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Paris / La Gazette

La France est un partenaire important de l’Ouzbékistan en Europe, tant dans le domaine de la politique étrangère que dans le domaine de la coopération économique. Actuellement, les relations franco-ouzbèkes se caractérisent par un niveau élevé d’interaction commerciale et économique et un travail conjoint actif pour identifier de nouveaux domaines de partenariat en matière d’investissement.

Les relations diplomatiques entre l’Ouzbékistan et la France ont été établies en février 1992 et, depuis lors, la coopération dans les domaines économique, agricole, scientifique et culturel se développe de manière exponentielle. Les deux pays ont développé en particulier divers formats de contacts bilatéraux, notamment la Commission intergouvernementale (CIG) entre la République d'Ouzbékistan et la République française sur la coopération commerciale et économique. Les dernières réunions de la CIG se sont tenues en organisme en 2021, 2023 et 2024.

Des délégations du « MEDEF International » composées de grandes entreprises françaises telles qu’Airbus, Total Energy, Eiffage Voltalia , EDF, Alstom, Orano , Suez, Société Générale, VEOLIA, Iveco Bus, EDF International Networks, Aéroports de Paris et Egis ont déjà effectué deux visites à Tachkent. Un forum d’affaires avec la participation des entreprises du MEDEF International a eu lieu à Tachkent en janvier de cette année. Un autre forum s’est tenu le 4 juin 2024 à Paris.

Des relations économiques bilatérales en plein essor

La première visite du président de la République d'Ouzbékistan en France a eu lieu les 21 et 22 novembre 2022, et le président de la République française s'est rendu en Ouzbékistan en novembre 2023. À la suite de ces deux visites, des accords commerciaux et économiques substantiels ont été signés. L’un des accords fondamentaux entre les deux dirigeants a été la création de la chambre économique « Ouzbékistan-France », qui a ouvert ses portes à Tachkent en avril 2024.

La Chambre économique ouzbéko-française regroupe actuellement plus de 50 entreprises et entrepreneurs français et ouzbeks, entretient des relations avec les organismes publics des deux pays et les conseille sur les moyens d'améliorer le climat des affaires, tout en protégeant activement les entreprises. Les contacts fructueux et la collaboration à différents niveaux, activement soutenus par les deux pays, portent leurs fruits : une multiplication par 5 des échanges mutuels a été constatée, passant de 280 millions de dollars en 2021 à 1,13 milliards de dollars en 2024, avec des exportations totalisant 795,1 millions de dollars et des importations s'élevant à 336,2 millions de dollars. Les principales catégories de chiffre d'affaires commercial comprennent : Ces échanges sont particulièrement fructueux dans des secteurs comme les produits chimiques, les résines, les jus et extraits végétaux, les services, les équipements mécaniques, les huiles essentielles, la parfumerie, les cosmétiques, les produits alimentaires et les produits pharmaceutiques.

C’est un fait, les milieux d'affaires français ont de plus en plus confiance dans le climat d'investissement créé en Ouzbékistan. Aujourd'hui, 50 entreprises à capitaux français opèrent dans le secteur de la construction et du tourisme, dans le secteur des services et dans l'agriculture en Ouzbékistan, dont 28 joint-ventures et 22 entreprises à capitaux 100% français. Des projets d’investissements et de contrats commerciaux dans des domaines tels que la gestion des ressources en eau, l’énergie, le tourisme, l’agriculture, l’exploitation minière, la construction aéronautique, les transports et autres sont en cours pour un montant de plus de 8,3 milliards de dollars.

La confiance des entreprises françaises en Ouzbékistan s’est d’ailleurs illustrée au cours du troisième Forum international d’investissement de Tachkent en mai 2024 où la plus grande délégation commerciale de l’UE était celle de la France.

Par exemple, la coopération dans le secteur de l’énergie comprend des projets de construction d’une centrale hybride solaire-éolienne selon les principes du PPP dans la région de Boukhara avec Voltalia , ainsi que l’extraction et le traitement de matières premières critiques conjointement avec Orano Mining. Grâce à un investissement français , l’Ouzbékistan a mis en œuvre un projet de centrale solaire photovoltaïque de 100 MW dans la région de Samarkand en coopération avec Total Eren .

