Lagazette

Paris / La Gazette

Dans une interview accordée au journal Ana tili (Langue Maternelle), le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, a fait plusieurs déclarations politiques significatives, dont certaines revêtent une importance considérable pour le développement futur de l'Organisation des États turciques (OTS) et les relations entre l'Asie centrale et l'Azerbaïdjan (en tant que région géopolitique unifiée).

En se concentrant sur le renforcement du potentiel économique, de la souveraineté et de la stature internationale du Kazakhstan comme ses objectifs principaux, le président Tokayev a décrit les pays membres de l'Organisation des États turciques (OTS) comme "nos importants partenaires géopolitiques." Il a particulièrement souligné les liens étroits établis entre les institutions éducatives et académiques, ainsi que l'intelligentsia créative de ces nations. Naturellement, M. Tokayev a également souligné le renforcement significatif des relations commerciales entre les membres de l'OTS, notant qu'en 2024, le volume du commerce mutuel a dépassé 45 milliards de dollars.

Concernant la mise en œuvre de la Route internationale de transport transcaspienne (Corridor central), le président kazakh a souligné l'importance de renforcer la coopération dans les domaines de l'énergie, de l'industrie, de la numérisation et d'autres secteurs. Il a également affirmé le soutien d'Astana à toutes les initiatives constructives visant à favoriser une plus grande unité au sein du monde turcique.

Dans l'ensemble, les remarques du président Tokayev sont une continuation logique des positions qu'il a articulées l'année dernière lors du sommet informel de l'OTS à Choucha et du 11e sommet de l'organisation à Bichkek. Plus précisément, à Choucha, il a reconnu que "notre force réside dans l'unité" et, à la lumière de l'effondrement de "l'architecture de sécurité mondiale", il a insisté sur la nécessité de renforcer davantage le statut de l'OTS. Cela inclut l'augmentation du transport de fret avec les États membres et d'autres pays.

À l'époque, M. Tokayev a souligné la coopération étroite entre Astana et Bakou dans l'exploitation de la plateforme numérique multimodale Digital Trade Corridor. Il a noté que l'intégration des administrations ferroviaires des deux pays avait conduit à une augmentation de près de 70 % des volumes de fret le long du Corridor médian. De plus, il a abordé le sujet de la pose d'un câble à fibre optique le long du fond marin de la mer Caspienne.

Concernant le développement de l'OTS, la "Déclaration de Karabakh" adoptée à Choucha a dépeint le monde turcique comme une famille fondée sur des racines ethniques, une histoire, une langue, une culture, des traditions et des valeurs communes des peuples turciques. Il a réaffirmé un engagement envers les principes de paix, de sécurité, de stabilité, de développement et de prospérité dans la région et au-delà.

Cette formulation s'inspire clairement de l'idée exprimée par le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev lors de son discours inaugural en février 2024, où il a souligné l'OTS comme une organisation internationale principale, en déclarant : "C'est notre famille. Nous n'avons pas d'autre famille. Notre famille est le monde turcique".

Par la suite, le président Aliyev a souligné l'importance d'une position unifiée parmi les États turciques face aux défis géopolitiques, les exhortant à agir comme une "force unifiée".

S'appuyant sur ces idées, lors du 11e Sommet de l'OTS à Bichkek, Kassym-Jomart Tokayev a souligné la montée en puissance de l'organisation sur la scène mondiale, qu'il a attribuée à "notre unité et notre solidarité indéfectibles." Il a également décrit l'adoption d'un alphabet turcique unifié comme une étape historique et a souligné le travail efficace du Fonds d'Investissement Turcique.

De plus, M. Tokayev a proposé l'idée d'un accord pour assurer le développement durable du transport de fret le long du Corridor médian. Il a en outre souligné l'importance d'utiliser efficacement les ressources humaines des États membres de l'OTS pour "moderniser la civilisation turcique."

Conformément à cette vision, il a proposé d'établir une diffusion mutuelle des chaînes de télévision par câble afin de créer un espace d'information unifié pour le monde turcique.

Dans le contexte du sommet de Bichkek, il est important de souligner une initiative de Bakou officiel de fournir 2 millions de dollars de soutien financier au Secrétariat de l'OTS. Lors du même événement, le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, en abordant les menaces croissantes à l'échelle mondiale, a particulièrement insisté sur la coopération dans les domaines de la défense, de la sécurité et de l'industrie de la défense, soulignant l'importance des exercices militaires impliquant les forces armées des États membres de l'OTS.

Ainsi, l'orientation turcique exprimée dans l'interview du président Tokayev a démontré une fois de plus que l'OTS est en train de devenir un acteur géopolitique tangible sur la scène internationale.

En même temps, le Président du Kazakhstan a abordé le rôle des puissances intermédiaires, y compris son propre pays. Selon M. Tokayev, ce statut exige avant tout un comportement responsable sur la scène mondiale et une approche constructive pour aborder les questions pressantes de notre époque. Dans cette optique, Astana soutient constamment les Nations Unies en tant que "maison commune de toute l'humanité", tout en reconnaissant la paralysie du Conseil de sécurité de l'ONU.

M. Tokayev a également insisté sur le potentiel des puissances intermédiaires à "jouer un rôle vital dans la surmontée de la crise de confiance internationale et du déficit de leadership mondial responsable." Il a soutenu que les puissances intermédiaires, grâce à des efforts collectifs, "peuvent construire de nouveaux ponts durables entre les pôles géopolitiques conflictuels", contribuant ainsi à réduire les niveaux de confrontation mondiale.

Notamment, la position de M. Tokayev s'aligne étroitement avec celle de Bakou. L'Azerbaïdjan est également reconnu mondialement comme une "puissance intermédiaire" qui mène une politique étrangère réussie, promeut des valeurs favorisant la paix et le développement durable, et apporte des contributions significatives à la sécurité et à la stabilité internationales. De plus, l'Azerbaïdjan joue un rôle crucial dans la sécurité énergétique régionale et européenne ainsi que dans le développement durable grâce à la mise en œuvre de projets régionaux d'énergie et d'infrastructure réussis.

Il y a seulement deux semaines, le président Ilham Aliyev a souligné le potentiel de l'Azerbaïdjan pour contribuer à apaiser les tensions internationales. Il a attribué cela aux caractéristiques uniques de la politique étrangère du pays, qui permettent à l'Azerbaïdjan d'être perçu comme un acteur géopolitique indépendant tant par l'Occident que par l'Orient.

Cet alignement démontre clairement dans quelle mesure Astana et Bakou partagent des positions communes dans tous les domaines clés des affaires internationales. Un exemple frappant de cela a été l'approbation par M. Tokayev de la décision d'Astana d'envoyer les enregistreurs de vol d'un avion, en route de Bakou à Grozny, qui a été pris sous le feu dans l'espace aérien russe à la fin de 2024, au Brésil (le fabricant de l'avion). M; Tokayev a décrit cela comme "la seule décision correcte pour garantir une enquête objective et impartiale."

Ce qui précède nécessite peu de commentaires supplémentaires. Il suffit de souligner le vaste potentiel de l'OTS. Au milieu des turbulences géopolitiques que le monde traverse actuellement, l'organisation a une opportunité unique de s'affirmer plus nettement sur la scène mondiale—particulièrement en incluant des puissances intermédiaires telles que le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan parmi ses membres.