Lagazette

L’OCCIDENT ARME L’ARMÉNIE : SONT-ILS DEVENUS FOUS ?

22 Août 2024 14:58 (UTC+01:00)
L’OCCIDENT ARME L’ARMÉNIE : SONT-ILS DEVENUS FOUS ?
L’OCCIDENT ARME L’ARMÉNIE : SONT-ILS DEVENUS FOUS ?

Paris / La Gazette

Les velléités de médiations étrangères dans la conflit du Caucase ayant échoué, faute de réelle volonté de la part des membres du groupe de Minsk, un processus de négociation pour parvenir à une paix durable a été entamée directement par les deux anciens belligérants. Mais il semble que la perspective de retour au calme dans le Caucase ne convient pas aux intérêts de tout le monde, notamment de l’occident qui ne désespère toujours pas de faire de l’Arménie une tête de pont dans cette région riche en ressources et cruciale sur le plan stratégique.

La solution pour fragiliser efficacement et durablement la situation dans le Caucase est simple : envoyer massivement des armes à l’Arménie, dont l’instabilité politique peut déboucher un jour ou l’autre sur l’accession au pouvoir des éléments nationalistes les plus extrémistes. Cette politique amènera inévitablement au déclenchement d’une nouvelle guerre.
Et de fait, le processus de militarisation de l’Arménie se poursuit à un rythme effréné. Incroyable mais vrai : l’Occident, qui défend activement le « principe d’intégrité territoriale » dans le contexte du conflit russo-ukrainien, déverse des armes offensives dans un pays qui occupait jusqu’à récemment 20 % du territoire azerbaïdjanais et refuse toujours d’exclure de sa constitution les revendications territoriales sur le Karabakh. Un pays qui est membre de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) et de l’Union économique eurasienne (UEE), et qui est surtout l’un des principaux pôles de contournement des sanctions antirusses, Les Etats-Unis et la France ferment les yeux sur ce qui devrait être pour eux un casus belli, et permet à l’Arménie de profiter de la guerre russo-ukrainienne pour se constituer un véritable trésor de guerre. Mieux, ces deux pays se précipitent pour armer une Arménie de plus en plus agressive et revancharde.
L’Inde, par ailleurs, qui tente de se rapprocher du bloc occidental, s’est également lancée dans une campagne d’approvisionnements miliaires intensifs. Le voisin du sud , le « frère » iranien, quant à lui est la gare d’aiguillage de la livraison d’armes occidentales à l’Arménie.

Des armes françaises déjà sur le sol arménien grâce à l’entremise de l’Iran

Selon des documents exclusifs provenant de sources diplomatiques et militaires, vérifiés et recueillis par le magazine azerbaïdjanais par Caliber.Az , des unités d'artillerie automotrices françaises modernes de 155 mm CAESAR et leurs pièces de rechange, ainsi que des systèmes de missiles antichars et des missiles air-air, ont été livrés à l'Arménie au cours des dernières semaines.


Unité d'artillerie automotrice CAESAR

Ces armes ont été expédiées de l'aéroport parisien d'Orly à l'aéroport iranien de Mehrabad, depuis lequel la compagnie aérienne iranienne Meraj a pris le relais pour les livrer directement à la destination finale : l’Arménie. 12 unités d'artillerie automotrices CAESAR auraient été livrées à l'Arménie jusqu'à présent. Pour mieux comprendre l'ampleur de la livraison : au début de la guerre russo-ukrainienne, l'armée française ne disposait que de 76 CAESAR !
L'armée arménienne a par ailleurs reçu des dizaines de missiles air-air R511 et R530, 30 missiles antichars Eryx, des dizaines de lance-grenades DM32 de fabrication allemande (également appelés bunkerfaust), ainsi que des systèmes antichars Panzerfaust 3. Elle a également reçu environ 500 grenades propulsées Apilas de fabrication française et 50 systèmes de missiles antichars américains BGM71-TOW.


Missile antichar Eryx


Système antichar Panzerfaust 3


Grenade propulsée par fusée portative à usage unique Apilas


Système de missile antichar BGM71-TOW


Missile air-air R530

Dans cette livraison, une attention particulière mérite d’être portée aux missiles air-air français R511 et R530. Selon les experts militaires, après une modification appropriée, ils seront installés sur les chasseurs modernes Su-30 CM, que possède déjà l'armée de l'air arménienne. Ceux-là mêmes que la Russie a fournis, comme l'a admis Nikol Pashinyan,, « sans missiles ». Il existe des précédents de telles modifications en Inde, et il n'est pas exclu que l’adaptation ait été effectuée par des spécialistes militaires indiens qui ont déjà une solide expérience en la matière.


Su-30 CM de l'armée de l'air arménienne

Autre présence notable dans la liste des fournitures militaires livrées à l’Arménie, celle d'armes allemandes et américaines. Le fait que ces armes soient livrées à l'Arménie témoigne du fait que l'Allemagne et les États-Unis ont donné aux Français les autorisations nécessaires - sans la procédure d’approbation réglementaire - pour livrer à l'Arménie les Panzerfaust et Bunkerfaust allemands, ainsi que les TOW américains. On savait déjà que les États-Unis étaient directement impliqués dans la militarisation de l'Arménie. L'implication des Allemands dans ce processus est une nouveauté.

