LA COP29 LANCE UN FONDS D'AIDE AUX PAYS VULNÉRABLES
Paris / La Gazette
L'opérationnalisation du Fonds de réponse aux pertes et dommages lors de la COP29 représente un tournant historique dans la politique climatique mondiale. Cette évolution, attendue de longue date, marque une avancée significative pour les pays en développement, les petits États insulaires et les communautés vulnérables du monde entier qui ont été touchés de manière disproportionnée par l'intensification des effets du changement climatique.
Sous l'impulsion de la présidence azerbaïdjanaise de la COP29, cette étape importante reflète l'engagement mondial à lutter contre les inégalités liées aux effets du changement climatique, tout en suscitant l'espoir de solutions plus inclusives et plus efficaces.
Le chemin vers l'opérationnalisation du Fonds des pertes et dommages a commencé lors de la COP27 en Égypte, où les nations ont conclu un accord novateur pour établir un mécanisme d'indemnisation des pays les plus touchés par les catastrophes d'origine climatique. Cependant, la promesse de ce fonds a été accueillie avec scepticisme, beaucoup se demandant si la volonté politique et les promesses financières se traduiraient par des actions concrètes.
La COP28, qui s'est tenue aux Émirats arabes unis, a jeté les bases du lancement opérationnel du Fonds, démontrant l'engagement des dirigeants mondiaux à aller au-delà de la rhétorique et à prendre des mesures concrètes. Pourtant, ce n'est qu'à la COP29, sous la direction de la présidence de l'Azerbaïdjan, que le Fonds a été pleinement opérationnel. Il a fallu pour cela conclure des accords avec la Banque mondiale et désigner les Philippines comme pays d'accueil du secrétariat du Fonds, ce qui témoigne des efforts de collaboration de nations déterminées à lutter contre l'escalade de la crise climatique.
Le Fonds pour pertes et dommages est plus qu'un simple instrument financier ; il symbolise la reconnaissance des injustices historiques subies par les nations vulnérables. Les pays développés, qui ont le plus contribué aux émissions de gaz à effet de serre, sont enfin tenus responsables de leur rôle dans le réchauffement climatique. Le Fonds sert de mécanisme de transfert de ressources financières des pays les plus riches vers ceux qui subissent le plus durement les catastrophes climatiques, telles que les ouragans, les inondations et les sécheresses.
À ce jour, le Fonds a reçu des promesses de dons pour un montant total de plus de 730 millions de dollars - un début prometteur, mais qui est loin de répondre aux besoins croissants des pays touchés. La nomination d'Ibrahima Cheikh Diong au poste de directeur exécutif du Fonds souligne encore le sérieux de cette initiative. Son leadership, associé à une structure de gouvernance solide, garantit que le Fonds sera géré de manière transparente et efficace.
L'urgence de la mise en œuvre du Fonds apparaît clairement lorsque l'on examine la fréquence et la gravité croissantes des catastrophes climatiques. Les inondations dévastatrices qui ont frappé le Pakistan en 2022 en sont un exemple poignant. Près d'un tiers du pays a été submergé, des millions de personnes ont été déplacées et les pertes économiques ont dépassé les 30 milliards de dollars. Le Pakistan, qui contribue pourtant à moins de 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, a dû faire face aux conséquences catastrophiques d'une crise qu'il n'avait pas créée.
De même, les récents ouragans qui ont frappé les États-Unis, un pays développé, ont révélé la vulnérabilité universelle aux catastrophes d'origine climatique. Les ondes de tempête, les précipitations extrêmes et les dommages causés aux infrastructures en Floride et en Louisiane montrent qu'aucun pays, quel que soit son statut économique, n'est à l'abri de la colère de la nature. Ces événements soulignent l'importance d'une réponse mondiale unifiée aux défis climatiques, faisant du Fonds des pertes et dommages une pierre angulaire de la coopération internationale.
Sous sa présidence de la COP29, l'Azerbaïdjan a fait preuve d'un leadership pour faire avancer l'agenda climatique mondial. L'accent mis par le président Ilham Aliyev sur les défis auxquels sont confrontés les petits États insulaires et les pays les moins avancés témoigne d'un engagement en faveur de l'inclusion et de l'équité.
