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À L’APPROCHE DE LA COP29, L’AZERBASCHING FRANÇAIS S’ACCÉLÈRE

14 Octobre 2024 00:52 (UTC+01:00)
À L’APPROCHE DE LA COP29, L’AZERBASCHING FRANÇAIS S’ACCÉLÈRE
À L’APPROCHE DE LA COP29, L’AZERBASCHING FRANÇAIS S’ACCÉLÈRE

Paris / La Gazette

« Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ». Il y a, dans cet aphorisme de Francis Bacon, quelque chose d’immuable. Une loi machiavélique éternelle dont usent à l’envi ceux qui veulent détruire, discréditer, abîmer.

La COP 29 se tiendra du 11 au 21 novembre 2024 à Bakou. Le Royaume Uni s’est félicité de ce choix, l’Allemagne salue « l’excellente organisation » de l’Azerbaïdjan, Helga Schmid, secrétaire générale de l'OSC, assure que la COP29 en Azerbaïdjan sera l'un des événements les plus importants de l'année, les pays non-alignés félicitent l’Azerbaïdjan pour sa proposition de trêve durant l’événement, le secrétaire général de l’ONU se réjouit d’y participer, même l’Arménie s’est désistée au profit Bakou. En un mot tout le monde se satisfait de ce choix.

Tout le monde ? Non. La France a pris la tête d’un mouvement anti-COP29, dont elle est d’ailleurs le seul membre, hormis la diaspora arménienne et quelques lobbies américains.

La France regarde la paille dans l'oeil de Bakou et ne voit pas la poutre dans le sien

Par la voix de ses grands médias, auxquels les Français eux-mêmes reprochent la partialité et le manque de crédibilité, tout est bon pour tenter de discréditer l’organisation de la COP à Bakou :

Comment, se demandent les médias officiels français, l’Azerbaïdjan prétend-il s’intéresser au climat alors qu’il est producteur de pétrole ? Justement, peut-on leur répondre, le fait qu’un pays producteur soit conscient de la nécessité de se diriger vers un développement durable est plutôt une bonne nouvelle.

L’argument n’étant guère convaincant, ces mêmes médias, désormais détenus par une poignée d’oligarques idéologiquement fortement marqués à droite, et islamophobes sans complexes, ont cherché à instrumentaliser le conflit avec l’Arménie en n’hésitant pas à renverser la réalité des faits, qualifiant d’agression la libération des territoires azerbaïdjanais occupés depuis trente ans.

A l’approche de l’événement, le discours anti-azerbaïdjanais des journaux français est entré dans une sorte de frénésie quasi hystérique. Dans un récent article du quotidien Le Monde, le journaliste Emmanuel Grynszpan, qui s’est illustré à plusieurs reprises par son soutien inconditionnel aux séparatistes arméniens du Karabakh, accuse le pouvoir azerbaïdjanais d’avoir « jeté en prison ces derniers mois au moins vingt journalistes, ainsi que des défenseurs des droits humains, des syndicalistes, des avocats et des activistes environnementaux ».

De manière presque anecdotique, mais tout de même fort révélatrice, on rétorquera que la France a arrêté 200 personnes, (sans compter les nombreuses assignations à résidence), dont 45 militants écologistes. Les autres ont été embastillés pour la seule raison qu’ils avaient, dans un passé récent, manifesté leur soutien au peuple palestinien dans la guerre de Gaza. Comme le dit un proverbe africain, « Quand le singe veut monter au cocotier, il vaut mieux qu’il ait le derrière propre ».

Sur le fond, l’article se base sur un rapport de Human Right Watch et Freedom Now, deux organisations d’origine américaine dont le travail serait certainement plus crédible et plus utile s’ils ne ciblaient de manière systématique, et sans apporter de preuve, les pays musulmans ou soi-disant tels. Les deux ONG ont d’ailleurs reconnu que la liste qu’ils ont établie avait été constituée « sur la base d’entretiens réalisés au cours des quatorze derniers mois auprès d’une quarantaine de sources, principalement des avocats, des journalistes et des proches des détenus », autrement dit, sur de simples allégations.

Des drôles de journalistes

Quant aux journalistes, deux d’entre eux ont fait la une des médias français : En premier lieu Mahammad Mirzali, réfugié en France, et présenté par les médias comme l’homme « le plus protégé de France », car il aurait été l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat en raison de son opposition au « régime Aliyev ». En réalité Mirzali n’est pas un journaliste, mais un blogueur qui, après avoir eu maille à partir avec la justice azerbaïdjanaise pour des délits de droit commun, a trouvé refuge auprès de sa belle-famille à Nantes. Il y a créé un blog où il s’en prend au président azerbaïdjanais Ilham Aliyev et soutient ouvertement les séparatistes arméniens. Cela lui a valu l’amitié des députés de la droite islamophobe française, comme François-Xavier Bellamy et Nathalie Loiseau, et aussi l’honneur des journaux pro-arméniens, comme le Figaro Magazine ou encore des medias online de la diaspora arménienne, comme « Les nouvelles d’Arménie », tous trop heureux de pouvoir faire « témoigner » un azéri anti-azerbaïdjanais. En France, on adore les gens qui jouent contre leur propre camp. C’est ainsi, par exemple, que Hassan Chalghoumi « l’imam de Drancy » ou Mohammed Sifaoui, ont table ouverte dans les studios des chaînes d’information continue pour stigmatiser les musulmans français..