Des armes indiennes sont également présentes en Arménie - encore une fois grâce à l'Iran

Parallèlement au transfert d'armes françaises par voie aérienne, le port maritime iranien de Bandar Abbas reçoit des cargaisons militaires en provenance d'Inde, également destinées à être transportées ultérieurement vers l'Arménie.
Détail intéressant, les armes françaises et indiennes fournies à l'Arménie sont en partie seulement déclarées officiellement, le reste étant transporté sous le couvert de marchandises civiles. Il s'agit naturellement là d'une violation flagrante du droit commercial international et des réglementations internationales régissant les activités logistiques. En d’autres termes, il s'agit ni plus ni moins de contrebande. L’objectif de ce système « mixte » de fournitures officielles et grises est de tromper l’Azerbaïdjan et la communauté internationale sur l’ampleur réelle de la militarisation de l’Arménie, probablement dans l’idée de « surprendre » l’Azerbaïdjan.

Tandis que l’Occident se précipite pour armer Erevan « jusqu’aux dents », l’Iran vole ses technologies

Ainsi, Erevan se prépare activement à une nouvelle guerre contre l’Azerbaïdjan, et ceci avec une hâte inquiétante. Une situation habilement mise à profit par le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) pour se livrer à l’espionnage militaro-industriel. En effet, la livraison à l’Arménie des armes françaises et indiennes depuis l’Iran est volontairement retardée par celui-ci sous prétexte de « contrôles douaniers ». La raison véritable est que les spécialistes militaires iraniens, profitant de la fenêtre d’opportunité ouverte, étudient minutieusement les matériels reçus, pour étudier notamment les développements militaires français, en particulier le CAESAR, fruit de l’imagination de la société Nexter.
L’industrie de défense iranienne n’aurait pas pu rêver d’un tel cadeau du destin ! Les nerfs de la France n’ont lâché qu’une seule fois, lorsque l’Iran a commencé à démanteler à grande échelle les unités d’artillerie automotrices CAESAR en pièces détachées, après quoi les services spéciaux de l’ambassade de France ont tiré la sonnette d’alarme et exigé la fin de ces pratiques. Mais l’Iran est resté inflexible : à son avis, c’est un « prix » supplémentaire pour le soutien français à l’Arménie. Paris a dû avaler la pilule amère iranienne . Quels sacrifices ne peuvent être faits pour sa « sœur » l’Arménie. ! On peut donc s’attendre à ce que dans un avenir proche, les développements militaires occidentaux soient activement utilisés par les forces armées de la RII et par les nombreux mandataires iraniens au Moyen-Orient.

Ce que dit Bakou

De sources diplomatiques et militaires azerbaïdjanaises, l’histoire des livraisons d’armes occidentales à l’armée arménienne, avec la complicité de l’Iran a provoqué une grande déception à Bakou.
L’Iran, qui fait toujours mine d’adhérer à la politique de « régionalisme » et d’empêcher les acteurs extérieurs d’interférer dans les questions régionales, agit aujourd’hui comme un pays de transit pour la fourniture d’armes occidentales, ainsi que d’armes indiennes produites sous licences occidentales, à l’Arménie. En d’autres termes, les actions de Téhéran contribuent à renforcer la position de l’OTAN dans le Caucase du Sud et à transformer l’Arménie en un bastion occidental dans la région.
Sans parler des illusoires « solidarité musulmane » et « fraternité chiite », qui sont, encore une fois, contredites par les actes. L’Azerbaïdjan en a fait l’amère constatation au cours des 30 ans d’occupation de ses terres et pendant la guerre de 44 jours. L’Azerbaïdjan n’a pas oublié que l’armée iranienne a bloqué la route de de ses unités spéciales avancées qui avançaient en direction de Zangilan, et constate une fois de plus le soutien de ses « frères chiites » à une Arménie agressive qui, pendant 30 ans, avec une maniaque obstination, a effacé les traces de la culture islamique et a abrité des cochons dans les ruines des mosquées du Karabakh et du Zanguezour oriental.

Bakou croyait sincèrement qu’au vu de la dynamique positive des relations azerbaïdjano-iraniennes, le président nouvellement élu Massoud Pezeshkian, qui semble fier de son origine azerbaïdjanaise, contribuerait à la pacification de la région et, entre autres, à l’arrêt du transit des armes occidentales par l’Iran. Il semble que ce ne soit pas le cas. Au contraire, le volume du transit d’armes vers l’Arménie a encore augmenté.
Ce n'est sans doute pas la fin de la série de mesures hostiles de l'Iran envers l'Azerbaïdjan. Ainsi, selon la chaîne Iran International, l’Iran et l'Arménie auraient signé un accord d'armement secret d'une valeur de 500 millions de dollars.
Malgré les assurances des partenaires iraniens qui, lors de conversations privées et de communications officielles, ont démenti ces informations, les services de renseignements confirment la véracité de ce contrat d'armement avec l’Arménie.
Pour Bakou, les pays qui prétendent « rétablir l’équilibre militaire régional » en fournissant des armes occidentales à l’Arménie non seulement ne parviendront pas à apporter la paix dans le Caucase, mais, au contraire, alimenteront un nouveau cycle de violences dans la longue et sanglante confrontation arméno-azerbaïdjanaise. Tous les pays impliqués dans le processus d’armement et de transit d’armes vers l’Arménie, qui n’a jamais abandonné ses rêves impérialistes d’une « grande Arménie », porteront leur part de responsabilité politique et historique dans les tragédies à venir dans la région et dans la liquidation de l’État arménien dont ils auront été eux-mêmes les artisans.

Source : caliber.az

Loading...
L'info de A à Z Voir Plus