LA COP29, UNE NOUVELLE OCCASION POUR LE FINANCEMENT DE LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE
Paris / La Gazette
Le financement du climat est devenu un aspect essentiel des efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique. À l'approche de la COP29 à Bakou, les discussions sur cette question devraient porter sur deux éléments importants qui nécessitent l'intégration d'un cadre financier mondial plus large.
Les contraintes budgétaires continuent de peser sur la capacité des États à allouer des ressources au développement et à l'action climatique. Pour faire face à ces contraintes, un cadre efficace de gestion de la dette publique doit être mis en place pour permettre aux pays de mieux faire face aux défis financiers.
En outre, un nouvel objectif de financement de la lutte contre le changement climatique est nécessaire, mais sa mise en œuvre ne sera pas complète sans un soutien accru des banques multilatérales de développement. Ces banques peuvent fournir des financements à long terme et à faible coût, ce qui est essentiel pour la transition vers une économie à faible émission de carbone.
Financement de la lutte contre le changement climatique : sources et instruments
Le financement climatique comprend l'utilisation d'une variété de ressources et d'instruments financiers pour soutenir l'action contre le changement climatique. Ces investissements sont nécessaires pour assurer la transition vers une économie mondiale à faibles émissions de carbone et pour aider les sociétés à s'adapter aux effets du changement climatique. Le financement peut provenir de diverses sources - publiques ou privées, nationales ou internationales, bilatérales ou multilatérales.
Il peut être mis en œuvre par le biais de différents instruments : subventions, dons, obligations vertes, actions, échanges de créances, garanties et prêts à taux réduit. Ces fonds peuvent être utilisés à la fois pour l'atténuation, l'adaptation et le renforcement de la résilience.
Fonds multilatéraux pour les pays en développement
Les pays en développement peuvent accéder à plusieurs fonds multilatéraux, tels que le Fonds vert pour le climat (FVC), le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et le Fonds d'adaptation (FA). Ces instruments ont été créés dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et sont destinés à soutenir les pays à faible revenu dans leurs initiatives en faveur du climat.
Nouvelle initiative de l'Azerbaïdjan : Fonds d'action pour le financement du climat
L'Azerbaïdjan propose à la COP29 de créer un Fonds d'action pour le financement du climat (FAFC) doté d'un milliard de dollars. Ce fonds sera alimenté par les contributions des pays producteurs de combustibles fossiles et des compagnies pétrolières, gazières et charbonnières. L'Azerbaïdjan envisage de devenir l'un des fondateurs du fonds et, à l'heure actuelle, le nombre d'actionnaires comprend dix pays.
Le fonds sera destiné à financer des projets climatiques dans les pays en développement qui ont besoin d'aide pour respecter les engagements nationaux visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. Il s'agira d'un partenariat public-privé qui mobilisera des investissements privés et réduira les risques liés aux projets climatiques.
Points de vue des dirigeants sur la nécessité d'un financement de la lutte contre le changement climatique
L'envoyée spéciale adjointe du président américain pour les affaires climatiques, Sue Biniaz, a déclaré à l'agence de presse Trend dans un entretien exclusif que l'atténuation du changement climatique, l'adaptation et le financement seront une priorité pour les États-Unis lors de la COP29. Mme Biniaz a notamment souligné l'importance de l'événement trilatéral entre les États-Unis, la Chine et l'Azerbaïdjan sur les émissions de gaz non carboniques. Cet événement sera l'un des événements clés du sommet des dirigeants qui se tiendra les deux premiers jours de la COP29.
Mme Biniaz a fait remarquer que l'une des priorités des États-Unis et des autres participants à la COP29 sera les questions inscrites à l'ordre du jour.
"Il s'agit des thèmes obligatoires qui doivent être abordés lors de la COP29. En outre, nous discutons activement de plusieurs autres sujets, que l'on appelle le plan d'action. Ces questions ne sont pas strictement régies par des négociations entre 200 pays. Elles peuvent être discutées au sein de groupes de pays plus restreints ou être annoncées par un ou plusieurs pays. Dans le cadre du plan d'action, l'Azerbaïdjan a ses priorités, et nous participons à certaines d'entre elles ; elles seront nos priorités. Les États-Unis auront également leurs propres priorités pour la COP. Certaines d'entre elles portent sur l'atténuation, d'autres sur l'adaptation et d'autres encore sur le financement. Nous organiserons notamment un événement trilatéral avec la Chine et l'Azerbaïdjan sur les émissions de gaz autres que le carbone. Ce sera l'un des événements de haut niveau des deux premiers jours du sommet des dirigeants. Nous nous concentrons également sur le centre américain. Chaque année, lors de la COP, nous organisons notre propre exposition où nous présentons de nombreuses activités. Cette année, je pense que nous présenterons environ 50 événements organisés par les États-Unis. C'est l'occasion de présenter ce que les États-Unis font au niveau national, ce que font nos gouvernements infranationaux, nos villes et nos États, et ce que nous faisons au niveau international avec d'autres pays", a-t-elle expliqué.
Le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), Fatih Birol, a reconnu dans une interview que le financement de la lutte contre le changement climatique était le "centre névralgique" de toutes les questions liées au climat.
" Cette année, environ 2 000 milliards de dollars seront investis dans le financement des énergies propres dans le monde. Ce n'est pas suffisant, mais c'est encourageant. Toutefois, le problème est qu'environ 85 % de ces 2 000 milliards de dollars sont investis dans les économies développées et en Chine. Seuls 15 % sont investis dans les pays en développement, où vivent plus des deux tiers de la population mondiale. Il s'agit donc d'un problème sérieux. Nous devons mettre au point un mécanisme dans lequel les parties acceptent de garantir le financement de l'énergie propre pour les pays en développement. Si nous n'y parvenons pas, nous n'aurons aucune chance d'atteindre nos objectifs climatiques", a renchéri le directeur exécutif de l'AIE. Il a prédit que les problèmes ne peuvent être résolus en augmentant le financement de la lutte contre le changement climatique dans les seules économies avancées et en Chine. "L'Asie, l'Afrique et l'Amérique latine produisent d'énormes quantités d'émissions. Pour moi, il s'agit donc d'une question cruciale. La COP29 et la COP30 devraient toutes deux se concentrer sur le financement. Je pense qu'en plus de la présidence de la COP29, la présidence brésilienne du G20 cette année devrait s'efforcer d'obtenir les fonds nécessaires pour les pays en développement", a insisté M. Birol.
L'importance du financement de la lutte contre le changement climatique a été illustrée par l'initiative de la COP28, qui a officiellement créé un fonds pour les pertes et dommages afin de soutenir les pays vulnérables qui subissent les effets du changement climatique. Les Émirats arabes unis, l'Allemagne, l'UE, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis se sont déjà engagés à verser des sommes importantes à ce fonds, démontrant ainsi la volonté de la communauté mondiale de s'adapter à l'évolution des conditions climatiques.
Avec la discussion de ces questions lors de la prochaine COP29, le financement sera un facteur clé pour déterminer le succès des efforts futurs en matière de climat, en particulier dans les pays à faible revenu qui sont les plus vulnérables au changement climatique.
