L’ÉCONOMIE ARMÉNIENNE A PROFITÉ DE SON AIDE APPORTÉE À LA RUSSIE DANS LE CONTOURNEMENT DES SANCTIONS INTERNATIONALES
Paris / La Gazette
Selon une enquête de Radio Liberty/Radio Free Europe, l’organisme de télédiffustion du sénat américain, reprise par le magazine français « Les nouvelles d’Arménie » dans son numéro du 21 juillet, l’économie arménienne a connu une croissance spectaculaire, 12 % en 2022 et 8 % en 2023, principalement en raison de la complicité de l’Arménie dans le détournement des sanctions occidentales contre la Russie.
Les entrepreneurs arméniens ont profité des sanctions en réexportant vers la Russie de nombreux produits fabriqués en Occident. Ces derniers mois, souligne l’enquête, l’Arménie semble également être devenue un point de passage pour les exportations de diamants et d’or russes vers les marchés mondiaux.
Cette information pose la question du soutien « indéfectible » de l’État français à l’égard de l’Arménie, notamment des séparatistes du Karabakh, alors que, d’une part la France a toujours condamné la violation des embargos visant la Russie et soutenu officiellement l’Ukraine, et que, d’autre part, la France se pose en adversaire de l’Azerbaïdjan alors que celui-ci s’est rangé du côté de Kiev depuis le début du conflit. Une incohérence que l’on retrouve dans l’appui persistant apporté par la France aux nationalistes arméniens alors même que Erevan et Bakou sont en pleine négociation pour établir une paix durable dans la région.
Le paradoxe, c’est que cette manne n’a pas profité au peuple arménien. Radio Liberty et « Les nouvelles d’Arménie » rapportent les conclusions de Armen Ktoyan, professeur à l’université d’État d’économie d’Erevan, qui indique que cette croissance tirée par les réexportations lucratives ne peut plus se traduire par des augmentations correspondantes des recettes fiscales, car elle profite principalement à un cercle étroit d’individus.
« Nous assistons à des changements structurels dans notre économie qui n’augmentent pas sa viabilité », a déclaré M. Ktoyan au service arménien de RFE/RL. « C’est le contraire qui aurait dû se produire ». Résultat, les recettes fiscales du gouvernement arménien ont été bien inférieures à l’objectif fixé pour le premier semestre de cette année, plongeant ainsi le pays dans une crise économique toujours plus profonde. En cause le fait que le pays produit peu et que la politique menée par les extrémistes nationalistes a isolé le pays de ses voisins avec lesquels les échanges économiques sont devenus inexistants. « En substance, nous devenons, dans une large mesure, une économie de réexportation et de services », regrette le Pr Ktoyan.
La normalisation des relations avec l’Azerbaïdjan semble, bien pour l’Arménie, le seul moyen de sortir de la crise.