Des travaux d'exploration géologique conjoints sont également en cours dans des sites prometteurs d'extraction d'uranium , parallèlement à la construction d'une centrale électrique à cycle combiné au gaz de 1 600 MW dans la région de Syr-Daria . Par exemple, la société française Orano prévoit d'investir jusqu'à 500 millions de dollars dans l'extraction et le traitement de l'uranium en Ouzbékistan .

Dans le domaine du développement des infrastructures, Suez met en œuvre un projet visant à améliorer l’approvisionnement en eau potable dans la région de Surkhandarya , et Eiffage construira la canalisation principale d’eau « Yakkabog -Karshi ». Alstom développe des lignes de tramway modernes à New Tachkent.

Selon Obid Khakimov, directeur du Centre de recherche et de réformes économiques, l’Ouzbékistan souhaite également attirer de grandes marques de mode françaises telles que Chanel, Louis Vuitton et Kiabi pour établir des installations de production locales et passer des commandes de fabrication en Ouzbékistan . En outre, il existe des opportunités de collaboration entre le Technoparc textile d'Ouzbékistan , l' École nationale d'ingénierie textile (ENSAIT) et le Laboratoire de recherche textile Gemtex . Une nouvelle forme de coopération économique entre l’Ouzbékistan et la France pourrait également impliquer des partenariats industriels avec des entreprises françaises telles que Michelin, SNF Floerger , Imerys et Eramet .

Dans le domaine du tourisme, L'Ouzbékistan, pays au potentiel touristique immense et carrefour historique de la Grande Route de la Soie , continue d'attirer un nombre croissant de touristes européens, Français en particulier. Au cours des deux dernières années, le nombre de touristes français visitant l'Ouzbékistan a atteint près de 20 000 personnes par an. Ce flux est appelé à encore augmenter. Le groupe Montagne et Neige Développement (MND) travaille activement à la promotion du projet d'une station toutes saisons : la station de ski de Chimgan .

Un partenariat global avec Airbus est en cours de mise en œuvre, comprenant la coopération avec des universités spécialisées en Ouzbékistan, la formation avancée du corps enseignant dans les centres de formation d'Airbus Beyond et de l'École nationale de l'aviation civile française (ENAC), l'interaction avec l' Agence Uzbekcosmos , ainsi que la fourniture et le soutien technique d'avions civils, d'hélicoptères médicaux et d'autres équipements.

Une coopération étroite dans le domaine de l’agriculture

La coopération économique entre les deux pays est particulièrement intense en matière d’agriculture. En 2024, le volume des échanges commerciaux de produits agricoles et alimentaires entre l’Ouzbékistan et la France a atteint 59,9 millions de dollars. Les exportations ouzbèkes représentaient 4,4 millions de dollars, tandis que les importations françaises s’élevaient à 55,5 millions de dollars. Par rapport à 2023, une croissance stable est observée, puisque l’année précédente, le volume des échanges bilatéraux s’élevait à 41,1 millions de dollars, avec des exportations de 2,2 millions de dollars et des importations de 38,8 millions de dollars.

En 2023, les principales exportations de l’Ouzbékistan vers la France comprenaient des fruits et légumes transformés (3,5 millions de dollars), du raisin (0,8 million de dollars) et des fruits et légumes secs (42 300 dollars). En retour, l’Ouzbékistan a importé de France des produits de confiserie (18 millions de dollars), des produits laitiers (10,5 millions de dollars), des semences (6 millions de dollars), des produits alcoolisés et du tabac (2,7 millions de dollars), des aliments pour animaux (1,7 million de dollars) et des produits avicoles (1,4 million de dollars).

D’année en année, les partenariats commerciaux et économiques entre les deux pays continuent de se renforcer. Le secteur agricole demeure d’ailleurs un pilier stratégique pour l’Ouzbékistan, représentant 28 % de son PIB, tandis que la France occupe une position de leader parmi les nations européennes en matière de production agricole, selon Eurostat.

La coopération agricole entre l’Ouzbékistan et la France se développe sur la base de la “Déclaration conjointe sur le développement futur de la coopération dans l’agriculture”, signée le 21 janvier 2023 entre le Ministère de l’Agriculture de la République d’Ouzbékistan et le Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire de France. Ce partenariat couvre un large éventail de domaines, notamment la sécurité alimentaire, l’élevage, la quarantaine des plantes, l’agrologistique et le commerce. Une attention particulière est accordée au développement de la coopération dans le secteur de l’élevage.

