pour sécuriser l'accès de l'Azerbaïdjan à l'exclave de Nakhitchevan en contournant l'Arménie.
Cependant, cela reste une question controversée dans les pourparlers de paix.
Moscou soutient la demande de l'Azerbaïdjan d'obtenir un accès sans entrave à l'enclave de Nakhitchevan en ouvrant le corridor de Zangazur à travers l'Arménie, ce qui couperait l'accès terrestre direct de l'Iran à l'Arménie.
Le corridor est un lien géopolitique pour la Turquie vers l'Azerbaïdjan et, au-delà, vers l'Asie centrale.
Moscou et Bakou veulent que la Russie surveille et contrôle le corridor, mais Erevan et Téhéran s'opposent à un tel schéma et soutiennent que même si une route de transport devait être établie, l'Arménie devrait en avoir le contrôle.
Les ministres ont également adopté une déclaration conjointe lors de la réunion, qui a souligné la promotion du dialogue pour résoudre les questions en suspens, ainsi que la nécessité de solutions pacifiques aux différends politiques selon les principes de la Charte.
La Plateforme est l'œuvre des présidents azerbaïdjanais et turc, Ilham Aliyev et Recep Tayyip Erdogan.
Il a été créé peu après la fin de la Seconde Guerre du Karabakh en décembre 2020 pour développer la coopération entre les pays de la région, riche en ressources énergétiques et servant de pont entre la Russie et les pays asiatiques vers l'Occident.
La première réunion de la Plateforme s'est tenue au niveau des vice-ministres des Affaires étrangères à Moscou en 2021, tandis que la deuxième réunion s'est tenue au niveau des ministres des Affaires étrangères l'année dernière à Téhéran.