Le leadership de l'Azerbaïdjan s'étend également à la promotion des partenariats et à l'encouragement des nations à augmenter leurs contributions financières au Fonds. Si les 730 millions de dollars constituent un début louable, l'ampleur des pertes et des dommages causés par le climat nécessite des ressources bien plus importantes. Les pays doivent considérer leurs engagements non pas comme des actes de charité, mais comme des investissements dans la stabilité et la durabilité mondiales.
L'opérationnalisation du Fonds pour les pertes et dommages ouvre la voie au financement de projets de résilience climatique à partir de 2025. Il s'agit notamment de reconstruire les infrastructures détruites par les catastrophes, de soutenir les communautés déplacées et de renforcer les capacités d'adaptation dans les régions vulnérables.
Par exemple, dans les pays exposés aux inondations comme le Pakistan, le Fonds pourrait contribuer à la construction de logements résistants, à l'amélioration des systèmes d'alerte précoce et à la préparation aux catastrophes. De même, les petits États insulaires confrontés à l'élévation du niveau de la mer pourraient utiliser les ressources du Fonds pour investir dans des digues, la restauration des mangroves et des plans de relogement des communautés.
Le Fonds offre également la possibilité de mettre en place des mécanismes de financement innovants. En collaborant avec des entités du secteur privé, des gouvernements et des organisations multilatérales, le Fonds peut mobiliser des ressources supplémentaires pour atteindre ses objectifs. Des initiatives telles que les obligations vertes et les régimes d'assurance climatique peuvent compléter les efforts du Fonds, en garantissant une approche plus globale de la lutte contre les pertes et les dommages.
Si l'opérationnalisation du Fonds est une réalisation importante, elle n'est pas sans poser de problèmes. La première et principale préoccupation est l'adéquation des ressources financières. Les pays en développement ont estimé que le coût annuel de leurs pertes et dommages dépasserait 290 milliards de dollars d'ici à 2030. Les engagements actuels, même s'ils constituent un pas dans la bonne direction, sont loin d'atteindre ce chiffre.
Un autre défi consiste à assurer une distribution équitable des fonds. Des mécanismes de gouvernance transparents doivent être mis en place pour donner la priorité aux communautés les plus vulnérables et éviter une mauvaise répartition des ressources. L'implication des organisations de la société civile et des acteurs locaux dans les processus de prise de décision est essentielle au maintien de la responsabilité.
Enfin, le succès du Fonds dépend d'une volonté politique soutenue. Les négociations sur le climat sont souvent entachées de retards et de désaccords, et le Fonds pour pertes et dommages ne fait pas exception à la règle. Un plaidoyer continu, en particulier de la part des pays en développement et des activistes climatiques, sera crucial pour maintenir l'élan.
L'opérationnalisation du Fonds pour pertes et dommages lors de la COP29 est une lueur d'espoir pour les nations aux prises avec les effets dévastateurs du changement climatique. Il s'agit d'une reconnaissance collective du fait que les moins responsables de la crise climatique ne doivent pas en supporter seuls les conséquences.
Cependant, ce n'est qu'un début. La communauté internationale doit travailler sans relâche pour que le Fonds remplisse sa mission. Il s'agit notamment d'augmenter les contributions financières, de rationaliser les opérations et d'encourager les partenariats mondiaux pour s'attaquer aux causes profondes de la vulnérabilité climatique.
Pour des pays comme le Pakistan, qui ont fait l'expérience directe du pouvoir destructeur des catastrophes climatiques, le Fonds est une bouée de sauvetage. C'est une chance de reconstruire, de s'adapter et de s'assurer un avenir plus durable. Pour les nations développées, c'est l'occasion de faire preuve de solidarité et de responsabilité morale face à un défi mondial commun.
Pour reprendre les termes du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, "l'ère de l'ébullition mondiale est arrivée". L'opérationnalisation du Fonds pour les pertes et dommages est une étape essentielle pour atténuer ses conséquences. Saisissons ce moment pour construire un monde plus juste, plus résilient et plus inclusif pour les générations à venir.