Autres « journalistes persécutés », Ülvi Həsənli, fondateur et directeur du magazine online Abzas Media, ainsi que Sevinch Vagifqizi et Sevinj Abbasov, ses rédacteurs en chef. Arrêtés dans le cadre d’une enquête financière, il leur est reproché d’avoir reçu illégalement des fonds de plusieurs pays, notamment à travers leurs ambassades et les organisations Human Rights Watch et Freedom Now dont il vient d’être question. En Azerbaïdjan, les financements étrangers sont soumis à déclaration. Le non-respect de cette règle constitue un délit. Dans le cadre de cette enquête, Le chargé d'affaires des États-Unis d'Amérique et d'Allemagne, ainsi que l'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de France, avaient été convoqués au ministère des Affaires étrangères azerbaïdjanais.

Les medias français ont également rapporté le meurtre, le 30 septembre dernier, d’un azerbaïdjanais vivant en France, Vidadi Iskanderli, par trois inconnus masqués. Immédiatement, les medias français, suivant en cela les medias arméniens, ont associé ce crime au fait que la victime était un opposant au régime du président Aliyev, qu’il critiquait à travers les réseaux sociaux. Le sous-entendu était sans équivoque : les assassins étaient commandités par l’Azerbaïdjan.
Mais qui était Vidadi Iskanderli ? En 2011, il était arrêté en Azerbaïdjan pour avoir, dans plusieurs bureaux, volé des bulletins de vote qu’il jugeait falsifiés lors d’un scrutin législatif en 2010 où il était candidat indépendant. Condamné à trois ans de prison, il bénéficiait 18 mois plus tard d’une amnistie présidentielle. Il s’est ensuite exilé en France en 2017 avec sa femme et ses deux enfants. Pourquoi le président azerbaïdjanais aurait commandité l’exécution d’un trublion sans importance qu’il avait lui-même gracié ? Une hypothèse farfelue, contredite par la double vie de la victime. Deux ans auparavant, Iskanderli avait déjà été la cible d’une attaque. La police avait conclu qu’il s’agissait de l’œuvre de groupes criminels locaux. Et pour cause. Derrière la façade de ses activités politiques, il se livrait, avec la mafia locale, à des opérations de chantage et d’extorsion de fonds, un commerce qu’il avait déjà commencé à pratiquer en Azerbaïdjan, notamment à l’encontre d’un important homme d’affaires azerbaïdjanais. Mais il valait mieux continuer d’attribuer son assassinat à des motifs politiques. « Quand la légende est plus belle que la réalité, on imprime la légende » dit le journaliste de « L’homme qui tua Liberty Valence ».

Les autorités françaises dans le déni

Le Ministère français des affaires étrangères a recommandé aux Français de ne pas se rendre en Azerbaïdjan : « Il est désormais déconseillé sauf raison impérative aux ressortissants français, y compris binationaux, de se rendre en Azerbaïdjan. Les ressortissants français y compris binationaux, qu’ils soient résidents ou de passage, s’exposent à un risque d’arrestation, de détention arbitraire et de jugement inéquitable en Azerbaïdjan ». Pour jeter le discrédit sur un pays, on ne peut guère faire mieux !

Cet anathème tient son origine de l’arrestation de deux Français à Bakou. Martin Ryan, un brave entrepreneur français installé dans la capitale azerbaïdjanaise, a été piégé par les services secrets français et manipulé afin qu’il se livre à des opérations d’espionnage. Pris sur le fait, Martin Ryan, a été arrêté. Une affaire de bras cassés qui a conduit le Français en prison, et ses commanditaires en France, pour une simple mutation. Bien entendu, les autorités françaises ont nié et accusé l’Azerbaïdjan d’arrestation arbitraire.

LIRE AUSSI : L'ÉTRANGE AFFAIRE MARTIN RYAN


Photographie du graffiti réalisé par le graffeur Théo Clerc, publiée sur le compte X de la journaliste azerbaïdjanaise Ulviyya Ali (Capture d'écran X)

Le second Français est Théo Clerc, un « artiste » urbain français de 38 ans, arrivé en Azerbaïdjan avec deux autres grapheurs, le Néo-Zélandais Ismael De-Saint Quentin et l’Australien Paul Han. Leur exploit a consisté à taguer trois rames de metro. Les photos prises des wagons témoignent de la qualité artistique de l’œuvre… Théo Clerc, en tant que chef de l’expédition et initiateur du projet, a été condamné 12 septembre 2024 à trois ans de prison pour dégradation de bien public. Ses deux amis ont été condamnés à des peines plus légères : 4 000 dollars, couvrant les frais d’effacement de leurs graffitis. Au lieu de s’indigner du comportement de ses ressortissants, la France a préféré protester officiellement contre la sévérité de la sentence…

En somme, les medias mainstream français s’allient pour déverser des calomnies sur l’Azerbaïdjan, espérant sans doute que, selon la formule de Francis Bacon, il en restera toujours quelque chose. Mais pour l’Azerbaïdjan, il y a une bonne nouvelle. Seuls les seniors s’intéressent encore à cette presse « officielle ». La jeunesse française, autrement dit la génération du futur, ne lit plus les journaux et ne regardent plus la télévision. Ils préfèrent s’informer auprès des medias indépendants, sur les réseaux sociaux et sur internet. Et sur ces medias, il existe en France des journalistes et des universitaires de haut niveau, étrangers à la pression des lobbys.

Jean-Michel Brun

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