LA MENACE EXISTENTIELLE DU RÉGIME IRANIEN À L'ÉGARD DE L'AZERBAÏDJAN ET VICE-VERSA
Paris / La Gazette
Le 1er décembre 2022, il est devenu officiellement reconnu que les casques bleus russes ont laissé passer une équipe de renseignement iranienne vers le territoire qui est temporairement sous le contrôle russe dans la région économique du Karabakh en Azerbaïdjan.
Les services secrets azerbaïdjanais ont publié par différents canaux le nom de l'équipe composée de 12 personnes et appartenant aux forces des gardiens de la révolution iranienne. Ils ont également informé le public azerbaïdjanais que cette équipe avait été envoyée par l'Iran dans le cadre d'une nouvelle stratégie que le régime iranien a décidé d'appliquer à l'Azerbaïdjan, la stratégie de la "terreur cachée".
Selon les messages qui apparaissent sur les canaux télégrammes azerbaïdjanais spécialisés ayant des liens avec les services secrets de la République d'Azerbaïdjan, l'équipe a été envoyée afin de délivrer des informations et de fournir une instruction à la population séparatiste du Karabakh.
La liste des instructeurs iraniens est la suivante :
▪️ Mohmadi Wahab Mehrali ;
▪️ Heidari Abdullah Allah Ram ;
▪️ Mohmadi Dariush Avaz ;
▪️ Amiritolmarani Elsa Mohammad ;
▪️ Salahshuri Douraki Farzad Nader ;
▪️ Mohmadi Aref Hossain ;
▪️ Almasian Nejad Ebrahim Mohammad ;
▪️ Mohmadi Abdullah Mehr Ali ;
▪️ Mohmadi Nasrol Mehr Ali ;
▪️ Safari Hossein Khatam ;
▪️ Kuravand Takht Sabzi Ali Shir Hossain ;
▪️ Mohmadi Omid Mehr Ali ;
▪️ Mohammadi Mokhtar Bar Ahmad ;
▪️ Salakhshuri Douraki Keramat Nader
La voiture qui a été utilisée par le groupe iranien était une camionnette Mercedes portant le numéro de plaque 34 QA 444.
Cela fait suite à une déclaration faite par M. Shadlinsky, premier chef adjoint du Service de sécurité de l'État azerbaïdjanais (DTX), selon lequel l'Iran est devenu imprévisible et a augmenté ses activités dans la région, principalement contre l'Azerbaïdjan. "Les services spéciaux iraniens mènent activement des activités de reconnaissance et de subversion contre l'Azerbaïdjan", a-t-il déclaré
Dans un autre document confidentiel de l'IRGC publié par le groupe de hackers Black Reward lors d'un piratage de l'agence de presse Fars, l'Azerbaïdjan et la Turquie sont décrits comme des forces hostiles à l'Iran. L'Arménie est considérée comme" un allié stratégique, mais faible et agité"
On peut imputer cela à la faiblesse massive de la Fédération de Russie qui vend sa propre économie et ses intérêts géopolitiques d'abord pour des pièces détachées chinoises pour l'armement et maintenant pour des drones iraniens de basse qualité, mais c'est un sujet qui nécessite une analyse beaucoup plus profonde car la chute du soi-disant "Empire russe" est rapide et sans égal.
Le principal intérêt que représente cette affaire pour les observateurs est la façon dont l'Iran a accumule des ennemis dans toute la région.
"L'Azerbaïdjan est la principale menace pour l'Iran, où vit une partie importante des Azerbaïdjanais. Il faut comprendre que l'Iran s'en inquiète beaucoup, mais, curieusement, finance l'Arménie. Et après avoir vu les drones iraniens bombarder les villes ukrainiennes, nous ne devrions pas avoir à choisir ou même à y penser. Nous devons soutenir l'Azerbaïdjan" (Député du peuple du parti ukrainien "Serviteur du peuple").
S'il est évident que la Turquie et surtout Israël et l'Arabie Saoudite sont depuis longtemps un casse-tête et un repoussoir pour le régime iranien, l'ajout d'une autre menace et d'un autre ennemi pour l'Iran en la personne de l'Azerbaïdjan peut devenir problématique.
Pendant longtemps, l'Azerbaïdjan a été un "ennemi dormant" pour la mollacratie iranienne mais toutes les divergences et les rancœurs semblent se réveiller. Des deux côtés.
Alors qu'il reproche à l'Azerbaïdjan de s'aligner et de se rapprocher chaque année davantage du "régime sioniste" d'Israël, ainsi que de menacer de couper le lien entre l'Iran et l'Arménie en créant le corridor de Zangezour, l'Iran affiche désormais sa crainte que l'Azerbaïdjan puisse utiliser la minorité azérie en Iran comme une carte pouvant être jouée contre l'Iran à tout moment.
L'Azerbaïdjan reproche à l'Iran son hypocrisie constante vis-à-vis de son "soutien" à l'intégrité territoriale des territoires azerbaïdjanais en relation avec le Karabakh, qui s'est manifesté depuis les années 90 lorsque l'Iran a envoyé des armes, des instructeurs, ainsi que des officiers des services secrets afin de fournir une logistique et une instruction militaire à l'Arménie pendant la première guerre du Karabakh.
Le gouvernement et le public azerbaïdjanais se montrent également las des menaces et des insultes constantes des médias et même des politiciens iraniens, ce qui conduit à un jeu à somme nulle en termes de relations entre les deux pays. Le mauvais traitement infligé à la minorité azérie en Iran, l'impossibilité pour les Azerbaïdjanais d'Iran d'apprendre leur langue dans des écoles spécialisées, alors que cette option est préservée pour les Arméniens, les Géorgiens et les Kurdes, ajoutent également aux l'exaspération des azéris.
Bien que l'on ne sache pas jusqu'où ira la relation entre l'Azerbaïdjan et l'Iran, il est particulièrement curieux de voir comment la France et l'Iran, ainsi que la Russie, ont aligné leurs intérêts dans la région en se faisant le fer de lance du récit arménien, alors que, de l'autre côté, se forme un triangle Ukraine-Turquie-Israël. Il est à craindre que le fossé entre ces blocs ne soit amené à s'agrandir.