L’Ouzbékistan et la France ont intensifié leur coopération afin d’élargir les échanges mutuels de produits vétérinaires et sanitaires. Dans le cadre des accords conclus avec le Ministère de l’Agriculture français, des certificats vétérinaires ont été approuvés pour l’exportation de bovins, canards, autruches, poules domestiques et leurs poussins d’un jour, ainsi que de semence bovine.

89 entreprises françaises ont été inscrites au registre des organisations et des personnes impliquées dans la production, la transformation et le stockage des produits importés en République d’Ouzbékistan, sous le contrôle des services vétérinaires d’État.

Les produits actuellement importés de France vers l’Ouzbékistan et soumis au contrôle vétérinaire d’État sont les suivants :

• Bovins et petits ruminants,
• Produits avicoles (viande de volaille, œufs à couver, poussins d’un jour),
• Produits carnés et laitiers emballés,
• Aliments pour animaux et additifs alimentaires,
• Semence de taureaux reproducteurs et autres produits connexes.

Un autre domaine important de coopération bilatérale est le développement d’un partenariat dans la quarantaine et la protection des plantes. Dans ce contexte, l’Ouzbékistan et la France collaborent activement dans le cadre de la Convention internationale pour la protection des végétaux (CIPV) et de l’Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP), ce qui permet d’améliorer le contrôle phytosanitaire et de renforcer la sécurité alimentaire.

Actuellement, de larges opportunités s’offrent à l’exportation de tous types de produits fruitiers et légumiers de l’Ouzbékistan vers la France. Pour cela, il est nécessaire de fournir un certificat phytosanitaire délivré par un organisme agréé.

Afin de maximiser ce potentiel, un accord a été signé pour allouer à l’Ouzbékistan 1 200 m² d’espace d’exposition lors du salon international SIAL, qui se tiendra à Paris en 2026. Cette superficie d’exposition est 12 fois plus grande que celle accordée en 2024, ce qui permettra de présenter largement aux consommateurs français la riche diversité des produits fruitiers et légumiers ouzbeks.

Par ailleurs, des négociations sont en cours avec l’Association des importateurs français pour organiser en juin 2025 la foire commerciale “Produits d’Ouzbékistan” sur le marché de Rungis.

Un aspect clé de la coopération bilatérale est l’engagement avec l’Agence Française de Développement (AFD). Dans le cadre de son soutien à la modernisation et à la diversification de l’agriculture ouzbèke, l’agence a mis en place une ligne de crédit destinée au financement du développement durable du secteur agricole. À cette fin, le 13 janvier 2022, le Président de la République d’Ouzbékistan a publié le Décret n° PD-84, intitulé “Sur les mesures pour la mise en œuvre du projet de financement du développement durable de l’élevage”. Conformément à ce document, l’Agence Française de Développement (AFD) met en œuvre, en partenariat avec l’Ouzbékistan, le projet “Financement du développement durable de l’élevage”, avec un budget total de 100 millions d’euros. Dans le cadre du projet, 100 millions d’euros de prêts préférentiels ont été alloués, dont 88 millions d’euros ont déjà été utilisés. D’ici la fin de 2025, il est prévu de débloquer les 20,3 millions d’euros restants, garantissant ainsi l’atteinte des objectifs fixés et le développement continu du secteur.

Par ailleurs, une attention particulière est accordée à la coopération scientifique et à la recherche dans le cadre des partenariats intergouvernementaux. Une collaboration a été établie avec des institutions françaises de premier plan, notamment INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement), CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), L’Université de Bordeaux et L’Institut Vétérinaire Français.

Le renforcement de la coopération dans le domaine de l’éducation agricole est également prévu. En particulier, l’Université agricole d’État de Tachkent participera à des programmes de formation de spécialistes hautement qualifiés, ce qui contribuera à l’introduction de méthodes d’enseignement

Les prochaines négociations au programme de la visite officielle de cette semaine devraient apporter une contribution significative au renforcement de la coopération agricole entre l’Ouzbékistan et la France. Lors des discussions, il est prévu d’aborder l’expansion de la production et de l’exportation de fruits, légumes et légumineuses adaptés aux conditions climatiques de l’Ouzbékistan, le développement de la production de semences, ainsi que l’organisation de la production et de l’approvisionnement en machines agricoles. L’Ouzbékistan prévoit par ailleurs prévoit d’augmenter les exportations de produits frais et secs issus des fruits et légumes, tandis que la France souhaite élargir ses exportations de produits agroalimentaires transformés, notamment l’huile de tournesol, le ketchup et d’autres produits.

