LE CHEF DE L'ONU ESTIME QUE LA TERRE SE TROUVE DANS UNE "ÈRE D'ÉBULLITION MONDIALE" ET APPELLE À UNE ACTION RADICALE
Paris / La Gazette
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a plaidé jeudi en faveur d'une action radicale et immédiate contre le changement climatique, déclarant que les températures record du mois de juillet montrent que la Terre est passée d'une phase de réchauffement à une « ère d'ébullition mondiale ».
Une vague de chaleur torride balaie l'hémisphère nord, y compris certaines parties de l'Europe et des Amériques, avec des températures record déclenchant des incendies de forêt dévastateurs dans des pays tels que la Grèce, l'Italie et l'Algérie, le long de la Méditerranée.
S'exprimant à New York, M. Guterres a qualifié la chaleur intense qui sévit dans l'hémisphère nord d'« été cruel ».
« Pour l'ensemble de la planète, c'est un désastre », a-t-il estimé, notant qu'« à moins d'un mini-âge glaciaire dans les prochains jours, juillet 2023 battra des records dans tous les domaines ».
« Le changement climatique est là. Il est terrifiant. Et ce n'est que le début. L'ère du réchauffement climatique est terminée ; l'ère de l'ébullition mondiale est arrivée ».
Selon les données ERA5 du Copernicus Climate Change Service (Service de surveillance du climat de l'Union européenne), les trois premières semaines de juillet ont été les plus chaudes jamais enregistrées et le mois est en passe de devenir le mois de juillet le plus chaud et le mois le plus chaud jamais enregistré.
Les données complètes de l'ERA5 pour le mois de juillet seront disponibles et publiées le 8 août.
Le mois le plus chaud jamais enregistré est juillet 2019.
Alors que de larges pans des États-Unis sont confrontés à une vague de chaleur record, le président Joe Biden a qualifié jeudi de « menace existentielle » la hausse des températures due au changement climatique.
« Je ne pense pas que quiconque puisse encore nier l'impact du changement climatique », a-t-il déclaré à la Maison Blanche.
Les effets extrêmes du changement climatique sont conformes aux « prévisions et aux avertissements répétés » des scientifiques, a insisté M. Guterres, ajoutant que « la seule surprise est la rapidité du changement ».
Face aux conséquences « tragiques », il a réitéré son appel à une action rapide et de grande envergure, en s'en prenant une nouvelle fois au secteur des combustibles fossiles.
« L'air est irrespirable. La chaleur est insupportable. Et le niveau des profits tirés des combustibles fossiles et l'inaction en matière de climat sont inacceptables », a déploré M. Guterres.
« Les dirigeants doivent prendre les devants », a-t-il ajouté. « Finies les hésitations. Finies les excuses. Fini d'attendre que les autres agissent en premier ».
Avant le sommet sur l'ambition climatique qu'il doit accueillir en septembre, M. Guterres a appelé les pays développés à s'engager à atteindre la neutralité carbone à une date aussi proche que possible de 2040 et, pour les économies émergentes, à une date aussi proche que possible de 2050.
La « destruction » déclenchée par l'humanité « ne doit pas inspirer le désespoir, mais l'action », a-t-il martelé, avertissant que pour éviter les pires résultats, l'humanité « transformer une année de chaleur brûlante en une année d'ambition brûlante ».
Les températures ont battu des records en Chine, aux États-Unis et dans le sud de l'Europe, provoquant des incendies de forêt, des pénuries d'eau et une augmentation des maladies et des hospitalisations liées à la chaleur.
Sur l'île italienne de Sicile, deux personnes ont été retrouvées mortes mardi dans une maison brûlée par un incendie de forêt qui a entraîné la fermeture temporaire de l'aéroport international de Palerme, selon les médias italiens.
Au moins 34 personnes sont mortes en Algérie et des milliers de personnes ont été évacuées dans certaines parties de l'Europe en raison de la vague de chaleur intense qui s'est propagée dans de vastes zones de la Méditerranée et d'autres régions.
En Grèce, les incendies qui brûlent sur l'île de Rhodes depuis une semaine ont contraint les autorités à procéder à l'évacuation la plus importante jamais entreprise dans le pays, avec plus de 20 000 personnes forcées de quitter leurs maisons et leurs hôtels.