Un autre domaine de coopération prometteur est le renforcement des liens avec les entreprises françaises spécialisées dans la production laitière et agroalimentaire, ainsi que le développement de partenariats dans la viticulture et la vinification. L’Ouzbékistan a pris l’initiative de créer un groupe de travail entre les ministères concernés des deux pays afin d’explorer les axes prometteurs de coopération dans le développement du secteur agro-industriel. Cette démarche confirme l’ouverture de l’Ouzbékistan aux entreprises françaises et aux partenariats d’investissement.

Des liens culturels renforcés

Les liens d’amitié entre la France et l’Ouzbékistan ont des racines historiques profondes. Elles remontent au début du XIVe siècle, lorsque le fondateur de l'Empire timouride, Amir Temur, plus connu ici sous le nom de Timour ou Tamerlan, et le roi Charles VI ont jeté les bases d’un partenariat, en luttant pour le libre-échange. La correspondance conservée dans les archives des deux parties témoigne de la volonté des dirigeants de renforcer les relations politiques. Amir Temur, soutenant la politique orientale de Charles VI, a souligné l'importance du développement des liens commerciaux et du soutien mutuel des marchands, en notant : « Le monde prospère grâce aux marchands ». À cette époque, des artisans français ont façonné une statuette en or d’Amir Temur gravée de l’inscription «Sauveur de l’Europe». Pendant ce temps, les Ouzbeks désignaient traditionnellement les nations européennes par le terme farang, signifiant «Français». La grande estime pour la maîtrise architecturale et l’artisanat se reflète dans l’expression ustasi farang (maître français). Cette tradition perdure encore aujourd’hui : en Ouzbékistan, un expert dans son domaine est souvent appelé un «élève du Français».

Ces racines historiques ont jeté les bases solides d’un dialogue moderne, qui a acquis une dynamique particulière avec l’élection de Shavkat Mirziyoyev à la tête de l’État. Celui-ci a d’ailleurs effectué sa première visite européenne en France.

Parallèlement aux sommets des chefs d’État, des rencontres entre les chefs des ministères des Affaires étrangères et des parlements des deux pays ont lieu régulièrement. Le « Groupe d’amitié Ouzbékistan-France » au sein de l’ Oliy Majlis de la République d’Ouzbékistan est un instrument important de la coopération interparlementaire. Au Sénat français existe un groupe interparlementaire « France-Asie centrale », et à l’Assemblée nationale, un groupe d’amitié « France-Asie centrale ». Cette interaction multiforme contribue à renforcer le dialogue politique.

La langue française est activement étudiée dans le pays, avec plus de 189 900 élèves dans les écoles et universités qui l'apprennent. Les centres culturels, sous l’égide de l'Alliance française, jouent un rôle clé dans le développement des relations entre les pays. Les monuments d'Abou Ali Ibn Sino et de Mirzo Ulugbek installés en France soulignent le respect et l'intérêt pour le patrimoine historique de la région dans ce pays. La coopération est également renforcée grâce à des projets communs, tels que le « jardin ouzbek » ouvert dans le parc central de la ville de Rueil-Malmaison et dans le jardin botanique de Toulouse.

Une étape importante dans le renforcement des liens bilatéraux a été la tenue à Paris d'importantes expositions consacrées à l'art et à l'histoire de la république. En 2022-2023, une série d'événements a été organisée, notamment les expositions « Les splendeurs des oasis d'Ouzbékistan » au musée du Louvre, « La route de Samarkand. Miracles de la soie et de l'or » à l'Institut du monde arabe et « Abu Rayhan Beruni : voyages géographiques et intellectuels » au siège de l'UNESCO à Paris. Non seulement elles révèlent la richesse du patrimoine historique de l'Asie centrale, mais contribuent également au renforcement de la compréhension mutuelle entre les peuples d'Ouzbékistan et de France.

En résumé, note Chérif Akhmedov,Chercheur en chef à l'Institut de recherche stratégique et interrégionale auprès du Président de la République d'Ouzbékistan, « on peut dire que les relations franco-ouzbèkes connaissent une renaissance. La politique étrangère ouverte et pragmatique de Tachkent, visant à élargir l'implication des partenaires internationaux dans la coopération en Ouzbékistan et dans la région de l'Asie centrale, crée des conditions favorables pour élever les relations avec la France à un niveau qualitativement nouveau. »